Chapitre 12.

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Kana cligna des yeux deux fois, face à la boîte qui l'attendait sur son lit, le soir même.

Une simple boîte rectangulaire dans laquelle elle trouva une tenue tout à fait décente : un pantalon noir cintré et un chemisier blanc. C'était ce qu'Ilgog lui avait choisi pour leur « rencard » qui n'en était pas vraiment un.

Parce que c'était une mission. Se montrer pour attirer l'attention de son violeur et se venger. Il y avait un million de raisons pour lesquels ce plan pouvait mal tourner.

Cette tenue en faisait partie.

Elle ne pouvait pas mettre ça. Pas... alors qu'elle voulait se faire passer pour la conquête d'Ilgog. Oh, la tenue était très jolie... mais très discrète aussi. Tout à fait à son goût – il était loin, le temps où elle portait des robes au volant coloré de jaune, de rouge et de bleu – mais pas adapté à sa mission.

Il allait falloir qu'elle y remédie.

Quelques heures plus tard, Kana ajusta nerveusement le col de son vêtement, son cœur tambourinant dans sa poitrine comme un mauvais présage. Chaque pas vers l'endroit où Ilgog l'attendait semblait la rapprocher un peu plus du gouffre qu'elle s'efforçait d'éviter depuis des mois.

— Un rencard ? se répéta-t-elle pour la énième fois, incrédule.

Comment diable en étaient-ils arrivés là ? Elle avait beau retourner la situation dans sa tête, aucune issue ne semblait satisfaisante. La peur rampait le long de sa colonne vertébrale, plus insidieuse à chaque seconde qui passait. Ilgog, appuyé contre le mur de la ruelle, à l'arrière du restaurant, la fixa d'un regard indéchiffrable. S'il pensait quoi que ce soit de la robe rouge et indécente qu'elle avait enfilée au lieu de la tenue qu'il lui avait fourni, il n'en laissa rien paraître. Tant mieux, elle n'aurait pas supporté le moindre compliment, alors qu'elle se sentait nue et vulnérable.

— On y va ? demanda-t-il, sa voix douce en contraste frappant avec l'orage intérieur qui grondait en elle.

Elle hocha la tête, mais n'accepta pas le bras qu'il lui tendait, elle ne demanda pas non plus où il l'emmenait. Elle préférait ne pas savoir.

Le silence pesait lourdement dans l'air alors que Kana et Ilgog traversaient la rue principale, l'atmosphère de la ville étrangement oppressante.

Reste calme, se répétait-elle intérieurement, tentant de contrôler la montée de panique qui menaçait de la submerger. Le plan d'Ilgog lui retournait l'estomac, mais elle ne pouvait se permettre de faiblir. Pas maintenant. Pas alors que Sir Réginald devait payer.

— Tu fais vraiment confiance à ce plan ? lança-t-elle à mi-voix, espérant trouver une faille.

Ilgog lui jeta un regard en coin, un sourire amusé se dessinant sur ses lèvres.

— Je te l'ai dit, trésor, jamais je ne laisserai ce monstre t'approcher.

Kana pinça les lèvres, encore une fois, il l'avait parfaitement cerné, et ça l'énervait.

— Ce n'était pas ma question, grommela-t-elle.

Il laissa passer un temps.

— Si j'avais eu d'autres idées, nous ne ferions pas ça, admit-il.

Kana lui jeta un regard. Elle ne s'était pas attendue à ce qu'il avoue ne pas savoir comment régler son problème. Ilgog semblait toujours avoir tellement de ressource... Sir Reginald n'en était que plus dangereux.

Avec un petit soupire, elle tendit la main pour finalement prendre son bras.

— Très bien, Ilgog, murmura-t-elle, expose-moi comme un trophée, et voyons quel genre de poisson on attrape.

Proie et Prédateur - La Vipère et le RatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant