CHAPITRE 12 : un samedi soir fantastique

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ROSE

Je somnolais d'épuisement sur mon bureau quand ma collègue Safi entre comme une fleur et m'annonce qu'une femme demande à me voir. Intriguée, je me lève aussitôt avec un soupir dépité et la suis vers la sortie.

Dans le couloir, Safi me montre du doigt ma visiteuse avant de tourner les talons. Elle venait d'être rappelée.

Pour ma part, je m'avance vers la dame, qui est de dos, et lui touche l'épaule : « Excusez-moi, vous êtes ? »

Elle se retourne avec un sourire radieux, et je la reconnais aussitôt.

« Astou ! Mais qu'est-ce que tu fais là ? » m'exclamai-je.

« Qu'est-ce qu'il y a ? Tu n'es pas contente de voir ton amie ? » plaisanta-t-elle.

« Qu'est-ce que tu racontes, bien sûr que si ! Je pensais justement te rendre visite dimanche. Alors, comment ça va ? Et qu'est-ce qui t'amène ? » répliquai-je, un sourire scotché aux lèvres, tandis que je la conduis à mon bureau.

« Couci-couça... Je végète un peu depuis que j'ai perdu mon boulot. C'est d'ailleurs à ce sujet que je suis venue », dit-elle en s'asseyant sur le siège visiteur en face de moi, une fois dans mon espace de travail.

Sur le point de m'asseoir, je la questionne au sujet de sa fameuse allusion : « Comment ça ? Je crains de ne pas comprendre. »

Elle soupire et va droit au but : « Je me demandais s'il n'y avait pas un poste vacant pour lequel tu pourrais me recommander. Je suis prête à tout faire : gardienne, technicienne de surface, n'importe quoi. Je veux juste travailler pour m'occuper l'esprit et arrêter de penser à... ma vie. »

À cet instant, j'ai pitié d'elle. Je ne l'ai jamais vue aussi désespérée. Qu'est-ce qui lui est vraiment arrivé ? Je l'ignore. J'aimerais tant pouvoir faire quelque chose pour elle, mais actuellement, l'hôpital ne recrute plus. Tous les postes sont occupés en raison de la forte demande. Rien d'inhabituel au Sénégal.

« Malheureusement non. Tu sais combien il est difficile de trouver du travail au Sénégal, raison pour laquelle même pour les petits boulots, les candidatures affluent. L'hôpital est d'ailleurs en surplus d'effectif et envisage de licencier quelques subalternes », répondis-je d'un ton sincère et compatissant.

Astou essaie de cacher sa déception avec un sourire qui n'est visiblement pas naturel.

Sa frustration est compréhensible, elle avait mis beaucoup d'espoir en moi, son amie, pour l'aider. Je ne dois pas la laisser repartir bredouille ainsi. Je mordille mes lèvres en réfléchissant profondément, et c'est là qu'une idée éclaire mon esprit, même si je ne voulais pas avoir à recourir à Saly. Mais l'essentiel est qu'elle ait un travail, et pas qu'un simple boulot, quelque chose qui pourrait l'aider à se prendre en charge. Saly est peut-être excentrique, mais elle est très sensible quand il s'agit de soutenir une femme. Elle saura lui faire une bonne offre.

Dans cette dynamique confiante, je lui dis avec un sourire rassurant : « J'ai ce qu'il te faut. Mon amie Saly a une boutique de prêt-à-porter, Nyota Shop. Je vais t'écrire l'adresse, et tu pourras y aller dès lundi. Dis-lui que tu es une connaissance de Rose, et surtout explique-lui ta situation. Elle est très à l'écoute et généreuse envers les femmes. »

À peine ai-je terminé ma phrase qu'Astou saute de sa chaise et s'accroche à mon cou tout en me couvrant de remerciements : « Merci infiniment, Rose, je te revaudrai ça ! »

Les époux marionnettesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant