19. Le Départ Amer

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Félix était seul dans le dortoir des garçons de Serpentard, assis sur son lit défait. La malle posée à ses pieds était ouverte, vide, les vêtements éparpillés autour comme s'ils avaient été abandonnés au milieu d'une tentative de rangement avortée. Il n'avait pas la moindre envie de s'occuper de ça. Il était resté là, immobile, les bras croisés sur sa poitrine, fixant distraitement un point invisible au plafond.

Autour de lui, l'ambiance était à l'euphorie. Dans les couloirs, des rires résonnaient. Les élèves couraient dans tous les sens, heureux à l'idée de rentrer chez eux pour les vacances d'été. Certains criaient déjà des au revoir à travers le château, d'autres faisaient des plans pour se retrouver dans le monde des sorciers. Des adieux bruyants, des promesses enthousiastes, tout cela semblait flotter dans l'air lourd de l'été qui approchait.

Mais Félix ne partageait pas cette excitation. Pour lui, les vacances d'été n'avaient jamais été synonymes de joie ou de retrouvailles. Il n'avait pas de maison où rentrer, pas de famille à retrouver avec impatience. Son regard erra sur le dortoir, sur les lits parfaitement faits de ses camarades, déjà prêts pour le départ du lendemain. Il savait que d'ici quelques heures, ils seraient tous partis, laissant le château vide et silencieux.

Il soupira, un soupir long et résigné. Il n'avait rien à faire de particulier, personne à qui dire au revoir, et il se sentait étrangement détaché de l'agitation qui régnait autour de lui. La seule chose qui l'attendait pour cet été, c'était l'orphelinat. Un retour à une vie où il n'était qu'un garçon parmi tant d'autres, où personne ne l'attendait vraiment.

— Pourquoi se presser ? murmura-t-il pour lui-même, presque sarcastiquement.

Il n'avait pas fait sa malle. À quoi bon, de toute façon ? Il n'était pas pressé de retrouver cet endroit. Il aurait préféré rester à Poudlard, même si cela signifiait passer l'été à suivre des cours d'été ou aider Rusard à récurer les couloirs poussiéreux du château.

Un bruit dans le couloir le fit sursauter. C'était Flint, accompagné de plusieurs autres garçons de l'équipe de Quidditch. Ils riaient, visiblement ravis de retrouver leurs familles. Flint passa la tête dans l'encadrement de la porte.

— Hé, Ash ! lança-t-il joyeusement. T'as pas encore fait ta valise ? Qu'est-ce que tu fabriques ? Les vacances commencent demain, gamin !

Félix se força à sourire, mais c'était plus un rictus qu'autre chose.

— Ouais, j'y vais, répondit-il, essayant de paraître indifférent. Je prends mon temps.

Flint le fixa un instant, son sourire se figeant légèrement. Il avait toujours eu du mal à comprendre ce gamin, ce qu'il avait dans la tête. Mais il n'insista pas. Il se contenta de hausser les épaules et de rejoindre les autres dans le couloir.

— Bon, fais pas trop traîner, hein ! On se revoit à la rentrée, dit-il d'un ton plus léger avant de s'éloigner.

Félix les regarda partir, son sourire forcé disparaissant aussitôt. La porte se referma doucement, le laissant seul à nouveau dans ce grand dortoir. Le silence retomba brusquement, aussi lourd que les pensées qui tournaient dans son esprit. Il se laissa retomber en arrière, ses épaules s'enfonçant dans les oreillers de son lit.

La vérité, c'était qu'il ne savait pas vraiment pourquoi il traînait. Peut-être que s'il prenait tout son temps, il pourrait rester ici un peu plus longtemps, éviter l'inévitable retour à la réalité. L'idée de retourner à l'orphelinat, d'être à nouveau ce "petit rat", ce garçon solitaire qu'on regardait à peine, lui nouait l'estomac.

Il fixa le plafond, cherchant à se vider l'esprit. Ses pensées allaient et venaient, flottant entre la fin de l'année scolaire et l'idée de passer tout un été sans balai, sans terrain de Quidditch, sans professeurs pour le bousculer, sans le château.

Le Phénix NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant