Mon souvenir perdu (Mein verlorenes Gedächtnis)

Chapitre 7

     Six ans déjà. Mes parents m'ont légué la maison parce qu'ils trouvent honteux que je vive dans un appartement et que ça "tâcherait" leur nom. Quant à eux, ils ont très rapidement fait construire un "château" pour leurs petites personnes, avec la même entreprise que celle qui s'est occupée de la maison que j'ai maintenant. Mes parents admirent beaucoup leur travail, de plus parce qu'elle est prestigieuse et offre un travail de qualité.
  Heureusement pour moi, ils ont accepté que je veuille devenir architecte, parce que c'est un métier qui rapporte beaucoup évidemment.
  Cependant, ils ont accepté seulement si je travaillais chez "Eclipse Architects". Mais bon, personnellement, devenir architecte est mon rêve et pas parce que je veux rendre mes parents fiers donc je ne m'y suis pas opposé.
  Pouvoir créer une pièce qui reflète les traits du propriétaire, créer un arbre de paix, créer une salle où seul ton imagination en est les limites, c'est ce que j'admire dans ce métier.
  Bien sûr, ce n'est pas que ça. La vie n'est pas toute rose. Mais ça ne m'arrêtera pas.

"Bonjour... Vous travaillez chez Eclipse Architects...?" demandé-je à un homme en costume cravate noir.
  Il est classe, alors que je ne suis vêtu que d'une chemise et d'un jeans. En soit, c'est déjà ça. Non ?
  Il se retourne et baisse la tête pour me regarder. Quand nos yeux se croisent, c'est comme un choc. On reste un moment à s'observer avant qu'un autre inconnu vienne.
"Hey ! Mein Freund ! Tiens ? Qui es-tu ?"
( 'Mein Freund' = "mon ami" )
  Il passe un bras au dessus des épaules du monsieur en costume cravate.
  De l'allemand ?
  Je regarde les deux inconnus avant de parler à nouveau.
"Vous travaillez chez Eclipse Architects ? J'ai été accepté en tant qu'assistant là-bas."
  Les deux hommes s'échangent un regard de surprise avant de me regarder.
"C'est donc toi ! Suis-nous alors !"
  Et ils commencent à marcher vers un grand immeuble, luxueux à vrai-dire.
  On finit dans le bureau d'un des deux hommes. Celui qui m'a l'air plus énergétique est assis sur la chaise derrière le bureau tandis que l'autre, l'homme en costume noir, est adossé au bord du bureau. Et moi, bah, je suis assis sur la chaise en face du bureau.
"Jisung Joon-ho, c'est ça ?
- Oui, Monsieur.
- Eh bien, moi c'est Nguyen Hans. Je ne suis pas ton mentor mais on sera dans la même équipe !"
  Alors qu'il avait fini sa phrase, il lance un regard à l'autre homme qui était silencieux jusque là.
  L'homme en costume noir tourne ses yeux vers moi. Il est toujours adossé contre la table, s'asseyant presque dessus.
"Ich heiße Förster Bastian. Tu seras mon assistant à partir de maintenant."
( 'Ich heiße' = "je m'appelle" )
  Je grimace presque à son ton froid et rude. Je ne parle peut-être pas allemand, mais je pense avoir compris qu'il se présentait.
Je ne sais pas si c'est moi, mais j'ai l'impression qu'il m'observait intensément pendant qu'il ne parlait pas.
  'Bastian', j'ai l'impression d'avoir déjà entendu ce prénom. Mais où ? Je ne saurais répondre.

  On prend un moment pour que je leur donne quelques informations supplémentaires sur moi. Après cela, Hans nous laisse pour aller faire son travail.
"On se revoit à la pause !", nous dit Hans avant de fermer la porte du bureau.
Je tourne la tête pour regarder Bastian toujours adossé contre la table. Il soupire avant de se pousser vers l'avant et aller s'asseoir sur la chaise derrière le bureau. Il allume l'ordinateur et fait quelque chose dessus.
Je ne saurais dire quoi parce que l'écran n'est pas orienté vers moi.
Soudainement, il tourne l'écran vers moi, un début de plan de l'intérieur d'une maison dessus.
"Ce sera le premier projet sur lequel on travaillera ensemble."
  Je suis confus au début mais je hoche finalement la tête en guise de réponse, observant les plans 3D. On parle ensuite du projet.
Je ne vais pas vous mentir mais c'était un peu désagréable avec son ton monotone et froid. Cependant, il l'était moins qu'avant, peut-être parce que son métier lui plaît et que ça le "ravit" d'en parler.