17. Dans la Nébuleuse

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La lumière filtrée par les grandes fenêtres de l'infirmerie jetait des reflets argentés sur le sol froid, créant des ombres dansantes qui semblaient mimer une présence inquiétante. Le silence était presque absolu, seulement brisé par le bourdonnement discret des sortilèges de protection et de soin qui enveloppaient le lit de Félix. L'air semblait plus lourd, imprégné d'une tension palpable.

Félix, allongé sur le lit, respirait à peine. Son visage, pâle et couvert d'un voile de sueur, était marqué par la fatigue et la douleur. Ses veines, habituellement à peine visibles, étaient noircies, comme si la Macula continuait de se frayer un chemin sous sa peau, même en état d'inconscience. Le garçon n'avait pas bougé depuis deux jours. Son corps semblait aussi fragile qu'un oiseau blessé, un enfant perdu dans une lutte invisible.

À ses côtés, assis sur une chaise rigide, Rogue observait chaque mouvement imperceptible du torse de Félix qui se soulevait et s'abaissait faiblement. Ses traits habituellement durs et sévères étaient marqués par une fatigue évidente, une ombre d'inquiétude dans ses yeux sombres. Ses doigts tapotaient le bras de la chaise, trahissant sa nervosité. Il n'avait presque pas quitté ce poste depuis que Félix était tombé dans le coma, guettant le moindre signe d'amélioration... ou de dégradation.

Dumbledore se tenait à quelques pas de là, ses yeux bleu perçant observant la scène avec une inquiétude bien visible. Son habituel air jovial avait disparu, remplacé par un sérieux inhabituel. Il s'approcha lentement, son regard se posant sur le visage de Rogue, avant de glisser vers Félix, dont l'état empirait de jour en jour.

— Comment va-t-il, Severus ? demanda doucement Dumbledore, d'une voix calme mais teintée d'une gravité rare.

Rogue leva les yeux vers le directeur, ses traits crispés, presque épuisés.

— Pas bien, Albus, répondit-il d'une voix basse, presque rauque. Son état s'aggrave. La Macula est... plus forte que jamais.

Il jeta un coup d'œil à Félix, son regard devenant plus sombre.

— Elle se nourrit de lui... de ses émotions, ajouta-t-il. Je pensais que nos leçons d'Occlumancie l'aideraient à contrôler cette... chose, mais je crains que cela ne suffise pas. Pas avec ce qu'il vient de revivre.

Dumbledore resta silencieux un moment, ses sourcils froncés sous le poids de la réflexion. Il savait que la situation de Félix était critique, bien plus complexe que ce qu'ils avaient imaginé. La Macula n'était pas seulement une malédiction ; elle semblait vivante, intelligente, capable de réagir aux émotions de son hôte d'une manière imprévisible et dangereuse.

— La Macula est une malédiction ancienne, un fléau que peu de sorciers ont jamais réussi à contenir, murmura Dumbledore, son regard toujours fixé sur Félix. Elle se nourrit du désespoir et de la peur... et parfois de la colère. Et le jeune Félix a connu bien trop de ces émotions en peu de temps.

Rogue acquiesça lentement, ses doigts toujours nerveux sur le bois de la chaise. Il connaissait la théorie, mais il voyait aussi la réalité : Félix était un enfant, seul et terrifié par ce qu'il ne pouvait pas comprendre. Et ce n'était pas en l'exposant encore et encore à ses pires souvenirs qu'ils allaient parvenir à le sauver.

— Albus, il faut faire quelque chose, murmura Rogue d'une voix tendue. Ce garçon ne tiendra pas encore longtemps. S'il reste ainsi, il...

Il s'interrompit, incapable de terminer sa phrase. Le mot "mourir" semblait trop lourd, trop final, même pour lui. Dumbledore posa une main réconfortante sur l'épaule de Rogue, ses yeux se plissant derrière ses lunettes en demi-lune.

— Je sais, Severus, répondit doucement Dumbledore. Je sais.

Il se tourna vers Félix, son expression se durcissant légèrement, comme s'il avait pris une décision importante.

Le Phénix NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant