XI. Jordan

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Jordan cligna des yeux, tâtonnant du plat de la main sous son oreiller à la recherche de son téléphone. 

7h34. 

Bordel.

Un pic d'adrénaline se diffusa immédiatement dans tout son corps, animant ses jambes pour le faire rapidement sortir du lit. Mais le passage soudain à la position debout lui brouilla momentanément la vue, et il dû malgré lui faire une pause de quelques secondes pour reprendre ses esprits. 

L'appartement était plongé dans le silence, et un coup d'œil rapide vers les draps du côté gauche soigneusement rabattus le firent un instant douter de la véracité des évènements de la veille. Et il ne savait pas encore si la possibilité que tout ça ne fut qu'un rêve le rassurait ou l'angoissait. 

Il tentait de remettre de l'ordre dans ses idées, quand son téléphone se mit à sonner. Il décrocha. 

"Jordan ?"

Malgré son esprit embrumé, il reconnu immédiatement la voix. 

"Monsieur Odoul, comment ça va ?", se força t'il a dire, tentant de masquer sa voix a peine éveillée par un ton moqueur.  

L'interlocuteur releva a peine ce salut par un léger soupir, puis rétorqua :

"Bah écoute, je pensais croiser Jordan Bardella après ma matinale d'Europe 1, puisqu'à priori il devait passer sur CNEWS à 9h, mais sa maquilleuse m'a dit qu'il avait passé une sale nuit et qu'il avait annulé..."

Jordan sourit, amusé. S'il savait... 

Mais Julien Odoul se contenta d'enchainer : "T'es où, bordel ?"

Le jeune homme se frotta les yeux d'une main :

          - Ouais...non...j'ai pas annulé. J'arrive tout de suite.

          - Tu déconnes ? Tu t'es pas réveillé ?

          - Oh, ta gueule.

          - Bah c'est juste que tu ne me l'avais jamais faite, celle-là...

          - Dis moi, comment tu veux que je me magne si tu me tiens la grappe au téléphone ?, rétorqua Jordan, cette fois-ci légèrement agacé. 

Et il raccrocha avant même d'entendre la réponse de son confrère. 

Trois quart d'heure plus tard, sa berline s'arrêta dans le parking de la chaîne de télévision, dans le 15ème arrondissement. Il avait eu beau garder la face devant Julien, avoir manqué son réveil l'avait angoissé durant tout le trajet, et il était finalement soulagé que Carl, son chauffeur, ait presque réussi à rattraper son retard. 

Julien avait patienté tout ce temps dans la loge de Jordan, où il tenait compagnie à Caroline, la cheffe de communication du parti. "Pardon, excusez mon retard", lança t'il d'une voix claire en se précipitant vers le siège où l'attendait la maquilleuse. 

Ses deux homologues se contentèrent de le targuer de sourires rassurants, avant de se replonger respectivement dans leur téléphone ou dans leur PC. 

Jordan profita de ce silence pour se recentrer. Cette journée serait longue en vue du débat des législatives du soir même, et il ne considérait le plateau sur lequel il devait intervenir ce matin que comme un échauffement. 

Un coup d'œil à son téléphone lui fit finalement réaliser que Gabriel semblait s'être mu dans un silence de mort. Et maintenant que cette pensée s'était manifestée à lui, cela lui semblait impossible de la mettre de côté pour se concentrer sur l'émission à venir. Mais il hésitait à faire le premier pas, son propre ego bataillant farouchement avec l'obsession que lui inspirait le jeune brun. Le pire étant encore d'essayer d'enfouir les souvenirs de la nuit dernière, qui se manifestaient en lui par vagues, mélange de regret et d'un profond désir...un profond désir de remettre le couvert, putain. 

L'obsession de l'ambition (ATTAL x BARDELLA)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant