Chapitre 2.

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Elle avait bien failli le tuer, cette fois. Ilgog l'avait échappé belle, et il le savait parfaitement. Putain, il savait que fréquenter son prédateur naturel était une idée de merde, de base. Ses souris n'avaient eu de cesse de le lui répéter. Il fallait croire qu'il aimait le danger, après tout, il flirtait avec le mort depuis sa naissance. Voir Kana tous les soirs avait quelque chose de rafraîchissant, cependant.

Ilgog attrapa le bras de Kady, sa meilleure serveuse et accessoirement, la manageuse quand il n'était pas là.

— Il y a eu un incident il y a peut-être une heure, tu sais quoi ?

Ilgog ne plaisantait pas quand il disait qu'il découvrirait ce qui s'était passé, il était à la tête de la plus grande organisation lucrative d'information. Il savait quasiment en temps réel ce qu'il se passait à l'autre bout de la ville. Être à la tête de la plus grande nichée de souris et de rats de la ville, c'était vraiment pratique. Il n'existait pas un endroit où ses petites souris ne pouvaient pas se faufiler pour lui ramener toute sorte d'information, parfois au péril de leur vie.

Kady fronça les sourcils.

— Quel type ?

Le genre qui mettrait Kana en mode survie dans la réserve, songea-t-il.

— Le genre sexuellement agressif, dit-il.

Il n'avait pas l'intention de révéler que Kana était instable. Kady désapprouvait qu'il ait engagé une vipère, même si elle avait une dette envers eux. Ilgog se demandait ce qu'elle dirait en apprenant qu'en plus, il la désirait. Elle lui dirait sans doute que c'était une mauvaise idée, pour tout un tas de raison, même en dehors du fait qu'elle pouvait le tuer d'une morsure venimeuse, Kana était instable, blessée, et il doutait qu'elle ne veuille jamais frayer avec un homme un jour. Sa souris avait raison...

Heureusement, Ilgog n'avait aucun conseil à prendre de cette gamine. Kady n'avait que vingt ans, il l'avait sauvée de deux changelins chats qui jouaient trop violemment avec elle dans une ruelle sordide, quand elle avait six ans. Orpheline, il l'avait recueilli et élevé comme sa fille, même s'il n'avait eu que seize ans à l'époque, et qu'il n'était rien.

Kady fit la gueule en parcourant la salle du regard, s'attarda quelques secondes sur la place libre près de la porte, de façon assez significative pour que Ilgog le remarque, puis désigna un homme.

— Lui.

Elle avait l'air sûre d'elle. L'homme en question devait avoir dans la quarantaine, barbe mal taillée poivre et sel, qui riait grassement avec deux autres hommes et en était encore au plat de résistance. Le rat plissa les yeux, cherchant à voir ce que Kady avait remarqué chez lui, et qui le désignait coupable.

— Les souris l'évitent quand elles se déplacent dans la salle, et il regarde avec insistance l'arrière de leur jupe, expliqua Kady avant de faire signe à une serveuse qui s'approcha.

— Oui ? demanda Constance.

— L'homme là-bas, il y a un problème avec lui ?

Constance baissa les yeux l'air embarrassé.

— Il n'arrête pas de faire des sous-entendus graveleux sur la longueur de nos jupes, et il a mis une main aux fesses à Kana tout à l'heure.

Ilgog sentit une bouffée de rage le prendre à la gorge et il serra les poings.

— Pourquoi tu n'en à pas parlé ?

Constance prit un air affolé.

— Kana m'a ordonné de me taire, quand je suis allé la voir pour savoir si ça allait, puis elle est partie comme une furie...

Proie et Prédateur - La Vipère et le RatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant