𝐔𝐧𝐞 𝐣𝐮𝐬𝐭𝐢𝐜𝐞 𝐫𝐞𝐧𝐝𝐮𝐞 || ʲᵃᵉʰᵃᵉʳᵃ ˣ ᵃᵉᵍᵒⁿ ° ʲᵃᵉʰᵃᵉʳʸˢ ˣ ᵛⁱˢᵉʳʸˢ

Chapitre 1 : La chute d'une reine

L'an 133.

Debout sur un tabouret, qui permettait aux servantes de l'habiller, la reine Jaehaera se tenait droite, observant du coin de l'œil des oiseaux qui s'étaient posés au bord de la fenêtre.

Sa beauté n'avait rien de lumineux. Elle était glaciale, presque intemporelle, comme si son visage allait rester figé dans le temps.

Autour d'elle, le silence s'étirait, comme si son simple souffle dictait le rythme du monde. Elle n'avait pas besoin de mots pour se faire entendre ; son aura suffisait. Dans son immobilité, elle régnait déjà, telle une impératrice calculant ses prochaines conquêtes, implacable et assurée.

Aujourd'hui, la reine allait enfin voir son mari. Une nouvelle rencontre allait avoir lieu, la première depuis que les Stark les avaient laissés à la merci des régents.

Aegon III refusait qu'on le touche. Dans ces conditions, les régents avaient décidé de mettre la reine à l'écart, le plus loin possible du roi, diminuant d'autant plus le peu de pouvoir qu'elle pouvait exercer.

Alors que Jaehaera venait de poser pied à terre, elle s'interrogeait : devait-elle se réjouir que son époux daigne enfin s'intéresser à elle ? Ou cette rencontre ne ferait-elle que susciter de nouveaux problèmes, plus graves encore ?

Les servantes l'avaient vêtue de vert, une couleur qui, en ces temps troublés, pouvait être perçue comme un signe d'irrespect, compte tenu des événements qui s'étaient produits. Et pourtant, Jaehaera portait cette tenue avec une élégance indéniable.

Personne ne savait vraiment si ce choix vestimentaire était un acte de provocation ou un geste symbolisant la réconciliation entre les factions des Noirs et des Verts.

Accompagnée de ses suivantes, elle se dirigea vers les jardins royaux.

La reine marchait anormalement vite, révélant pour la première fois aux yeux de tous une anxiété qu'elle peinait à dissimuler.

Les suivantes, remarquant son trouble, s'arrêtèrent en silence, la laissant poursuivre seule sur le chemin. Elles comprirent qu'elle devait affronter cette épreuve sans elles. « Elle doit y aller seule », se répétèrent ces femmes, qui avaient passé leur vie entière aux côtés de la reine.

Lorsque Jaehaera s'aperçut qu'elle était enfin hors de la vue de tous, elle s'arrêta et s'appuya contre la rambarde de pierre du Donjon Rouge. Son souffle commença à se calmer, son pouls retrouva peu à peu un rythme normal. Elle se redressa, observant les alentours avec attention.

En contrebas, elle distinguait les piques acérées qui protégeaient la citadelle de Maegor. Un frisson la traversa. Elle déglutit, le regard fixé sur ces pointes menaçantes, avant de reculer lentement.

Le malaise s'installa en elle, une peur sourde la saisit.

Elle avait l'impression d'être observée, sentant une présence derrière elle. Brusquement, elle se retourna.

Face à elle se tenait un garde. L'homme, un brun aux traits sévères, avait levé la main en sa direction, comme s'il s'apprêtait à commettre un acte irréparable. Surpris par son propre geste ou par l'expression de la reine, il recula maladroitement, se racla la gorge et baissa la main.

- Le roi vous attend, dit-il d'une voix rauque.

Jaehaera le scruta de haut en bas, une méfiance grandissante dans le regard, avant de se déplacer lentement le long du mur pour contourner le garde.

Quelque chose clochait.

Tout cela semblait si étrangement bien ficelé.

Pourquoi le roi désirait-il la voir soudainement ?

Pourquoi se retrouvait-elle seule, sans protection, sur les remparts ?

Et d'où ce garde était-il apparu, si furtivement ?

L'inquiétude la rongeait. Mais elle n'avait pas le choix. Elle devait avancer... Peut-être que tout cela n'était que son imagination et que les piques l'avaient troublée.

S'imaginer tomber et se faire empaler était un sentiment terriblement angoissant.

Mais si...

Si cela ne venait pas d'elle, et que cet homme avait tenté de...

Jaehaera secoua la tête, essayant de chasser ses sombres pensées. Elle devait se concentrer sur une seule chose.

Aegon. Se répéta-t-elle presque militairement en avançant dans les jardins royaux, la tête haute, les mains jointes.

- Vous voilà...

À suivre...