CHAPITRE 9 : Entre désirs et frustrations

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IBRAHIM

En me réveillant, je trouve ma femme dans le couloir, en train de laver une montagne de linge. Elle s'active avec tant d'ardeur que j'ai peur qu'elle se blesse avec le bébé.

« Il est 7h, je peux savoir ce que tu fais là, à laver ces habits ? D'où viennent-ils d'ailleurs ? » l'interpellai-je.

« Tu m'as dit de faire quelque chose de ma vie. Eh bien, c'est ce que je suis en train de faire. J'ai proposé mes services de lessive et de repassage aux voisins et je dois coûte que coûte terminer avant l'après-midi. Au moins, je pourrai subvenir à mes besoins, étant donné que j'ai un mari qui ne me sert pas à grand-chose », répondit-elle sur un ton très désagréable.

« Tu peux faire tout ce que tu veux, mais pas quand tu portes mon enfant. Tu ne vois pas que ce que tu fais peut être dangereux pour le bébé ? Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi, sérieux ! » dis-je en lui arrachant des mains un vêtement qu'elle frottait énergiquement.

« Ce qui ne tourne pas rond chez moi, c'est ce que tu veux savoir ? En fait, rien ne va. Je suis enceinte, tu devrais au moins me donner de l'argent de poche pour subvenir à mes besoins, mais quand je te demande de l'argent, tu m'ignores ou me fais tourner en rond comme si dépenser pour ta propre femme était un gâchis. Je suis fatiguée d'être traitée comme une moins que rien dans cette maison... », lâcha-t-elle, le visage renfrogné.

Je l'aide à se relever de son banc et lui fais une requête : « Bon, calme-toi. Je vais faire tout ce que tu voudras, mais d'abord, laisse tomber tout ça et rends-leur leurs fringues. Je ne sais même pas comment ils ont pu accepter les services d'une femme enceinte. Ils n'ont aucun bon sens, ces gens-là. »

Elle me repousse avec répulsion et se plonge dans une sorte de rétrospection. « Je sais que tu ne feras rien. Ce ne sont que des paroles en l'air comme d'habitude. J'étais bien chez moi, et pas mal d'hommes me couraient après, tous avec de bonnes situations économiques. Pourquoi ai-je dû te choisir, toi ? »

Je la prends dans mes bras et l'embrasse sur le front. « C'est simple, tu m'aimes, moi, pas eux. »

Attendrie par mon geste, elle objecte tout en retenant un sourire : « Eh bien, j'aurais mieux fait de ne pas écouter mon cœur. »

« Hé, chérie, tu sais toi-même que c'est du n'importe quoi, ce que tu dis là. Arrête de résister, avoue juste que tu es dingue de moi, comme je le suis de toi. D'ailleurs, pour me racheter, quand je rentrerai du travail, on fera une sortie ensemble, là où tu voudras. Promis », lui fis-je la promesse.

Finalement, ses petits yeux s'effacent dans un sourire ravi. J'aime beaucoup Ndèye, mais Astou, c'est une autre dimension. Je pense à elle H24, elle habite mon esprit et le hante. C'est dingue ! Moi qui pouvais jurer, lorsque je me suis marié à Ndèye, qu'aucune autre femme ne pourrait m'intéresser, même pas Pandore...

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KHADI

Depuis une demi-heure, je suis partagée entre ma marmite qui bouillonne et mon portable, où je suis des séances de coaching sur Instagram avec mon coach préféré, Big Modou. Je ne sais pas ce qui m'arrive, mais je bave littéralement sur ses muscles. Insatisfaite, j'arrête la vidéo pour l'admirer plus en détail avant de faire un tour sur son profil et zoomer sur chacune de ses photos. Je suis consciente que c'est mal, mais c'est plus fort que moi. Suis-je devenue nymphomane sans m'en rendre compte ?

« Salut, chérie, qu'est-ce que tu fais ? Ça sent le brûlé par ici. »

La voix de mon mari résonne soudain, sans que je l'aie entendu venir, et je laisse aussitôt tomber mon téléphone.

Les époux marionnettesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant