L'ÉCHO DES CAUCHEMARS

24- C'était moins une

Paniquée, Louna se releva en regardant tout autour d'elle. Il n'y avait aucune fenêtre, juste des murs et un vasistas au-dessus de la baignoire donnant sur l'extérieur. Mais pas assez large pour qu'ils puissent passer.

Marc, qui avait su garder son sang-froid jusque-là, cria à son tour :

— Faut trouver une autre issue ! Vite ! Mouillez une serviette et protégez-vous le visage avec ! Vite ! Faites ce que je vous dis, MAINTENANT ! s'époumona-t-il en les voyant figés.

Evan et Lou se ruèrent sur des serviettes posées sur un petit placard à droite du lavabo, les imbibèrent d'eau et les plaquèrent sur leur nez. Louna en passa une à Marc qui se précipitait déjà vers la pièce d'à côté dont la porte était fermée. Il tenta de l'ouvrir, poussa, mais rien n'y fit. Ses amis se jetèrent également contre elle. Toujours rien. La fumée gagnait du terrain. Dans quelques minutes, elle aurait envahi tout le couloir. Ils avaient du mal à respirer malgré les serviettes humides. Sortir de cet enfer devenait vital.

Marc les écarta sans un mot, se plaqua contre le mur, face à la porte, leva la jambe et donna un grand coup de pied à plat. Toujours rien. Il sentait que quelque chose la bloquait – un meuble peut-être. En l'espace de deux secondes, il pria pour que ce ne soit pas le cas. Plein d'espoir, il réitéra ses coups de pied, une fois, deux fois, trois fois. La quatrième fut la bonne. La porte éclata et projeta la chaise qui avait été mise sous la serrure. Heureusement, ni l'une ni l'autre n'étaient bien solides.

Ils poussèrent tous un cri de soulagement et se ruèrent vers l'unique fenêtre. Marc l'ouvrit et laissa passer ses deux amis qui se jetèrent littéralement à l'extérieur, crachant leurs poumons à cause de la fumée.

Ils s'éloignèrent de la maison que l'incendie avait pratiquement détruite. Ils étaient tétanisés. Seul Marc eut la présence d'esprit de saisir son téléphone – heureusement intact – et d'appeler les pompiers.

Evan était assis par terre, les genoux relevés et la tête entre ses jambes. Son corps se balançait d'avant en arrière.

— Mon Dieu ! Monsieur Pichon ? hoqueta Louna, tout en tentant de reprendre son souffle.

Personne ne broncha, les yeux rivés sur le chalet qui s'abandonnait aux flammes.

Le regard de Louna glissa sur la gauche de la maison. Les larmes se mirent à couler à flots sur ses joues noircies : un berger allemand gisait sur une sorte de tôle en métal, une blessure profonde sur son flanc droit. Ses yeux étaient vitreux.

Sa gorge se noua de chagrin, puis elle vomit le peu qu'elle avait ingurgité le matin même.

***

Fuck ! Ils s'en sont sortis ! Tous. Sans exception.

Ça n'allait pas plaire au Capo. Lui qui réussissait toujours ses missions. Mais ce n'était pas de sa faute. Il le savait pertinemment. C'était la faute de ce con d'Enzo qui lui avait donné le sale boulot à faire, qui lui avait ordonné de nettoyer leurs conneries derrière eux.

Et tout ça pour pas grand-chose. Le vieux n'avait rien vu d'incriminant, et la fille était encore en vie. L'autre aussi d'ailleurs. Et ça, ça le contrariait beaucoup. Et si la fille venait à se rappeler quelque chose ?

Il réfléchit et réalisa que finalement, il s'en foutait. Après tout si elle retrouvait la mémoire, il ne risquait rien vu qu'il n'était pas là ce jour-là... Il n'y avait qu'Enzo et Costa de présents sur les lieux. Alors, pourquoi s'en faire ?

Rassuré, il enfourcha sa moto et s'éloigna au plus vite de cet endroit qui commençait à grouiller de flics.

***

Il n'aurait jamais dû accepter cette mission. Il s'était pourtant juré d'en sortir... Mais au moment de la refuser, il avait hésité et s'était dit que ce serait la dernière. Oui, la dernière. Il s'était déjà dit ça, la fois d'avant. Et tout s'était bien déroulé.

Mais là, il n'était plus aussi sûr de lui.

— Et si cette fois, ça foirait ? marmonna pour lui-même Costa.

Note d'auteur :

En fait, les trois derniers chapitres (22-23-24) n'en formaient qu'un à la base.