Cinq | Départ pour l'Égypte

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Le problème avec les vacances, c'était qu'elles ne duraient jamais longtemps. D'une manière ou d'une autre, il fallait qu'elles trouvent un moyen de se finir. Et aujourd'hui, elles se terminaient pour Bill.

Debout dans le hall des départs pour l'étranger, au sein du Ministère de la Magie, Bill attendait qu'on l'appelle pour le Portoloin destiné à amener des sorciers en Égypte, au sein du Ministère magique égyptien - que l'on disait caché au sein du Caire. Molly et Arthur avaient du mal à laisser partir leur fils aîné tandis que Charlie et Percy hésitaient entre laisser leurs émotions sortir au grand jour et jouer la carte de l'indifférence. Fred et George, quant à eux, voyaient en ce départ une porte ouverte sur des commerces étranges où leur aîné pourrait se promener afin de leur envoyer quelques bricoles à même de les amuser ou d'être utiles à leurs farces et attrapes. Ron, lui, tenait la main de Ginny, les deux plus jeunes ayant encore un peu de mal avec les concepts de départ, d'absence et de longue distance.

Et Olivia, elle, était un peu à l'écart de la famille Weasley, se demandant ce qu'elle faisait là et pourquoi est-ce qu'ils avaient insisté pour qu'elle soit là. Elle ne savait pas quoi faire de ses mains, les passant dans ses cheveux pour remettre des mèches en place ou triturant les manches de son gilet en laine léger. Elle était perdue entre la sensation d'être une étrangère et celle de faire partie de cette drôle de famille.

— Tu as bien toutes tes affaires, n'est-ce pas ? insista Molly en tenant les joues de son grand garçon. Ça serait fâcheux qu'il te manque une paire de chaussettes.

— Très fâcheux, en effet, ricana Fred.

— Une épreuve insurmontable, ajouta George.

— T'imagines ? Annuler son départ pour une paire de chaussettes !

— Il ne manquerait plus qu'il ait oublié un caleçon et ça serait le drame !

— Mais vous ne voulez pas arrêter un peu ? s'agaça Percy en se tournant vers les jumeaux.

— Non, pourquoi ? sourirent les copies-doubles en le regardant, un immense sourire aux lèvres.

Charlie s'approcha d'Olivia, amusé par le comportement de ses cadets, et se pencha vers la jeune fille pour pouvoir lui chuchoter quelque chose sans se faire entendre alors que le flot de voyageurs brouillait déjà assez bien l'audition de toute oreille suspecte.

— Rappelle-moi comment tu fais pour les supporter, pour voir ?

— Une bonne dose de patience, une cuillère de loyauté, quelques paillettes de magie, et un regard menaçant de temps en temps, répondit aussitôt la Poufsouffle.

— N'y aurait-il pas aussi une goutte de capacité à être dans le déni quand ça t'arrange ? rit l'adolescent.

— Ah, peut-être...

Les deux se regardèrent et échangèrent un sourire amusé avant de se reconcentrer sur le reste de la famille Weasley dont les membres disaient au revoir à Bill chacun à leur tour. Ginny fut la première à recevoir son câlin, se faisant porter par son frère aîné pour recevoir un bisou sur la joue. Puis vint le tour de Ron une fois que la fillette fut posée à terre. Les deux frères se promirent de s'écrire aussi régulièrement que possible. Fred et George, après plusieurs longues secondes de réflexion, acceptèrent l'étreinte de leur aîné, refusant d'admettre que cela leur faisait quelque chose de le voir partir à l'étranger. Percy se contenta d'une accolade, le visage impassible même si Olivia jurerait avoir vu son regard briller de larmes. Bill et Charlie s'étreignirent avec force pendant plusieurs secondes avant de se lâcher.

Molly et Arthur échangèrent un long câlin avec leur premier-né, murmurant des dernières recommandations, ayant du mal à se faire à l'idée que le départ de Bill allait faire débuter une longue suite de départs - Molly jeta d'ailleurs un regard à Ginny, comme si elle l'imaginait déjà quitter la maison après Poudlard, chose qui n'arriverait que dans une bonne dizaine d'années.

— Départ pour l'Égypte dans cinq minutes ! annonça un agent du Ministère en rangeant sa montre à gousset dans la poche de sa veste. Veuillez vous tenir prêts pour le départ !

Alors qu'Olivia s'attendait à voir l'aîné des Weasley prendre sa valise pour se diriger vers le Portoloin qui allait partir pour le pays des pyramides, elle fut surprise lorsque le jeune homme vint l'enlacer pour lui dire au revoir à elle aussi.

— Bill ? murmura-t-elle, hésitante.

— Quoi ? Toute personne capable de supporter les jumeaux fait partie de la famille, sourit l'homme en la lâchant.

— Mais on ne se connaît pas depuis si longtemps que ça. Je ne comprends pas pourquoi tu-

— C'est comme ça avec nous. Tu t'y feras vite.

Bill empoigna sa valise, mettant sa main libre dans la poche de son pantalon. Il s'apprêtait à se diriger vers la zone d'où le Portoloin allait partir quand il se souvint qu'il voulait encore ajouter quelque chose à sa conversation avec la jeune fille.

— Tu voudras bien veiller sur les jumeaux pour moi ? Vu que Charlie va davantage penser à les intégrer à l'équipe de Gryffondor, et que Percy préfère ses études... Et Ron et Ginny sont trop jeunes pour prendre soin de leurs aînés, de toute façon ce n'est pas leur rôle. Alors je me suis dit que...

— Je le ferai, répondit doucement Olivia avec un sourire, jetant un regard aux Weasley qui s'apprêtaient à quitter le Ministère pour retourner dans la Ford Anglia du patriarche afin de rentrer au Terrier.

— Merci, fit le jeune homme avant de la saluer d'un petit signe de tête et de se diriger vers le Portoloin qui allait partir.

La noiraude alla rejoindre la famille Weasley et tous regardèrent Bill poser sa main libre sur le Portoloin. L'objet, un vieux chapeau élimé, se mit à briller de plus en plus intensément. Quelques secondes plus tard, le temps d'un clignement de paupières, le Portoloin disparut, emmenant ses voyageurs vers l'Égypte, un pays loin de la Grande-Bretagne, un pays où le soleil était aussi courant que la pluie en Angleterre.

— Vous pensez qu'il a oublié une paire de chaussettes, du coup ? demanda Charlie en souriant.

— Je parierais davantage pour un caleçon, ricana Fred.

— Peut-être même des chaussettes et un caleçon, ajouta George au plus grand désespoir de Percy et Molly.

A tous nos étés || Harry PotterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant