Chapitre 7

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DANS LA PEAU DE TREVOR
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             Chaque matin, une lueur douce et dorée inondait le vaste penthouse de Trevor, un joyau de verre et de marbre perché sur les hauteurs de Lisbonne. Chaque matin, il se réveillait avec la même rigueur, dans un lit aux draps de soie finement brodés, parfaitement alignés, comme sa vie. Le réveil n'était pas une nécessité pour lui, son horloge interne était infaillible. Six heures trente, chaque jour, sans exception.

Trevor n'était pas le genre d'homme à laisser les détails au hasard. Chaque aspect de sa vie était maîtrisé, perfectionné à l'extrême. Sa garde-robe, ordonnée par couleur et par saison, révélait son goût pour les pièces sur-mesure et les tissus les plus raffinés. Ce matin-là, il opta pour un costume bleu marine, assorti à la lueur de l'aube qui caressait les toits de la ville. Une chemise en popeline blanche et une cravate en soie complétaient l'ensemble, rehaussant l'élégance discrète qui le caractérisait.

Trevor prenait son café au même endroit chaque jour – un café exclusif niché au cœur d'un quartier animé de la ville, où seuls quelques initiés avaient accès. Mais Trevor n'était pas ici pour socialiser. Son regard perçant scrutait déjà les gros titres de la presse économique internationale. Ses yeux, derrière des lunettes en écailles de tortue, analysaient avec précision les chiffres et les courbes. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'il constatait que son dernier investissement portait déjà ses fruits. Dans un monde où chaque mouvement pouvait entraîner des vagues, Trevor savait comment surfer sur ces marées, anticipant toujours le prochain coup avant même que les autres ne l'aient imaginé.

Son empire s'étendait bien au-delà du Portugal. Il dirigeait des entreprises dans des secteurs aussi variés que la mode, l'immobilier et la technologie. Ses collaborations étaient aussi prestigieuses qu'audacieuses, attirant l'attention des plus grands et des plus influents. Les rumeurs disaient qu’il ne dormait jamais, qu’il était constamment en mouvement, à l’affût de la prochaine opportunité. Mais ceux qui le connaissaient savaient qu’il était bien plus que cela. Trevor possédait un esprit visionnaire, capable de transformer les idées les plus folles en réalités tangibles.

Cependant, derrière cet homme d'affaires impénétrable, se cachait un autre Trevor. Un homme qui, parfois, s'accordait le luxe de la réflexion. Ses pensées se tournaient souvent vers Athara. Elle représentait l'inattendu dans sa vie millimétrée. Le mystère qu'elle incarnait éveillait chez lui une curiosité presque viscérale. Il avait appris à la connaître, à comprendre ses nuances, à lire dans ses silences. Contrairement à d'autres, elle ne cherchait pas à le séduire par des flatteries ou à s'attirer ses faveurs. Et c'est précisément ce qui la rendait unique à ses yeux.

Trevor admirait la résilience d'Athara, sa capacité à renaître après chaque chute, à se reconstruire. Il savait qu'elle avait souffert, mais il n'était pas là pour la sauver. Non, il respectait trop sa force pour cela. Il voulait l'accompagner, la voir se redresser et briller à nouveau, tout en la gardant dans son orbite, là où il pouvait l'observer de près. Elle ignorait encore l'ampleur de l'influence qu'elle avait sur lui. Chaque geste, chaque mot qu’elle prononçait, déclenchait en lui des réflexions qu'il n'aurait jamais soupçonnées. Elle lui offrait une perspective nouvelle, un vent de fraîcheur dans son existence pourtant si bien orchestrée.

En fin de matinée, Trevor avait une série de réunions dans son luxueux bureau situé au dernier étage d'une tour d'acier et de verre, surplombant le fleuve Tejo. L'immense pièce, décorée de sculptures d'art contemporain et de tapisseries d’artisans portugais, était à son image : élégante, sobre, et témoignant d’un goût irréprochable. Ses collaborateurs l'attendaient déjà, nerveux, car ils savaient que Trevor ne tolérait pas l'imperfection. Chaque projet, chaque détail devait être impeccable. Pourtant, il n'était jamais dur, ni brusque. Son autorité était naturelle, elle s'imposait d'elle-même par sa seule présence. Un mot de lui, et des millions pouvaient changer de main.

Au milieu de cette agitation, Trevor avait souvent un moment pour penser à Athara. Comment allait-elle aujourd'hui, dans ce somptueux hôtel à Venise où il avait lui-même veillé à chaque détail de sa réservation ? Avait-elle apprécié les fleurs qu'il lui avait envoyées ce matin-là, avec cette carte soigneusement rédigée à la main ? Il savait qu'elle aimait l'attention, mais pas les excès. Il dosait donc chaque geste avec une précision méticuleuse, sachant pertinemment que la séduction, pour Athara, se jouait dans les subtilités, dans ces petits détails que d'autres auraient négligés.

Son téléphone vibra sur son bureau. Un message d'Athara. Elle le remerciait pour les fleurs, ajoutant une touche d'humour qui lui arracha un sourire rare.

"Tu sais comment rendre une matinée parfaite", avait-elle écrit.

Pour Trevor, cela suffisait. Une simple phrase de sa part, et sa journée, si calculée, prenait une nouvelle dimension. Il répondit sobrement, comme à son habitude, mais derrière l'écran, ses pensées voyageaient déjà jusqu'à Venise, imaginant Athara, sa beauté naturelle, son rire discret.

L'après-midi, Trevor se rendit à une présentation privée dans une galerie d'art. C'était l’un de ces événements où seuls les plus grands collectionneurs et personnalités étaient invités. Ses pas résonnaient dans la salle aux murs immaculés, où des œuvres d'art valant des millions étaient exposées. Là encore, il n'était pas là pour se montrer, mais pour observer, évaluer. Chaque tableau, chaque sculpture était analysé avec la même attention qu'il portait aux affaires. L’art était pour lui un investissement, mais aussi une passion, une manière de s’évader de l’univers strict des chiffres et des bilans.

En quittant la galerie, son regard se porta une fois de plus vers l’horizon. Le soleil se couchait doucement sur la ville, teintant le ciel de nuances dorées et roses. Trevor, dans sa voiture, se laissa emporter par ses pensées. Athara lui manquait. Pas comme un besoin désespéré, mais comme une absence subtile, celle d’une personne qui complète sans envahir. Il savait qu'il devait la voir bientôt, mais pas trop vite. Le jeu devait continuer, cette danse subtile où chacun avance ses pions avec prudence, sans jamais se dévoiler complètement.

Ce soir-là, dans son immense salon, face à une vue imprenable sur la ville illuminée, Trevor réfléchit à son prochain coup. Pas dans le monde des affaires, mais avec Athara. Il avait tout : la puissance, l’influence, les richesses. Mais elle, elle représentait le mystère, l’imprévisible. Et dans ce monde parfaitement orchestré qu’était le sien, c’était peut-être la seule chose qu’il ne pouvait contrôler.

Et c'était bien ainsi.


À suivre !

L'obsession du mystère ébèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant