𝐔𝐧𝐞 𝐣𝐮𝐬𝐭𝐢𝐜𝐞 𝐫𝐞𝐧𝐝𝐮𝐞 || ʲᵃᵉʰᵃᵉʳᵃ ˣ ᵃᵉᵍᵒⁿ ° ʲᵃᵉʰᵃᵉʳʸˢ ˣ ᵛⁱˢᵉʳʸˢ

Prologue

— Réveillez-le ! ordonna Alyn Velaryon.

Immédiatement, l'un des matelots souleva un seau en bois et jeta son contenu sur le visage du jeune prince, affalé et endormi devant eux.

L'eau fit l'effet d'une gifle sur Viserys, qui sortit brusquement de ses rêveries en toussant et en reprenant bruyamment son souffle.

Même ruisselant, les yeux rouges et fatigués, il conservait son port altier, tel le preux chevalier d'une tapisserie ancienne.

C'est le prince Viserys, ça ne fait aucun doute, pensa Alyn Velaryon, maître des navires.

Le jeune Targaryen tenta de reprendre ses esprits, observant par la même occasion les entrailles du navire qui ressemblaient à celles d'une baleine. Le plafond était bas. Il n'y avait aucune fenêtre.

La pénombre régnait encore à l'extérieur, mais le prince n'aurait pu le deviner. Il ignorait même depuis combien de temps il se trouvait ici.

Il cligna des yeux, gêné par ses mèches argentées qui, dégoulinantes d'eau, lui retombaient dans les yeux.

C'est quand le maître des navires s'approcha davantage, il vit nettement se refléter dans les pupilles de Viserys, l'horreur qui le saisit quand il se rendit compte qu'il était encore en vie.

Puis son regard s'adoucit lorsqu'il détailla Alyn, comprenant qu'il n'était pas un ennemi, mais bien un allié.

— Prince Viserys Targaryen, pardonnez-nous pour cette... "approche", mais nous n'avions pas d'autre choix. Nous devions savoir si ce que le maître des chuchoteurs avait entendu était vrai ou non... Et vous voilà, bien en vie, à Lys, sur le continent d'Essos... Cela relève presque du miracle.

— Ramenez-moi à Port-Réal, répondit simplement le prince.

La voix de Viserys était rocailleuse, comme si rester ici pouvait le brûler, comme si Lys était un endroit à fuir au plus vite.

— Bien... Comme vous le désirez, mon prince.

D'un ton calme et sec, il ordonna alors à ses matelots de déplier les voiles et de remonter l'ancre.

— Vous allez rejoindre votre frère, le roi Aegon III.

Cette phrase semblait d'une telle évidence, et pourtant elle suffit à détendre le Targaryen, qui se leva enfin pour sortir sur le pont.

Ça y est, se dit l'argenté en observant la ville de Lys s'éloigner. Je vais rentrer chez moi.

À suivre...