La voie du sang [EN COURS]

Chapitre XIV : Sang pour sang

⚠️ TW : Deuil, Violence, Self-harm

La cause des éclairs qui zébraient le ciel ne m'était pas inconnue. Loin de là. Plus nous approchions de leur source, plus il devenait difficile d'ignorer l'atmosphère changeante des lieux. Ménès me tenait par le coude alors que nous nous hâtions.

L'Okhenrhun était silencieux. Pas un bruissement ou un clapotis suspect en vue. Juste le vacarme assourdissant du tonnerre. Le temps faisait écho à une émotion que j'exécrais.

La colère.

Elle transpirait par tous les pores de la forêt. L'air était humide laissant une fine pellicule poisseuse sur la peau. Même sans ça, cela ne m'aurait pas empêché de transpirer à grosses gouttes. J'étais tendue comme un arc prêt à se rompre.

Au bout de quelques minutes, des voix nous parvinrent depuis l'ancien emplacement de notre campement.

Je me crispais.

Sans que je ne m'en rende compte, j'avais ralenti le pas. Un bref coup d'œil m'apprit que les autres nous avait dépassés. Pour ne pas perdre plus de temps, Ménès me traina dans son sillage.

Mon cœur battait si fort dans ma poitrine que j'étais certaine qu'il allait s'en échapper. L'estomac dans la gorge, j'avais envie de vomir. Les mains tremblantes, je saisis la manche de Ménès comme si ma vie en dépendait.

Le regard en coin qu'elle me lança en disait long. Parfois mille mots ne permettaient pas de transmettre le message qu'un seul regard pouvait.

Elle tira de nouveau sur mon coude, m'exhortant de la suivre. Les épaules voutées en avant, je lui emboitais le pas. Le brouhaha devant nous devenait de plus en plus audible à mesure que nous nous approchions.

— CHAN ! Pour l'amour du Ciel, tu vas te calmer, oui ! Tu vas finir par nous faire rôtir comme des poulets! cria une voix qui semblait féminine à mes oreilles.

La tête baissée, je souris tristement. Je n'avais aucune idée de ce que j'allais bien pouvoir lui dire qu'il ne savait déjà. Quoi, désolée d'avoir tué ton petit frère ? Pour ce qu'il en avait à faire de mes excuses... Ce qui comptait était qu'il n'était plus là et que j'étais à l'origine de cette tragédie.

Le vacarme redoubla lorsque nous passions la rivière. On avait presque l'impression qu'ils se battaient. Des respirations haletantes, des cris et des froissements de tissus.

Au moment où mes yeux se posèrent sur lui, je vis passer un fantôme.

Il ressemblait à son frère comme deux gouttes d'eau. De longs cheveux noirs, des yeux bruns bridés et une corpulence en embonpoint. Tout me le rappelait.

Mes paupières me piquaient lorsque je rompais le contact visuel.

Il s'était immobilisé sur place, Kal et Selys le maintenaient au sol par les deux bras. La douleur dans son regard me donna un haut le cœur. Le blanc de ses yeux était injecté de sang.

Un éclair tomba à quelques mètres seulement de là où nous nous tenions.

Pendant un moment, il resta immobile. Ses émotions prenant le pas sur sa capacité à réagir. Et d'un coup, il s'arcbouta si violemment que ses deux camarades furent projetés en arrière. Il se releva précipitamment, les mains tremblantes de rage.

— Pourquoi êtes-vous encore en vie ?, cracha-t-il entre ses dents.

Je me figeais sur place. Ménès raffermit sa poigne sur mon coude Le reste de mon escouade s'était positionné derrière moi. Je donnais un petit coup de coude à Ménès afin qu'elle lâche prise.. Je sentis son regard appuyé mais je gardais les yeux fixés sur mes pieds. Elle recula, me laissant seule face à mon passé.