Mon souvenir perdu (Mein verlorenes Gedächtnis)

Chapitre 12

     Il est sur moi. Il se penche vers l'avant.
Depuis quand ma chambre a une atmosphère aussi écrasante et chaude ?
  Je peux sentir son souffle sur ma peau sensible  lorsqu'il me chuchote à l'oreille :
  "Si tu as mal, tu peux me le dire, mein Kleiner."
Je sens mon estomac se rouler en boule sur lui-même à ses mots doux. Sa voix est roque et l'utilisation de sa langue natale me fait fondre.
C'est désagréable mais agréable à la fois. Je n'ai jamais ressenti cela. Mon corps se contracte et je lâche un petit cri lorsque je sens quelque chose à l'intérieur de moi. Quelque chose qui palpite avec la même intensité que mes battements de cœur.
Attends, comment ça se fait que j'en sois arrivé là ?!
  Mais je ne veux pas que ça s'arrête.
Il est tellement beau et doux. C'est envoûtant. Son torse nue est une si belle vue, lui entièrement nue aussi.
  D'ailleurs, son comportement n'est pas du tout le même que d'habitude. Je ne m'en plains pas, évidemment. C'est bien mieux comme ça.
"Elle n'est pas trop grosse, hein ? Parce qu'avec le petit cul que tu as, on est tellement serré à l'intérieur."
C'était si vulgaire et sensuel à la fois. Sa voix est douce mais remplie de désire refoulée depuis bien trop longtemps.
Je pourrais le supplier pour qu'il continue à me parler comme ça toute la nuit et même les autres jours.

Je me lève brusquement, mes yeux grands ouverts. Je transpire énormément.
Assis sur mon lit, j'essaye de reprendre mon souffle.
  "C'était quoi ce bordel...?" marmonné-je en complète confusion.
Je tourne la tête pour me regarder sur le miroir de mon placard. Je suis tout rouge et dégoulinant. J'ai trop chaud, beaucoup trop chaud pour un matin de printemps. Mon cœur me fait mal tellement il tambourine fort contre ma cage thoracique.
C'était donc un rêve ? Ça semblait si réel...
Ah non, il n'est pas doux dans la réalité.
HEIN ?!
Attends, mais... C'était Bastian ?! Pourquoi j'ai rêvé de lui ?

Vous connaissez la légende qui dit que si l'on rêve de quelqu'un, c'est que la personne pense à vous ?
Et est-ce que vous y croyez ?

Après un bon moment resté au lit à reposer en question ce qu'il vient de se passer, je prends une douche très froide et m'habille pour aller travailler. C'était trop bizarre et réel à la fois.
  Ce rêve, c'était trop... excitant.

Alors que je traversais le seuil du bâtiment de l'entreprise, je sentais déjà un poids lourd dans mon estomac - et ce n'était pas la même sensation que ce matin, c'était déplaisant.
Je ne pourrai plus le regarder dans les yeux après ce que j'ai vu - ou rêvé, à vous de voir.
Je vais directement à son bureau. Comme je ne suis pas venu en avance, pas le temps de traîner dans la salle commune avec les autres.
  Après, ce n'est pas parce qu'on travaille dans la même entreprise qu'on doit tous être amis, pas vrai ? Et puis, ils ont quasi tous l'âge d'un père de famille avec des enfants, ce qui n'est pas mon kiffe du tout. Enfin, je crois.

Je toque à la porte du bureau de Bastian. J'attends.
J'attends encore. Je retoque.
Personne.
Je regarde l'heure sur mon téléphone. C'est l'heure, non ?
  Bah si. Alors pourquoi il n'est toujours pas là ?
"Guten Morgen, Joon !" on s'exclame derrière mon dos.
Je me tourne donc pour faire face à la personne.
"Oh, bonjour, Hans. Vous allez à votre bureau ?
  - Mm oui, mais je ne suis pas pressé d'y aller. ... Bastian n'est pas encore arrivé ? commente-t-il avant de regarder sa montre au poignet. Ça va, ça ne fait que cinq minutes. Si ça dépasse vingt, préviens moi sur le champs. Compris ?" m'ordonne-t-il fermement.
Wow, je ne le reconnais presque pas. En tout cas, je ne l'ai jamais vu comme ça.
  "Oui, d'accord. Je vous mettrai au courant."
Il me sourit, comme pour me rassurer.
Mais de quoi ? Je ne sais pas.
  Puis il reprend son chemin vers son bureau. C'est passé super vite ! C'était trop bizarre.
Je suis sensé m'inquiéter ? Non parce qu'il est devenu très sérieux d'un coup. C'était presque flippant quand tu connais sa nature joyeuse et gaie.