Chapitre 29

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Mon pied tapait nerveusement le sol, mes doigts jouaient avec le téléphone entre mes mains et je maltraitais ma lèvre inférieure depuis que j'avais envoyé le message. Le soleil baissait lentement dans le ciel, mon trac lui en revanche montait en flèche. Je ne savais même pas pourquoi j'étais aussi stressé, il n'y avait aucune raison d'être. Je n'avais jamais été angoissé par les situations sociales où les rendez-vous, ni quoi que ce soit. J'avais toujours fait en sorte de tirer le meilleur de chaque situation, et c'était la recette de mon bonheur constant. La rare exception à cette loi imposée par moi-même étant les dernières années passées à me voir dégringoler au pied du classement sans pouvoir rien y faire.

Mais rien, absolument rien, ne m'avait procuré autant de stress, et ça m'agaçait. Pourquoi mon corps me trahissait ainsi ? J'étais plongé dans cette guerre avec moi-même, lorsque le bruit de la porte d'entrée fit brusquement lever ma tête et louper à mon cœur un battement. Et elle était là. Une cigarette fumante entre les lèvres, ses cheveux de jais relevés en un chignon bordélique, et une tenue simple mais pourtant si belle, épousant sa taille fine. Le léger vent faisait flotter les quelques mèches qui encadraient son visage, comme dans un mauvais film romantique. La scène parfaite.

Elle me chercha un instant du regard, moi ou quelque chose d'autre, mais quand son regard se posa sur moi, j'y aperçu un éclair de... soulagement ? Alors qu'elle s'approchait, mon corps se tendait un peu plus à chaque pas. D'accord, il y avait clairement quelque chose d'étrange. Jamais je n'avais réagi ainsi, peut-être que je couvais quelque chose, un virus ou n'importe quelle maladie. Un problème au cœur soudain ? Ou une pathologie musculaire ? Je ne contrôlais rien, mon corps semblait comme figé alors que mon cerveau me hurlait de courir la prendre dans mes bras. Un gros hématome ornait sa joue et mon cœur se pinça à sa vue.

Elle s'avançait pas à pas, comme craintive, mais sur le dernier mètre nous séparant, elle accéléra la cadence et se jeta dans mes bras, un geste soudain et si inattendu qu'il me fallut un court instant avant d'ouvrir mes bras et les refermer autour d'elle. Je mis toute ma force et ma douceur dans notre étreinte, je mourrais d'envie de la chérir et de lui transmettre tout ce que j'avais ressenti en apprenant qu'elle avait été blessée. Je posais mon menton sur sa tête, sa respiration d'abord saccadée se calmant pour devenir un souffle apaisé. Une longue expiration, secouée d'un sanglot silencieux, me parvint et je ne pu qu'un peu plus presser mon corps au sien, comme si je tentais de me fondre en elle et de lui transmettre tout le réconfort dont elle avait besoin.

Je rouvrais les yeux, la tête toujours sur la sienne et mes bras autour d'elle. Le soleil commençait à se coucher au loin, et si je devais réussir mon plan, il allait falloir briser cette étreinte utopique.

_Tu me fais confiance ?

_ La dernière fois que tu m'as posé la question, j'ai finis ballotée comme une folle dans ta voiture. Elle m'annonça doucement, le visage enfoui contre mon torse.

_ C'est pas ce que je compte faire cette fois-ci.

_ D'accord alors.

J'esquissais un sourire et me détachais lentement d'elle. J'attrapais ensuite sa main, la guidant vers mon Ford Raptor garé juste à côté. Elle ne dit rien, mais ses sourcils froncés me tirèrent un sourire. Je m'installais au volant, elle s'attacha à côté de moi et je démarrais, appuyant un peu sur l'accélérateur en voyant le soleil descendre rapidement. Je grimpais sur l'une des hauteurs de Silverstone, une colline très peu fréquentée mais pourtant si belle, avec un point de vue magique. Je garais le 4x4 juste à temps, et la tirais un peu rapidement vers l'endroit souhaité.

_ Qu'est-ce qu'on fait Daniel ? La méfiance sonnait dans sa voix.

_ Fais moi confiance, Vicky.

Elle acquiesça, les yeux un peu perdus dans le vague. C'est vrai que la situation était un peu spéciale, cela faisait plus d'une semaine que nous n'avions pas échangé. Enfin, que je ne lui avais pas envoyé un seul message... Il m'avait fallu un courage monstre et un petit coup de pouce pour me lancer à l'inviter, ce soir. Et nous y étions enfin. Je la fis lentement tourner vers la vue plongeante qu'offrait la colline, et je l'entendis hoqueter.

V-CARB RB 25 - Daniel RicciardoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant