Les époux marionnettes

CHAPITRE 11 : (...) « finalement, tu mérites d'être mon crush...»

MANEL

Après l'avoir appelée et lui avoir balancé tout ce que je savais sur elle grâce à Maouloud, Mamie me donne rendez-vous à son appart pour discuter plus calmement. Elle habite dans un quartier du nord Foir, dans l'une des petites résidences collectives. J'ai eu du mal au début à repérer le bon immeuble, mais en revérifiant l'adresse que j'avais notée, je me suis retrouvé. J'entre dans l'immeuble, toujours guidé par la note d'adresse. Je monte les premiers escaliers et arrive au deuxième étage. En reprenant mon souffle, j'essuie les gouttes de sueur qui perlent sur mon front avant de frapper à la porte de l'appartement du fond.

J'entends des bruits étranges, puis des pas qui s'approchent rapidement, et enfin, la porte s'ouvre, laissant apparaître une Mamie extasiée, portant simplement un peignoir mal ajusté, laissant entrevoir les bretelles de son soutien-gorge. Je baisse pudiquement les yeux et lui demande si je peux entrer.

« Oui, bien sûr, je ne savais pas que tu serais si ponctuel, sinon j'aurais pris mes dispositions », dit-elle tout sourire en s'écartant. J'entre timidement et me retrouve face à un gros gaillard barbu qui s'habille à la hâte, enfilant à la fois son pantalon et sa chemise. Il a l'air surpris de me voir, et pour cette raison, il reste sur ses gardes.

« C'est qui ce mec, chérie ? C'est l'un de tes gig... » commence-t-il, mais Mamie ne le laisse pas terminer : « C'est Manel Konaté, mon avocat. Et évite de dire des bêtises. »

« Je crois que je suis arrivé au mauvais moment. Nous reprogrammerons tout cela plus tard. Veuillez m'excuser maintenant », dis-je en tournant les talons, lassé par ce cirque.

« Attends, Manel, Kader s'en va, n'est-ce pas ? » Mamie se tourne vers son amant. Celui-ci fait une grimace, mécontent d'être celui qui doit partir, et sort en claquant la porte.

Mamie s'excuse pour le désagrément et me prie de lui accorder une minute.
J'acquiesce d'un signe de tête et m'assieds sur le divan à côté de moi pendant que la maîtresse des lieux disparaît dans sa chambre.

Elle revient assez rapidement, vêtue d'une simple robe blanche avec des plis compliqués sur les manches.
Je lui jette des regards furtifs et interrogateurs alors qu'elle dégage quelques affaires sur l'autre divan pour pouvoir s'y installer.

« Vous devez vous poser mille et une questions sur moi. Je vais être directe et honnête : je suis nymphomane et ça me pousse à faire des choses dont je ne suis pas fière. » Elle fait une pause, comme pour me laisser digérer cette première révélation. « Ce que Maouloud vous a raconté est la vérité. J'ai trompé plusieurs fois mon mari avec cet homme qui vient de quitter l'appartement. Je ne suis même plus sûre de qui, de lui ou de mon mari, est le père de mon fils, Abdoulaye. Bref, vous devez savoir qu'en dehors de ma nymphomanie, mon mariage avec mon défunt mari n'était pas basé sur l'amour. J'ai accepté de l'épouser parce qu'il était riche et pouvait me sortir de la pauvreté. Je suis sage-femme et je gagne ma vie, mais pas assez pour mener la vie dont je rêve. Il me fallait un homme comme lui, assez fou et amoureux pour signer un contrat de monogamie et, en plus, partager sa fortune avec quelqu'un qui n'avait pas un sou. Bon, je parle trop, tout cela ne vous intéresse sûrement pas. Sachez simplement que j'ai décidé, après mûre réflexion, de ne plus réclamer ma part de l'héritage. Je n'ai pas été une bonne épouse pour le mériter, et puis je me sens déjà coupable d'être la cause de sa mort. S'il ne m'avait pas surprise avec son meilleur ami dans notre lit conjugal, il n'aurait jamais fait de crise et il serait toujours là. Tout ce que je veux, c'est que mon fils soit à mes côtés. »