Chapitre 9.

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— Qu'est-ce que ça me coûterait ?

Ilgog ne rendait pas de service gratuit. Jamais. Il comprenait l'air méfiant de Kana, il avait passé les deux derniers mois à prétendre lui rajouter des heures chaque fois qu'il faisait quelque chose pour elle. Il comprenait sa méfiance, et il ne pouvait pas soudain faire comme s'il lui rendrait des services gratuits. D'ailleurs, il ne faisait pas ça, d'habitude.

Alors pourquoi diable avait-il proposé à Kana de retrouver ceux qui lui avaient échappé ? Merde, cette femme lui faisait faire n'importe quoi. Mais quand elle s'était confiée... ça l'avait mis tellement en colère d'imaginer que certains de ses violeurs s'en étaient allés impunément !

La bonne blague, c'était qu'il commençait à se comporter comme un bon samaritain !

Et il était probable que tenir son long corps souple entre ses bras tout en s'assurant qu'elle ne se rendait pas compte de l'effet qu'elle lui faisait l'enverrait tout droit en enfer. Il ne voyait pas Kana comme une victime, plutôt une survivante, comme lui, ce qui était très attirant, mais il avait quand même assez de bon sens pour savoir qu'elle n'était pas prête à renouer avec les hommes. Si seulement son pénis voulait bien le comprendre aussi, parce que, lui, il était super partant pour jouer avec Kana.

Idiot, songea-t-il.

— Je suis sûr que je trouverais une utilité à employer une vipère pour autre chose que le service de table.

Il haussa les épaules et contourna le bar pour qu'elle ne remarque pas son... gros problème d'érection. Elle se mordilla la lèvre inférieure et il serra les dents. Nan, mais elle le faisait exprès ? Il réajusta son pantalon en faisant comme s'il se fichait de sa réponse.

— Pourquoi tu ferais ça ?

Parce que ce sont des violeurs, ils méritent l'extermination, parce qu'ils t'ont touché, parce qu'ils vivent tranquillement leur vie et continuent à sévir, songea-t-il.

— Parce qu'avoir une vipère sous ma coupe plutôt que susceptible de me trahir est une bonne idée ?

La vulnérabilité de Kana disparut, remplacer par des flammes dans ses yeux. Magnifique.

— Les proies prennent vraiment leur aise, siffla-t-elle apparemment furieuse.

Elle contourna le comptoir, lentement, et il se figea espérant qu'elle ne baisse pas les yeux. Elle essayait d'avoir l'air intimidante, et elle y arrivait bien, mais merde, ça ne la rendait que plus attirante. Belle, dangereuse, Kana était une femme parfaite.

Elle posa sa main sur son torse et il s'efforça de ne pas tressaillit quand elle enfonça ses ongles dans sa peau.

— Je ne suis pas une de tes petites souris à ta botte, Ilgog, tu ne me contrôles pas, je te déconseille d'essayer il me serait aisé de ne faire qu'une bouchée de toi.

C'est une menace, rappela Ilgog à son sexe qui tressauta à l'image de Kana, à genoux devant lui, alors que ce n'était très clairement pas à ça qu'elle pensait. Contrôlant sa respiration, malgré son cœur qui battait trop fort face à l'afflux d'adrénaline, Ilgog se pencha vers elle jusqu'à ce que leur nez se touche. Kana ne recula pas, sa courageuse petite vipère !

— Loin de moi l'idée de contrôler ta fougue, trésor, chuchota-t-il.

Il tendit la main pour lui effleurer la mâchoire des doigts et cette fois-ci il ne s'en priva pas, il avait gagné le droit de toucher Kana, aussi longtemps qu'elle le laisserait faire. Le souffle de la vipère se coupa et il s'en délecta, elle n'était pas aussi indifférente qu'elle le prétendait, il y avait une femme forte sous la douleur et la violence, il fallait juste aller la chercher.

— Mais je ne suis pas un homme bien, je ne te conseillerais pas d'aller parler à un psy pour que tu puisses faire semblant d'aller bien, comme si tu allais oublier ce que tu as vécu. Moi, tout ce que j'ai à t'offrir, c'est la vengeance, l'assurance qu'il ne recommencera plus jamais...

Puis il fit quelque chose d'encore plus stupide : il se pencha à son oreille. Le mouvement offrait sa gorge à Kana, si elle voulait le tuer, elle pourrait le faire sans peine. À cette distance, il pouvait distinguer toutes les odeurs qu'elle portait, et dessous, la sienne propre, sa signature, sauvage, fatale, empoissonnée, ça n'aurait pas dû l'attirer autant. Il pouvait aussi sentir ses cheveux lui effleurer les lèvres, il mourrait d'envie de la presser contre lui pour lui embrasser la gorge et tirer ses cheveux bruns en arrière. Mais ce serait dépasser les bornes.

— Ce n'est pas moi qui laisse des violeurs en liberté alors qu'on m'offre la possibilité d'agir.

C'était un coup bas de bâtard, et il le savait. On ne réglait pas un problème en culpabilisant les victimes, mais Ilgog savait que Kana pouvait encaisser ce type de pique. Elle avait du répondant. Et lui, il ne répondrait plus de rien s'il n'arrivait pas à la convaincre de lui donner les informations qui lui permettraient de mettre la main sur les enfoirés qui lui avait fait du mal.

Kana s'était totalement figé, et lui aussi. Ilgog était surpris d'être encore en vie, mais reconnaissant. Elle ne l'avait pas tué sur le coup, peut être qu'elle le trouvait utile et qu'elle l'aimait bien, finalement. Elle se recula lentement pour le regarder dans les yeux et il sut qu'il avait gagné.

— Je crois que tu es suicidaire, murmura-t-elle.

— Je crois que tu m'apprécies trop pour me tuer, rétorqua-t-il.

Elle plissa les yeux.

— Ne compte pas trop là-dessus, tu risquerais d'avoir une mauvaise surprise.

Il se contenta de sourire et elle ferma doucement les yeux.

— Sir Réginald de Montfort, dit-elle avant de lui tourner le dos pour remettre le comptoir entre eux. Il y en a que trois, qui m'ont échappé, deux soldats, je ne sais pas s'ils sont encore en vie après qu'on se soit enfui, et un humain noble, de la pire espèce. Je ne connaissais pas les noms des deux soldats, ils étaient plus intelligents que les autres, mais Sir Réginald de Montfort aimait se vanter, il voulait que je sache qui était mon maître.

Ce Sir Réginald de Montfort mourrait très lentement, décida Ilgog.

— Entendu.

Puis il alla jusqu'à sa chambre en veillant à lui tourner le dos pour s'habiller. Il avait un empire de l'information à faire tourner, des secrets à récolter et des messages à faire passer, il ne pouvait pas badiner toute la journée avec une vipère, aussi séduisante soit-elle.

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C'est qu'il joue avec le feu, notre Ilgog !

Un véritable miracle qu'il soit encore en vie à la fin de ce chapitre, c'est moi qui le dit, heureusement le scénario ne prévoir pas sa mort... enfin pour l'instant.

J'espère que ce chapitre vous a plus !

Et je vous dis à la semaine prochaine !

Kiss


Proie et Prédateur - La Vipère et le RatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant