L'ÉCHO DES CAUCHEMARS

42- Un jour...

Costa n'avait pas le choix. Du moins, c'est ce qu'il avait laissé entendre à Enzo. L'avait-il cru ? Il n'en était pas sûr. Mais il devait agir rapidement, car devenir un meurtrier ne faisait pas partie de ses plans. Non. Il en avait d'autres ; même si certains lui semblaient irréalisables. Mais avant tout, il comptait regagner sa liberté : ne plus dépendre d'une organisation criminelle, se libérer de ces chaînes qui le retenaient depuis trop longtemps, des chaînes qui entravaient ses buts, son but. Il voulait en finir, et vite !

Attablé devant un café dans sa petite cuisine, ses pensées revinrent à ce foutu dimanche où tout avait commencé à partir en vrille :

Alors qu'Enzo suspendait le bleu au-dessus du vide, il s'était senti mal, très mal. Ce n'était pas prévu ! Enzo lui avait dit qu'il lui ferait juste peur... Mais là, ça allait trop loin.

Il sursauta lorsque son téléphone vibra dans sa poche arrière de jean. Il décrocha et reconnut la voix autoritaire du supérieur d'Enzo.

— Putain ! Vous foutez quoi ? Enz' répond pas !

Il allait répliquer au moment où Enzo lâcha Robin dans le vide.

— NON ! POURQUOI T'AS FAIT ÇA ?

Un craquement sec derrière lui l'interrompit. Il se retourna brusquement et perçut un mouvement. Il entraperçut une silhouette avec une queue de cheval blonde disparaître en courant dans le virage du sentier.

Merde ! Quelqu'un nous a vus !

— Y'a quelqu'un ! cria-t-il à son partenaire.

— Rattrape-le ! lui hurla l'autre. Et occupe-toi de lui ! VITE !

Il obéit illico et se mit à poursuivre la fille car, pas de doute, c'était une fille.

Putain ! Qu'est-ce qu'elle fait ici, à cette heure ?

On leur avait pourtant indiqué cet endroit comme désert à cette heure-ci.

Il courut après elle aussi vite qu'il le put étant donné la pente et le sol glissant. Il avait du mal à la rattraper. Elle semblait plus sportive que lui. Pourquoi lui ? Il n'avait rien demandé ! Du moins, il ne voulait pas en arriver là.

Un chien aboya au loin. Surpris, il se retourna, dérapa sur des feuilles de pin et se ressaisit de justesse.

Il remit son attention sur le chemin : la fille avait disparu.

Fuck !

Il regarda autour de lui ainsi qu'en bas du ravin qui bordait le sentier et se demanda si elle ne serait pas passée par là.

Le chien aboya de nouveau et sembla se rapprocher. Il entendit une voix appeler l'animal : « MAJOR ! Reviens ! »

Il jeta avec regret un dernier coup d'œil puis décida de rejoindre son collègue.

Merde ! Faut qu'on se casse avant qu'il n'y ait d'autres témoins.

Énervé et ne sachant pas comment annoncer ça à son complice, il fit demi-tour tout en vérifiant les bas-côtés.

C'est drôlement pentu ici.

Et si elle n'était pas passée par un de ces sentiers ?

C'est à ce moment-là qu'il aperçut quelque chose au sol, sur sa gauche, planqué à moitié sous des branches de pin mortes. Il s'approcha de l'objet, se pencha et découvrit une casquette rose pâle au logo L'Aventure avant tout.

Yes ! C'est sûrement celle de la fille !

Il lui semblait bien qu'elle en avait une. Il la ramassa, la retourna ; un nom était brodé à l'intérieur : Louna R. C'était toujours ça !

Au moins, il ne revenait pas les mains vides.

Costa secoua la tête pour en chasser ses souvenirs. Depuis, il avait changé. Jusqu'à ce fameux jour, il avait été un peu paumé et n'avait fait que suivre les ordres, quels qu'ils soient, même s'ils frôlaient l'illégalité. Jamais on ne lui avait ordonné de tabasser quelqu'un, encore moins de tuer. Bien sûr, il avait déjà touché un flingue, il avait même menacé une personne avec. Mais il avait tellement flippé ce jour-là, qu'il avait toujours fait en sorte de ne pas avoir à s'en resservir.

Tout ce qu'il voulait à l'époque était de survivre et de gagner du fric, pour pouvoir un jour voler de ses propres ailes. Un jour... Mais pas maintenant. Et pourtant, il allait devoir trouver une solution rapidement, car il ne pouvait plus continuer ainsi.

Il s'efforça de réfléchir à la manière dont il allait s'y prendre, pour s'en sortir indemne.