V-CARB RB 25 - Daniel Ricciardo

Chapitre 38

J’étais rentrée dans la journée à Silverstone, retrouvant sans grand plaisir ma chambre d’hôtel. Nous avions deux semaines pour préparer les voitures pour rouler à Baku, en Azerbaïdjan. Le circuit urbain le plus rapide de la saison, des lignes droites et des zones de DRS à ne pas négliger. J’avais déjà réfléchi à quelques modèles que nous allions pouvoir exploiter, je comptais pulvériser les records avec ces monoplaces.

Trois jours plus tard, installée avec Mike, fidèle bras droit, dans la salle de réunion numéro une, nous nous creusions la tête depuis deux bonnes heures. Le grand tableau blanc était décoré de chiffres, de modèles et de dessins mal faits, et nos ordinateurs commençaient à chauffer. 

_ Je pense qu’on tient le bon bout. J’acquiesçais à ses dires.

Nous avions déjà plusieurs propositions de modèles et d’améliorations, en effet, nous n’étions pas loin de la fin. La partie réflexion serait achevée dès aujourd’hui, pour mon plus grand bonheur. Plusieurs heures suffirent pour nous satisfaire complètement.

_ Envoie tout ça au simu. Petite pause et on rattaque, on va tester tout ça.

_ Ça marche.

Je m’étirais dans un bruit plaintif et refermais mon ordinateur. Il n'était pas loin de dix-huit heures et nous étions déjà à l’aube de l’automne; le soleil commençait sa descente dans le ciel, inondant l’usine d’une lueur orangée. Je montais dans mon bureau, pressée de me prendre une petite heure de pause avant de devoir reprendre. Je regardais le paquet de cigarettes posé à côté de mon pot à crayon, et décidais pour cette fois de l’ignorer. Rosie ne serait pas contente de savoir que j’étais revenue à la nicotine. 

En parlant d’elle, elle commençait à me manquer sérieusement. Mais nous n’avions pas vraiment l’occasion de s’organiser quelque chose, j’étais prise dans une tornade de travail pour ces deux prochaines semaines, avant de devoir quitter le pays pour le grand prix de Baku. Et les prochaines courses étaient bien loin de l’Europe, jamais nous n’aurions le temps de nous voir avant la fin de la saison.

Je poussais un gémissement accablé. J’espérais pouvoir la revoir au plus vite.

J’attrapais mon téléphone pour y vérifier de potentielles notifications. Rien. Pas étonnant. Trois jours que j’étais partie d’Italie après la fameuse soirée sur le yacht, et la conversation avec Daniel me retournait encore l’estomac. J’étais en colère contre moi-même pour être tombée aussi bas, dans les bras d’un homme qui n’avait en fait jamais voulu de moi.

Et je haïssais mon cœur, qui lui continuait de s'accrocher au bel australien comme s'il était la seule putain de bouée de sauvetage au milieu d'une mer sans fin. Je reposais le téléphone avec un grognement, désespérée par la situation et par moi-même.

J'allais me lever pour aller chercher un café au rez-de-chaussée, mais mon portable vibra à cet instant. Je fronçais les sourcils, et cru halluciner en voyant le contact affiché au-dessus du court message.

-Daniel : Est-ce qu'on peut discuter ?-

Je clignais des yeux plusieurs fois, fixant le cellulaire d'un air ahuri. Comment est-ce qu'on réagit à cette situation ? Je sentis un affreux mélange de joie et d'agacement monter en moi. Je venais de me déchirer entre, être heureuse de le voir faire un pas vers moi, ou être furieuse contre lui pour à peu près toutes les raisons du monde. Un second message apparut, je lâchais un petit cri.

 -Ce soir, je passe te chercher ?-

Je tournais sur moi-même comme pour chercher une quelconque caméra, un air scandalisé sur le visage. Est-ce que je devais accepter ? Refuser ? Ne rien répondre ? Rosie me dirait de lui envoyer un doigt d'honneur et de l'oublier à jamais, mais j'étais bien plus romantique qu'elle, même s'il mériterait amplement cette réaction.