Juste un Rayon de Soleil

Chapitre 20

"Lix ?

- Hm ?

- Arrête de bouger, tu m'emmerdes."

Un dernier bruissement de couette et Félix se cala sur le dos, les yeux rivés sur le plafond et une moue prononcée sur les lèvres.

Impossible de dormir... Pour changer.

Comme chaque soir, à cause des milliers de voix dans sa tête, mais aussi de sa peur d'une nouvelle paralysie, Félix gênait encore les autres dans leur nuit.

Même Hyunjin de l'autre côté du mur ne montrait pas signe d'insomnie. Sûrement une conséquence du fameux réajustement de son traitement. Et même si Félix était sincèrement content pour l'autre qu'il arrive enfin à se reposer, la pointe de solitude à 2h du matin se faisait bien sentir.

Ambiance strictement opposée de l'autre côté de la pièce, où les adorables ronflements de Jeongin auraient pu être confondus avec les ronronnements d'un chaton. Qui dans la vie ronflait comme un chaton ? Le petit brun avait forcément vécu dans un animé dans sa vie antérieure, c'était la seule explication.

Depuis sa séance d'hypnose 4 jours auparavant, Félix n'avait refait qu'une paralysie le soir même. Et même si depuis, tout était calme, cette dernière avait été atroce.

Rien qu'à cette pensée, il pouvait rentendre le mélange de voix enchevêtrées qui lui avait murmuré plus d'horreurs qu'il en pensait sur lui-même dans ses moments les plus sombres. Cette nuit là, il avait tenté de bouger les yeux pour faire comprendre à son corps qu'il était bel et bien éveillé, mais ça n'avait pas eu le moindre effet.

Et si seulement il n'y avait eu que les voix...

Au moment où ses yeux s'étaient enfin ouverts, qu'il pensait avoir finalement réussi à s'extirper de son supplice, une figure féminine s'était distinguée juste à côté de son lit. Immobile, se contentant de le scruter à travers ses longs cheveux noirs, il n'avait réussi qu'à se retrouver plus pétrifié qu'auparavant.

Le cauchemar aurait pu s'arrêter là... Lui aurait préféré ça...

Sauf qu'avec cette présence, les voix n'avaient cessé d'augmenter leur intensité. Sortant de chaque recoin de la pièce, il aurait pu jurer qu'une horde de bouches s'était amassée à quelques centimètres de ses oreilles pour le faire craquer sous leurs discours odieux.

Et ensuite ? Ensuite le décor de la pièce avait viré à l'orange, effaçant avec elle la silhouette angoissante. Depuis quand les murs étaient-ils de cette couleur ? Dans ses souvenirs, depuis le jour 1 de son entrée dans ce parc à hospitalisés, tout était blanc-dépression.

Et alors qu'il avait tenté vainement de s'extirper de cette ambiance lugubre, son attention avait vite fini par se porter sur la porte de la chambre s'ouvrant terriblement doucement. Sa peur l'avait cloué plus lourdement au matelas lorsqu'une immense silhouette svelte, sans visage, avait passé son encadrement, baissant la tête dans un mouvement lent.

Inutile de se rappeler qu'il avait oublié comment respirer à ce moment précis.

Et dans la suite logique des événements, il s'était mis à suffoquer, comme si quelqu'un, ou quelque chose, s'était lourdement installé sur sa cage thoracique avant de se mettre à l'étrangler.

Cette nuit là, il s'était réellement demandé s'il pouvait mourir durant une paralysie.

Et s'il avait finalement réussi à se sortir de cet enfer, c'était uniquement grâce à ses propres hurlements étranglés et à la crise d'angoisse qui l'avait ensuite tenu plus d'une heure.

Ce n'était que le lendemain après-midi, pendant sa séance réservée en urgence avec la psy, qu'il s'était souvenu comment il était enfin parvenu à se calmer. Pendant son monologue, une sensation lui était revenue. Celle d'un battement de cœur régulier sous son majeur et son index, miraculeusement déposés sur sa jugulaire. Non, pas sa jugulaire à lui... il était bien trop paniqué pour que ce soit son propre pouls... Alors celle de qui ?