Je ne pouvais pas l'avoir perdu, je ne pouvais pas l'avoir laisser mourir de l'autre côté de cette porte. J'avais encore une fois perdu une personne que j'aimais sous mes yeux. Plus rien n'avait de sens, son père l'avait frappé jusqu'à la tuer, elle était morte brutalement sans que je ne puisse l'aider. Je ne pouvais pas me résoudre à penser à autre chose qu'elle. Je me sentais vide, elle s'était en aller avec une parti de moi et je ne pouvais plus rien faire. Je me souvenais encore de ses quelques rires, ses yeux, les nombreuses fois où je l'énervais et qu'ils me lançaient des éclairs.
Elle était si belle avec ses longs cheveux bruns et ses yeux verts. Son sourire qui me donnait encore plus envie de l'embêter. Je ne verrais plus jamais son sourire, je ne verrais plus jamais ses yeux et je ne pourrais plus jamais remettre une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Je l'avais perdu avant même de l'avoir. Je ne voulais plus vivre, je ne pouvais plus respirer sans elle. Je n'avais plus aucune raison de me battre pour sortir d'ici. Je voulais juste la rejoindre, la voir à nouveau. En seulement deux semaines elle était devenue ma raison de vivre.
Je restai au même endroit, à genoux. Mon souffle était saccadé, je manquais d'air, la douleur était insoutenable. J'avais pensé que les cris étaient la pire chose mais le silence était encore plus pesant. Chaque seconde qui passait semblait aspirer un peu plus mon âme, me rendant encore plus vide, creux. Mes poings serrés étaient rouges, meurtris par les coups que j'avais portés contre la porte, mais ça n'avait plus d'importance. Plus rien n'en avait.
Rose était morte. J'en était persuadé. Les derniers bruits, l'absence de réponse, tout était fini.
Le poids de la culpabilité m'écrasait, m'étouffait. C'était moi qui l'avais entraînée dans ce cauchemar, moi qui l'avais poussée à agir contre son propre père, à se mettre en danger pour moi. Et maintenant, elle n'était plus là. Rose, la seule personne qui m'avait donné l'espoir de survivre, qui avait osé affronter la folie de son géniteur pour essayer de me sauver, elle en avait payé le prix fort. Je m'effondrai complètement, mon front touchant le sol froid. Le goût salé des larmes coulait le long de mes joues, se mêlant à la poussière et au sang séché mes lèvres. Mon corps entier tremblait, non seulement de douleur physique, mais de cette terreur sourde qui s'emparait de moi. Ce vide, ce gouffre béant que je ressentais ne se refermerait jamais. La mort de Rose venait de raviver une de mes plus vieilles blessures celle que je pensais avoir enterrée avec ma famille.
-Rose... Je suis désolé... Si tu m'entends... Je suis tellement désolé... je murmurai, la voix brisée par le chagrin.
J'avais échoué. Encore une fois, je n'avais pas pu protéger ceux que j'aimais. Je me sentais inutile. L'image de Rose, souriante, pleine de vie, se superposait à celle de ma famille. Des visages flous, emportés dans l'oubli de la douleur, mais qui me revenaient maintenant en pleine face. C'était toujours la même histoire. Toujours cette même fin. C'était toujours moi qui restais et ceux que j'aimais mourraient tous un par un.
Soudain, des pas résonnèrent de l'autre côté de la porte. Lourds, lents. Chaque bruit de chaussure contre le sol de ciment envoyait une onde glaciale dans ma colonne vertébrale. Je ne savais pas ce que j'espérais : que ce soit mon kidnappeur revenu pour en finir avec moi, ou pire encore... que ce soit le corps inerte de Rose que l'on traînait. L'angoisse m'empêchait de bouger. J'avais toujours un infime espoir que ce soit rose.
L'homme qui me retenait ici entra dans la pièce, sa silhouette massive me faisant de l'ombre. Sa chemise était tachée de sang, le sang de rose, mon propre sang. Je ne pouvais pas lui montrer mes émotions, j'en avais déjà assez fait comme ça. J'étais effondré par terre, mon visage couvert de larmes. Il s'agitait devant moi. Le souffle lourd, les gestes brusques, il tournait en rond, comme un prédateur attendant le moment propice pour attaquer.

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The captive heart
RomanceIl ne savait pas pourquoi on l'avait enlevé. Elle ne savait pas qu'un jeune homme était séquestré en ce moment même. Pourquoi avait-on chamboulé leur vie autant ?