𝐔𝐧𝐞 𝐣𝐮𝐬𝐭𝐢𝐜𝐞 𝐫𝐞𝐧𝐝𝐮𝐞 || ʲᵃᵉʰᵃᵉʳᵃ ˣ ᵃᵉᵍᵒⁿ ° ʲᵃᵉʰᵃᵉʳʸˢ ˣ ᵛⁱˢᵉʳʸˢ

Chapitre 8 : Une flamme ardente

Sous les voûtes imposantes de la salle du banquet, Jaehaera Targaryen venait de terminer sa danse.

Son souffle était à peine audible alors que les dernières notes de la harpe s'éteignaient doucement, laissant place à une nouvelle mélodie plus enjouée.

Les invités, charmés par la performance du couple royal, se levèrent de leurs sièges pour rejoindre la piste de danse, échangeant rires et sourires.

Jaehaera, quant à elle, envisageait déjà de retourner à la table d'honneur, ses pas la dirigeant vers l'estrade où trônait l’imposant siège du roi.

Pourtant, un détail retint soudain son attention...

Elle sentit une pression ferme et douce à la fois sur sa taille, une main familière, mais inattendue. Elle baissa légèrement les yeux et reconnut immédiatement la main d'Aegon, qui ne semblait pas décidé à la relâcher.

Il se tenait si proche d'elle que la reine ne pouvait distinguer son visage, seulement la large encolure brodée de son manteau royal, ornée de dragons dorés. Sa poitrine se soulevait doucement au rythme de sa respiration, et elle sentit la chaleur qui émanait de son corps, troublante et incongrue en cette nuit de festivités.

Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais à cet instant, une ombre familière traversa leur champ de vision.

Jaehaerys, son frère jumeau, se faufila discrètement entre les danseurs.

Le regard doux mais déterminé, il lui fit un signe de tête en direction du balcon, où il allait chercher un peu de calme à l'écart de l'agitation.

Le souffle de la nuit serait sûrement plus clément là-bas, loin de la chaleur étouffante de la salle.

Jaehaera ressentit un vif désir de le suivre, de fuir cet instant troublant, mais la main du roi l’en empêchait, comme une ancre la retenant prisonnière.

Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était observer son frère s’éloigner, son cœur se serrant d’un sentiment qu’elle ne parvenait pas à définir.

— Aegon ? souffla-t-elle finalement, sa voix à peine plus qu’un murmure.

L'effet fut immédiat. Comme s'il venait de sortir d'un rêve, le roi relâcha brusquement sa prise, sa main retombant à ses côtés.

Confus, comme s'il venait de se rappeler où il était et qui il était. Il se racla la gorge.

— Revenons à table... Dit-t-il d'une voix grave, presque éteinte. Ce n’était pas un ordre, bien au contraire. Cela ressemblait plus à une supplique qu'à une demande.

Il lui offrit son bras, un geste formel, et Jaehaera, bien que troublée, n’eut d’autre choix que de l’accepter, sentant le poids des regards qui les observaient à chaque pas.

— Vous semblez être ailleurs...

Jaehaera scruta le visage impassible de son époux alors qu'il avançait à ses côtés à travers la salle.

La remarque avait été lancée avec une légère inquiétude, mais Aegon Targaryen demeura parfaitement neutre, ses traits impassibles.

Ce n'est qu'une fois qu'ils prirent place à la table royale que ses lèvres, jusqu'alors scellées, se détendirent enfin.

— Je repensais à ce que vous m'avez dit l'autre jour...

Il fit rouler sa coupe de vin entre ses doigts, l'obscurité du liquide reflétant les lueurs vacillantes des bougies sur la table.

Ses yeux se posèrent alors sur Jaehaera, remplis d'une détermination calme.

— Je sais ce que j'ai à faire. Mais j'ai besoin de vous... De vous et de votre frère.

Les paroles du roi étaient à la fois une révélation et une récompense pour Jaehaera.

Ce qu'elle percevait comme un tournant déterminant était la confirmation qu'elle n'était pas simplement une figure décorative dans la vie du roi, mais une alliée essentielle.

D'un geste mesuré, elle tendit ses mains vers lui, les enlaçant délicatement dans les siennes.

Le geste était audacieux et risqué ; il aurait pu réagir comme il l'avait fait avec Daenaera Velaryon, en repoussant le contact.

Mais cette fois, Aegon, visiblement apaisé, accepta la prise de sa reine.

Ce moment était crucial pour Jaehaera, une confirmation tacite de sa place auprès du roi.

Elle pouvait le toucher, et aucune d'autre femme en avait le droit.

Pour une raison qu'elle ne pouvait expliquer, le roi laissa ses doigts caressais les siens, lui permettant d'explorer les contours de ses faiblesses, les zones d'ombre de son pouvoir.

La reine sentit alors son cœur se serrer en repensant à la conversation qu'elle avait eue avec son frère dans le carrosse royal.

Elle savait que c'était peut-être naïf, mais au fond d'elle, elle espérait secrètement sceller un lien d'exclusivité avec son mari, un lien qui ne serait jamais brisé.

— Je suis votre reine... À jamais.

À ces mots, Jaehaera perçut dans les yeux d’Aegon une flamme ardente qu’elle n’avait jamais vue auparavant.

Elle était si intense qu’elle semblait capable de consumer tout sur son passage, et elle se demanda si elle serait capable de la brûler, elle.

Aegon était déterminé à revendiquer son trône et ses droits, et rien ni personne ne l’arrêterait.

À suivre...