20. Chez Rogue

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Rogue ouvrit la porte de sa maison, d'un geste brusque mais sans violence. L'endroit était sombre et austère, tout comme on pouvait s'y attendre. Les murs étaient recouverts de tapisseries sombres, et l'air semblait figé dans une odeur de vieilles pages et de potions. Félix entra à pas hésitants, jetant des coups d'œil prudents autour de lui. Ce n'était pas un endroit accueillant, mais cela restait infiniment mieux que l'orphelinat.

— Pose ton sac ici, ordonna Rogue d'un ton sec, indiquant une petite table dans le hall.

Félix obéit sans un mot, déposant sa malle usée avec un léger bruit sourd. Il se tenait droit, les épaules tendues, observant Rogue d'un regard mi-curieux, mi-soupçonneux. Il n'avait jamais imaginé se retrouver ici, dans la maison de son professeur de potions. Il ne savait pas quoi penser, mais il n'était pas vraiment à l'aise.

Rogue referma la porte derrière eux, et l'obscurité sembla s'épaissir encore davantage autour d'eux. Un silence pesant s'installa, seulement interrompu par les pas de Rogue qui se dirigea vers une petite table sur laquelle reposait une vieille lampe à huile. Il l'alluma d'un coup de baguette, projetant une faible lueur autour de la pièce.

— Assieds-toi, Félix, dit-il d'une voix plus douce, mais ferme. Nous devons soigner ces blessures.

Félix se mordit la lèvre, hésitant un instant. Il savait que Rogue avait raison, mais il n'aimait pas l'idée de se montrer vulnérable, même devant lui. Il croisa les bras, comme pour se protéger, et secoua la tête.

— C'est rien, murmura-t-il. J'ai pas besoin de soins... Ça va passer tout seul.

Rogue leva les yeux au ciel, réprimant un soupir. Il savait que Félix ne voulait pas montrer sa douleur, qu'il préférait tout garder pour lui, mais il ne pouvait pas laisser passer ça. Les blessures du garçon n'étaient pas seulement physiques ; elles étaient le signe d'un problème plus profond, un problème qu'il ne pouvait ignorer.

— Félix, insista Rogue, plus fermement cette fois. Je comprends que tu n'aimes pas ça, mais tu n'as pas le choix. Il faut que je vérifie l'état de tes blessures. Tu as été frappé plusieurs fois... et ce n'est pas en ignorant la douleur que cela va guérir.

Félix fronça les sourcils, son regard devenant plus sombre.

— Je veux pas qu'on me touche, grogna-t-il. Je peux me débrouiller tout seul... j'ai toujours fait comme ça.

Rogue sentit une pointe de frustration monter en lui, mais il garda son calme. Il s'approcha de Félix, s'accroupissant légèrement pour être à sa hauteur.

— Écoute-moi, Ashstone, dit-il doucement, mais avec une autorité indéniable. Ce n'est pas une question de te débrouiller seul. Je suis ici pour t'aider... et pour m'assurer que tu ne souffres pas plus que tu ne le dois. Je sais que tu es fort, mais accepter de l'aide ne te rend pas faible. Cela montre simplement que tu es assez intelligent pour savoir quand tu as besoin de quelqu'un.

Félix détourna le regard, les lèvres serrées. Il savait que Rogue avait raison, mais il n'arrivait pas à s'y résoudre. Accepter de se faire soigner, c'était admettre qu'il avait été faible, qu'il n'avait pas réussi à se défendre... qu'il avait encore échoué à se protéger.

Rogue observa le garçon, voyant les doutes et la résistance dans son regard. Il savait qu'il devait trouver un moyen de le convaincre, de l'amadouer.

— Je ne suis pas là pour te juger, Félix, dit-il plus doucement. Je sais que ce que tu as vécu cet été a été difficile... et tu n'as pas à tout affronter seul. Alors, laisse-moi faire mon travail. Juste cette fois.

Il marqua une pause, puis ajouta avec un léger sourire.

— Et si tu n'aimes pas ça, tu pourras toujours m'en vouloir ensuite.

Le Phénix NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant