Les corbeaux dans le ciel, tome II

Les rayons lumineux

Monaco, Maison des Nal

Cela faisait deux jours que nous étions à Monaco dans une autre maison des Nal. Les révélations d'hier m'ont énormément retourné. Je n'aurai jamais pu imaginer qu'Hiro était la personne qui m'avait sauvé à mes 17 ans. Ma mémoire a tendance à me faire défaut pour tout ce qui concerne les événements douloureux ou traumatisants. Mais je crois comprendre que le destin fait son œuvre en me permettant de revoir de nouveau les Nal. Comment cela aurait-il pu être prévisible ? Le fait que mes parents reprennent contact avec les Nal n'était absolument prévisible et pourtant, me voilà chez eux.

-« Bien. Nous allons pouvoir commencer et vous donner les nouvelles dont nous vous avons parlé hier Lucia. »

Je me redresse sur ma chaise en hochant la tête. Nous étions dans la salle de réunion de la maison. Jenny, Abel, son petit frère, Hugo, Tommy et June sont là. Monsieur Nal est au bout de la table accompagné d'Hiro. Monsieur Nal ouvre un papier et le pose ensuite sur la table.

-« Tes amies Élise et Prune sont actuellement à Drancy. Elles doivent partir en convoi très prochainement. » Je me raidis et je serre mon étole aussi fort que je le peux dans mes mains. « Elles ont été dénoncées par Terrence et sa famille il y a trois mois mais elles ont réussi à se cacher pendant un certain temps. »

Je mordille ma lèvre inférieure en baissant la tête. Les savoir là-bas, seules, en danger me terrorise.

-« Est-il possible de faire quelque chose ? » je demande en plongeant mon regard dans celui de Monsieur Nal puis dans celui d'Hiro.

-« Nous allons tout faire pour les récupérer mais ce ne sera pas simple. Nous n'avons pas beaucoup de temps. »

-« Dites moi quoi faire, et je le ferais. »

-« Lu... C'est une mission qui s'annonce dangereuse et complexe. Nous n'allons pas pouvoir les exfiltrer. Cela serait trop flagrant que deux de tes amies connues puissent sortent par coïncidence. » Ma jeune sœur me regarde, un air triste au visage.

Il est vrai qu'il est de notoriété publique que nos familles sont proches. Et il est également connu que nous sommes de grandes amies.

-« Dans ce cas, je vais en discuter directement avec la femme du général. Je parviendrais à l'atteindre de cette façon. »

-« Lucia, c'est ... »

-« Non. » Hiro me regarde et refuse catégoriquement sans que je ne puisse dire quoi que ce soit d'autre.

-« Comment ? » je le regarde en fronçant les sourcils.

-« Sais-tu comment cela se passe lorsqu'une femme a une faveur à demandé au général ? » June me regarde et m'interroge.

Je me contente de faire « non » de la tête en les regardant un par un.

-«Un échange n'est pas gratuit, il ne l'est jamais. »

Je regarde June et je retombe contre le dossier de ma chaise. Bien sûr. À quoi pensais-je bêtement et naïvement ? Je suis terriblement stupide.

-«N'a t-il pas d'autres alternatives ? » Jenny regarde Monsieur Nal, inquiète.

Je me perds une nouvelle fois dans le vague, le vide. Il faut que j'aide mes amies. Il est hors de question de rester sans rien faire. Deux mains sur mes épaules me ramènent à la réalité.

-«Je vais passer un coup de fil au général. Nous verrons ce qu'il demande en échange. » Monsieur Nal se redresse et sort de la pièce .

-« Ce sera donc toujours comme ça ? » Le groupe se tourne vers moi et je me lève. « Je n'aurai jamais la possibilité d'aider concrètement qui ce soit. »