SKULL HUNTERS

XIX. Retour aux sources

XIX. Retour aux sources.

Notes du carnet du Docteur Rebecca Crown.

Cela faisait presque un an jour pour jour que nous avions quitté notre camp de formation. Il nous avait fallu un léger temps d'adaptation avant de complètement jouir de notre liberté.

J'étais heureuse de voir que Roxx semblait se rapprocher de plus en plus d'Andrew. Elle méritait plus que tout de vivre une belle histoire, d'être heureuse. Elle m'avait avoué qu'elle avait quand même peur de voir tout cela s'arrêter soudainement. Andrew n'était pas du genre à exprimer ses émotions, encore moins ses sentiments pour une personne. Elle pensait que c'était une manière pour lui de rester professionnel, si leur relation devait devenir trop intime, cela pourrait nuire à l'escouade, mais aussi nous mettre en danger dans certaines situations délicates. «Pas de place pour les émotions» c'était ce que répétait souvent Andrew, mais il semblait qu'il était bien le premier à y avoir succombé contre son gré. Ils avaient pour habitude de passer du temps exclusivement ensemble, en tant que leader et tacticienne de l'escouade, mais même lorsque nous n'avions pas de missions à préparer, ils s'adjugeaient ces moments intimes, qui duraient de plus en plus longtemps. Parfois après les repas, il restaient dans la salle commune et discutaient, devant les yeux désapprobateurs d'Alder qui les regardait alors qu'il reculait pour rejoindre sa cabine de pilotage. Pauvre Alder, ils ne le voyaient même pas, aspirés par le regard l'un de l'autre. Et ces moments se finissaient parfois dans un couloir, ou dans un coin désert du Warjet. A ma connaissance personne ne les avait vus, sauf moi, une fois. J'étais la confidente et meilleure amie de Roxx, je savais quelles étaient ses intentions lorsqu'ils se retrouvaient seuls tous les deux. Je ne les avais jamais surpris en train de s'embrasser mais je soupçonnais qu'ils le faisaient, jamais elle ne me l'avait admis, mais une fois je les avais observés très proche l'un de l'autre, ils ne parlaient certainement pas que de tactiques de combat rapproché...

Je devais avouer que j'avais eu pendant quelques temps des fantasmes sur Roxx, mais après mûre réflexion, elle était si précieuse comme meilleure amie, que je ne voulais pas gâcher cette relation. Je ne la voyais qu'avec des yeux d'amie désormais, son bonheur était plus important que le mien. Et puis, il y avait d'autres personnes dans l'escouade. Alder était trop fou, un brin violent, Basyl et Ajay étaient déjà inséparables, Mads... avait l'âge d'être le père que je n'avais jamais connu et James, bien qu'il était mignon, ne me regardait pas avec le même regard qu'il avait pour Alex. J'avais remarqué une chose intéressante, son regard envers elle avait quelque peu changé depuis quelques mois. Depuis qu'il s'était battu pour Johann face à Kyton, c'était désormais elle qu'il regardait de cette façon. Mais il y avait une chose qui me dérangeait encore plus, c'était que ce regard semblait réciproque, j'essayais de mener mon enquête, je suivais Johann, j'inventais des check-ups pour l'empêcher de passer trop de temps avec malgré tout ils se retrouvaient à chaque fois. Il y avait une certaine sensualité qui émanait d'elle, je comprenais bien pourquoi James était en train d'y succomber, tout comme moi...

Cela avait démarré lorsque je m'étais occupé d'elle après son affrontement face à Kyton. Nous étions toutes les deux dans mon cabinet, elle était allongée, les yeux fermés. J'avais alors fixé longuement ses lèvres parfaites, son air semblait innocent, elle était apaisée, je l'espère, par ma présence. C'était peut-être la plus forte d'entre nous, comme le témoignaient ses blessures et saignements au visage, et sur tout le corps, mais elles lui donnaient aussi un côté fébrile, fragile. J'avais envie de la protéger, de donner corps et âme pour elle. J'examinais avec précision ses blessures au visage, mais lorsque je désinfectais les plaies, ma main se mit à trembler. Et encore plus lorsqu'elle inclina son regard vers moi. Elle était si patiente, je faisais en sorte d'être la plus délicate possible. Après avoir soigné son visage, sans rien dire, elle enleva son haut. Lorsque je me retournais sur ma chaise, j'aperçus son dos, si élégant, lisse, et doux au toucher, elle expira légèrement avec un peu de douleur lorsque je passais sur ses hématomes, mais même malgré ça elle ne perdit pas de son charme, cela ne faisait que le renforcer. Lorsque ces examens, ces moments intimes entre elle et moi étaient finis, je me sentais complètement vide, j'étais sur un nuage, ma tête tournait doucement en rond, en proie à l'extase du moment. C'était mieux que n'importe quel moment intime partagé avec quiconque.