Chapitre 13

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     Hier soir : Je suis dans l'appartement, sur le canapé comme à chaque fois que je finis une journée de taff. Je me laisse tomber contre le dossier du sofa.
Je suis fatigué - comme d'habitude.
Bon, la fin de journée était moins atroce avec Hans qui emmène mon café préféré.
  D'ailleurs, c'est si surprenant que je retienne des petits détails sur les gens ?
Je veux dire, quand j'ai dit que Joon-ho préférait le lait à la fraise, ils étaient tous les deux stupéfaits et avaient les yeux grands ouverts comme des grenouilles.
Je tire une taffe de ma cigarette avant de prendre une gorgée de bière.
Je ne suis pas quelqu'un de très alcoolique, donc une bière ou deux par semaine me va. De plus, je ne supporte pas trop l'alcool, malheureusement.

Je lâche un long soupire.
Je devrais l'appeler ? Non, je ne suis pas si tendu que ça. Pas besoin de me faire chier à la faire venir et j'ai pas besoin de cette salope - du moins, pas pour l'instant.
  Il faut que j'arrête de penser à elle, elle doit sûrement être avec quelqu'un d'autre en ce moment même.
Je passe ma main sur mon visage vigoureusement, essayant de dégager ses pensées intrusives de ma tête, et ma fatigue au passage.
Ce qui marche, mais seulement pour une minute puisque je me mets à penser au boulot.
  "Il faut qu'on finisse cette simulation et de remplir des papiers pour pouvoir commencer le chantier." pensé-je à haute voix avant de continuer à tuer mes poumons avec ma cigarette.
Ça devrait aller car ce n'est pas le premier projet que je fais seul. Enfin, qui est sous ma direction.
Juste que là, j'ai une paire de bras en plus.
Il se débrouille pas mal d'ailleurs. Bon, il a parfois des difficultés avec l'algorithme mais il a les bases. Il faut aussi lui faire faire marcher ses neurones de temps en temps, lui faire développer son esprit de réflexion.

Il était proche de moi en vrai.
Assis juste à côté de moi. Je me rappelle que je le regardais du coin de l'œil de temps en temps.
  Sa tête était concentrée sur l'écran devant lui. Son corps un peu penché vers l'avant sur le bureau. La faible lumière de l'appareil électrique qui se posait sur ses doux traits du visage. Les clics de la souris suite à la pression de ses doigts fins dessus. La légère brise qui sortait de je ne sais où et qui passait dans quelques mèches de ses cheveux noirs soyeux. Son sweat-shirt qui lui allait à la perfection malgré l'oversizing de celui-ci.
  Ma main picotait tellement je voulais faire un truc mais je me suis abstenu de toutes mes forces.
Ça ne fait que une semaine qu'il est là et il arrive déjà à faire ses preuves. Bon, après, il n'a pas encore à gérer un planning et ne porte toujours pas une tenue "appropriée".
Il est sensé être assistant avant tout. Mais ça devrait être un jeu d'enfant pour lui, je ne suis pas quelqu'un de si occupé que ça de toute façon et ce n'est pas un poste qu'il gardera pour toujours.
Il semble être fragile comme une fille. Sa peau a l'air d'être douce ce qui reflète peut-être sa personnalité. Je suis sûr que s'il avait été une meuf, je n'aurais pas hésité à flirter avec.
  Les asiatiques sont mon péché mignon - mais ça ne veut pas dire que je suis restreint qu'à ces origines.
Règle n°1 : Toujours se permettre l'embarras du choix.
Pourquoi se restreindre alors qu'il y a des milliards de bonnes meufs sur cette planète ? Ce serait du gâchis de ne pas prendre son pied de temps à autre.
Après, à vous de voir si vous voulez gaspiller le peu de temps que la vie vous offre. Chacun ses kiffes.

  Le lendemain, je me réveille. Lentement mais à la fois brusquement. Je garde les yeux fermés un long moment avant de les réouvrir à cause de la lumière du jour qui brûle mes rétines.
Quelle heure est-il ?
Je me redresse et regarde l'heure sur le téléphone qui est sur la table de nuit.
Sept heures quinze.
Sept heures ?! Le putain de réveille ne peut pas faire son boulot et sonner ?! En plus, c'est l'heure pour bosser !
J'ouvre le smartphone et compose le numéro de Hans. Je me laisse tomber sur le matelas et pose mon avant-bras sur mon front, le téléphone à l'oreille.
Mes paupières sont bien collées entre elles. On dirait qu'elles veulent se marier tellement elles ne veulent pas se séparer.
  J'ai un de ces maux de tête. J'ai l'impression d'avoir un marteau-piqueur dans la boîte crânienne. Fais chier.
"Allô ? Hans ? Ouais, c'est Bastian. J'ai trop mal au crâne. ... Mmm, oui. ... Non mais je viens aujourd'hui."
Et je raccroche. Il n'a pas besoin de mon "À toute" puisqu'il me verra aujourd'hui. Il a l'habitude en plus.
Je jette le téléphone sur le plumard et me redresse une nouvelle fois. Je fronce fortement les sourcils.
Il va me laisser tranquille ce mal de crâne de merde ? Pourquoi est-ce que je l'ai même ?
Bon, flemme de comprendre mon corps.
Je me glisse hors du lit et me dirige vers la salle de bain en trombe, vacillant de temps à autre. Je me rince le visage et me change en deux secondes.
Pas le temps de traîner avec le retard que j'ai. Je prends quand même la peine de prendre un comprimé pour calmer la douleur persistante.
Faudra que je le justifie au patron en plus, fais chier. J'ai trop la flemme.

Mon souvenir perdu (Mein verlorenes Gedächtnis)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant