Mon souvenir perdu (Mein verlorenes Gedächtnis)

Chapitre 14

     J'ai décidé de me poser sur le canapé près de la "salle commune". J'ai allumé mon ordi et regarde quelques astuces en ligne pour les simulations 3D, histoire de ne pas attendre en faisant rien.
  Vous allez dire : "Mais tu as fait des études pourquoi tu regardes des trucs en ligne ?".
Eh bien, mieux vaut que j'essaye d'apprendre d'autres choses en plus et par un autre moyen pour être flexible. En tant que futur architecte, on doit toujours être au courant des dernières façons, techniques, ressources, ect...
  Surtout qu'en connaissant Bastian, il m'aurait reproché d'avoir larvé.
  J'aurais pu continuer le modèle de la maison, le soucis est que je n'ai pas le dossier sur mon ordi. Il faudrait le mettre sur une clé USB ou qu'il m'envoie par mail ou encore s'il y a l'option sur son logiciel, qu'il mette en collaboration avec moi.
"Ah t'es là. Je te cherchais." me dit-il.
  Je lève les yeux de mon ordinateur et le regarde.
"Tout va bien ? J'espère qu'il ne s'est pas passé quelque chose de grave.
- Ça va. Le putain de réveil n'a pas sonné et j'ai eu un mal de crâne atroce."
Je fronce les sourcils. Aïe, ça ne devait pas être très agréable, en effet.
  Je ferme mon ordinateur et me lève. Je contourne la table basse pour être juste devant lui.
"On y va ? On a assez perdu de temps sur notre projet.
- Oh, oui. Tu as raison."

Il est beau, vous ne trouvez pas ?
Enfin, je parlais du modèle 3D de la maison.
  Nous sommes assis derrière son bureau, comme hier, à la même place. Ça va être une routine.
  Il fait beau, non ? Je peux même entendre le cuicui des voitures malgré qu'on soit dans une salle fermée. (nda : les voitures ne sont pas des oiseaux, je suis au courant)
  Le bureau de Bastian est sobre. Comme s'il venait d'arriver dans l'entreprise aujourd'hui même. Aucun cadre photo, aucun mug personnalisé hormis une tasse de café d'un noir monochrome, aucune couleur vive.
  Rien de joviale au final.
J'essaye de rester concentré sur l'écran en face de moi et ne pas penser à ce que mon imagination a créé de lui-même avec... Ouais, pas besoin de le préciser. Vous savez de qui je parle.
  Ma peau picote tellement ça me rend mal à l'aise. Et je ressens cette boule au ventre une fois de plus.
  "Tu veux prendre une pause ?
- Euh, je ne sais pas. Comme vous voulez ?
- Bah, je vais faire pause clope. Fais comme tu veux. Tu peux rester ici et continuer ou juste rester assis et rien faire un moment.
- Okay. Bah, je vous suis.
- T'inquiète. Je vais fumer pas trop près de toi."

Il est debout, quasi adossé contre le mur derrière lui. On dirait un antagoniste parfois. Cigarette à la main, la fumée qui tourbillonne autour de lui, lui créant comme une aura intoxicante et tueuse. Au sens propre du terme aussi.
On est juste devant le bâtiment de l'entreprise. Je suis debout non loin de Bastian. Je regarde la ville très animée. Je ne sais pas si je préfère respirer le carburant des voitures ou la fumée du tabac.
En tout cas, je n'aime aucunes de ses options.
D'ailleurs, il a tenu sa promesse, je ne sens aucune trainée venant de sa cigarette.
J'espère qu'il va bien quand même. Son retard a réussi à faire agiter Hans. J'ai eu l'impression que si les vingt minutes dépassaient, il fallait vraiment s'inquiéter. Heureusement que Bastian a passé un coup de fil avant que le temps ne soit écoulé.

"C'est bientôt l'été, non ? Tu n'as pas chaud avec ton sweat à capuche H24 ?
- Non ? Enfin, si. ...Un peu mais ça va.
- Ok, ok."
Je glisse mes mains dans la poche de mon sweatshirt. Je me racle légèrement la gorge, un peu embarrassé. Je ne le regarde pas, comme depuis qu'il est là au fait. Mon regard est posé partout sauf sur lui. Je n'ose toujours pas le regarder à cause de ce qui c'est passé.
  C'était trop bizarre.
Et même si je préfère lécher le sol des toilettes plutôt que de l'avouer à voix haute, j'ai pas mal apprécié ce rêve...
(Ayez la réf de : "Je préfère lécher le sol des toilettes plutôt que d'embrasser cette fille bizarre" - Lincoln Loud)