Louna resta stupéfaite sur le seuil de sa maison. Elle n'avait pas compris ce qui avait pris au policier. Pourquoi s'était-il ainsi précipité dans sa voiture ? Non rassurée, elle rentra et ferma sa porte à clé. En attendant qu'il revienne – s'il revenait –, elle se pelotonna sur le canapé et alluma la télévision : elle avait besoin de regarder un drama coréen romantique qui lui permettrait de s'évader un court moment de sa réalité menaçante.
***
Le lieutenant fonçait aussi vite qu'il le pouvait dans un quartier résidentiel. Il restait concentré sur le motard qui avait accéléré après le virage. Bientôt ils allaient déboucher sur l'avenue de la Vallée qui, elle, serait plus fréquentée. Il fallait absolument qu'il l'arrête avant. Il avait donc déclenché sa sirène, le sommant de se mettre sur le bas-côté. Ce que fit ce dernier.
Le policier se gara derrière la moto et descendit de son véhicule, sur ses gardes.
Le suspect, debout à côté de son engin, avait enlevé son casque. La perplexité se lisait sur son visage.
Marchal eut soudain un doute. L'homme ne ressemblait pas vraiment à la description du motard recherché. Il devait avoir dans la quarantaine, était un peu bedonnant, et surtout n'avait aucune cicatrice au bras gauche.
— Euh... je roulais trop vite ? bredouilla-t-il.
— Bonjour. Vos papiers, s'il vous plaît. C'est juste un contrôle de routine, se justifia Marchal voulant se donner une contenance. Vous vivez dans le quartier ?
— Non, pas du tout. J'ai apporté un document à un collègue qui n'habite pas loin, répondit-il en tendant ses papiers.
Marchal les examina puis les rendit à leur propriétaire.
— Très bien. Et est-ce que par hasard vous auriez vu dans ce quartier une autre moto, similaire à la vôtre ?
— Non... En fait, je n'ai pas vraiment fait attention. Mais comme ça, je dirais que non. Je l'aurais remarquée, je pense. Il y a un problème ?
— Ce n'est rien. Vous pouvez y aller.
Le lieutenant était déçu. Il aurait bien mis la main sur ce fameux motard. Ça aurait bien fait avancer l'affaire. Tant pis.
Son téléphone vibra. Une notification indiquait qu'il s'agissait d'un message de son collègue, Michel.
Michel
On a les résultats de l'autopsie
Le lieutenant lui répondit aussi sec de les lui envoyer via le réseau Intr@net. Il ne fallut que quelques secondes pour les recevoir. Il décrypta le fichier puis lut les résultats. Ils confirmaient malheureusement son intuition.
Il ferma son téléphone puis remonta en voiture. Il allait devoir en faire part à Louna – même s'il n'était pas censé les lui communiquer. C'était une question de vie ou de mort. Et deux morts suffisaient – s'il n'y en avait pas d'autres dont ils n'étaient pas encore au courant.
Arrivé devant chez Louna, il respira un grand coup avant d'appuyer sur la sonnette de la porte d'entrée.
Louna lui ouvrit, l'air endormi.
— Vous n'avez pas verrouillé votre portail ni vérifié qui sonnait, la gronda-t-il en pénétrant dans le salon.
— Oups... Désolée. L'habitude, balbutia-t-elle en refermant derrière lui.
— Bon, j'ai reçu les résultats de l'autopsie de Pichon. Et je sais que je vous ai dit qu'ils restaient confidentiels en ce qui vous concernait. Mais j'ai changé d'avis. Alors, ne le criez pas sur les toits, OK ?
— Oui, oui... Je vous le promets, affirma-t-elle tout à coup inquiète.
— Comment vous dire ça... D'après les photos et l'analyse du médecin légiste, il est clair que le pauvre vieux a été torturé. Mais ça, vous vous en doutiez. Par contre, maintenant, on est pratiquement sûr d'avoir affaire à un professionnel. Et ce n'était définitivement pas sa première fois. Je vous passe les détails, mais apparemment il cherchait à faire parler la victime, et il y a pris plaisir vu l'état du squelette. Ils ont découvert de l'ADN humain dans la gueule du chien. Il a dû mordre le tueur. Ce qui nous arrange. Mais pour le moment, on n'a trouvé aucune correspondance dans notre base de données. Donc retour à la case départ, ou presque, nous ne savons toujours pas de qui il s'agit et ce qu'il cherchait exactement.
Louna blanchit. Ses jambes lâchèrent et elle s'écroula sur le carrelage.
Aïe, j'y suis allé un peu fort...
Marchal la rattrapa avant que sa tête ne touche le sol. Louna était consciente mais semblait déconnectée de la réalité. Il la souleva et l'allongea sur le canapé, puis alla remplir d'eau fraîche son verre qui se trouvait sur la table basse.
— Tenez, buvez. Ça vous fera du bien, dit-il en le lui tendant. Je suis désolé d'avoir été aussi direct. Mais je pense qu'on ne devrait pas perdre plus de temps. Je crois sincèrement que vous êtes en danger. Prévenez vos parents. Si vous restez ensemble, le tueur ne pourra rien contre vous et...
— Quoi ? Vous voulez que je leur dise qu'un tueur est peut-être à mes trousses ? Hors de question. On n'en est même pas sûrs. Non, je ne peux rien dire à mes parents. Ils sont déjà assez inquiets comme ça. Vous m'avez conseillé soit de rester enfermée à clé, soit de ne pas sortir seule. Alors, je suivrai vos conseils. J'ai un ami qui est ceinture noire en taekwondo. J'ai moi-même quelques bases. Et puis j'ai mes deux autres amis que vous avez interrogés après l'incendie. Donc, non, je ne dirai rien et mes amis me protégeront. J'en suis sûre.
— Je comprends, Louna. Mais on a sûrement affaire à un tueur professionnel, pas juste un petit voyou que quelques prises de judo mettront à terre.
— Taekwondo, pas judo..., glissa Louna légèrement agacée.
— OK, taekwondo... Mais vous comprenez ce que je veux dire.
— Oui... J'ai bien compris. Vous vous inquiétez pour moi et je vous en remercie. Mais depuis mon accident, je vis dans la peur. Et je ne sais pas pourquoi. Aussi, j'y ai réfléchi longuement et je me suis dit que ça suffisait. Je ne peux pas rester ainsi. Au départ, je ressentais tout ça comme une malédiction, une fatalité. Mais en fait, ce n'en est pas une. Je dois affronter mes démons. C'est pour cela que j'ai commencé mes recherches et que je suis tombée sur Lejeune et Pichon... Oh mon Dieu ! M. Lejeune ? Il n'est pas...
— Non, non ! Ne vous inquiétez pas ! Il est bien vivant ! Mes hommes l'ont interrogé. Mais il n'en savait pas plus que ce qu'il vous a dit et que ce que vous avez noté dans votre journal. Donc, je ne pense pas qu'il y ait lieu de vous en faire pour lui.
Louna se sentit soulagée, mais quelque chose lui échappait encore. Mais quoi ?
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L'ÉCHO DES CAUCHEMARS
Misterio / SuspensoLouna, 18 ans, voit sa vie basculer lors d'une randonnée. Elle se réveille à l'hôpital sans se souvenir de ce qui lui est arrivé. Depuis ce jour, ses nuits sont hantées par des cauchemars terrifiants de poursuites et de peur de mourir. Mais est-ce d...