Chapitre 32

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Jayden

Je règle les derniers détails du prochain round-up avec Jackson quand je remarque les fréquents coups d'œil qu'il jette par-dessus mon épaule. Je finis par me retourner. Un Range Rover noir que je n'ai pas entendu arriver est garé dans la cour. Il ressemble à s'y méprendre à celui de Forster. Impossible de distinguer le conducteur à cette distance, derrière les vitres fumées. Son identité n'est pourtant pas un mystère pour moi.

La portière s'ouvre et la petite furie en descend, vêtue d'un short noir et d'un de ces débardeurs minimalistes qui s'arrêtent au-dessus du nombril. Le tissu blanc épouse si joliment ses formes pleines que ma langue vibre d'un sifflement désapprobateur. Je balaie l'espace autour de moi d'un coup d'œil acéré. J'ai tenu ce corps sous le mien et je n'aime pas l'idée qu'il en dévoile autant à d'autres que moi.

Elle lève la main en guise de salut. J'ai la putain d'impression que le geste ne m'est pas destiné. J'en ai la confirmation quand je découvre le sourire niais de Jackson dans mon dos. Quelque chose dans mon regard le persuade d'aller voir ailleurs si j'y suis. C'est pour moi qu'elle est ici, mon gars !

Hailey fait le tour du SUV et soulève le hayon. Elle réapparaît avec un sac isotherme qui semble peser autant qu'elle et le sac à dos rose que je reconnaîtrais entre mille. Plantée à côté de la portière, elle attend sans doute que je me décide à l'accueillir. À moins qu'elle m'imagine en portier serviable et empressé d'un hôtel de luxe.

Mes pieds refusent d'avancer. Avec son corps de déesse et ses longs cheveux blonds, elle est la plus belle apparition qui ait traversé cette cour. Pas question que je perde de vue ce spectacle.

— Tu as l'intention de passer la journée planté là, cow-boy ? me lance-t-elle en remontant la bretelle de son sac à dos.

Je me rends compte que ma queue pousse contre mon jean quand la blonde se met en mouvement, les hanches déséquilibrées par le poids qu'elle traîne d'une main.

Putain !

Elle m'a manqué. Ses courbes s'imbriquent parfaitement dans le paysage où elle a implanté sa marque en si peu de temps. C'est comme un oasis qui jaillirait au milieu du désert. Mais elle est si jeune, elle n'a rien à faire ici, tout à construire ailleurs. Éclore ici, ce serait dépérir à coup sûr, il n'y a pas assez d'eau pour la maintenir en vie.

N'y touche pas Jayden !

Déjà fait, connard !

Quand j'ouvre la porte, les filles sont en pleine effusion. Ça rit, ça jacasse, ça s'embrasse.

Et moi ?

La petite furie m'ignore délibérément, se fait désirer, me glisse des regards en coin. Tout dans son comportement respire la séduction. Elle croit que je ne sais pas ce qu'elle est venue faire ici, alors que son père m'a rapporté leur dernière conversation il y a deux jours. Elle n'aura pas à me convaincre, la moitié du chemin est déjà fait. Forster a pris contact avec le service de police de Great Falls, et j'ai accepté de rencontré le capitaine Carter qui dirige le bureau d'enquêtes.

Mais c'est OK, j'entre dans le jeu. Je veux bien rester pour quelques heures l'assassin potentiel de mon demi-frère, décidé à embarquer demain à la première heure pour la foire de Pueblo. Je sens que ce week-end va être le meilleur de ma vie. Encore plus transcendant que notre escapade en montagne.

Hailey s'est engouffrée dans l'arrière-cuisine en charriant son sac réfrigéré. J'ordonne d'un seul coup d'œil aux deux femmes de ne pas la suivre. Je vais même jusqu'à me débarrasser de mon stetson sur le comptoir, alors qu'Esperanza déteste ça.

Le frigo est grand ouvert. Hailey a posé son sac de trois tonnes sur le plan de travail. Elle est occupée à trier les ingrédients qui vont au frais.

AU-DELÀ DE TES OMBRES [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant