37- Électrochoc

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Une fois au commissariat, Bussy ne perdit pas de temps à exécuter les instructions de son collègue. Ce dernier lui avait également demandé d'appeler le médecin légiste et de le « pousser au cul » pour avoir les résultats « hier ». Ce que fit Bussy ; ce qui ne plut pas beaucoup à l'expert médico-légal qui lui raccrocha au nez en râlant que c'était toujours la même chose et qu'il ferait au mieux, « comme d'hab' ».

Bussy le connaissait bien et savait que, même sous ses airs grognons, le médecin ferait tout pour leur donner son analyse avant la fin de la journée.


Ce n'est que vers 20 heures que les résultats arrivèrent. Bussy, tendu et fatigué, apporta le document à son collègue.

Marchal le parcourut et releva la tête.

— Je suppose que tu l'as lu. (Bussy acquiesça, les sourcils froncés.) OK... J'avais donc vu juste... Robin a bien été assassiné.

— Ouais... et c'est pas jojo. Il a dégusté, le pauvre : une jambe cassée, des côtes fracturées, la mâchoire démise, et j'en passe. La chute y est sûrement pour quelque chose, mais y a pas photo... le gars a été rossé avant. Le tueur devait vouloir une info. Finalement, sa chute a dû sonner comme une libération pour lui...

— Mouais. Je ne sais pas ce qu'il attendait de Robin ni jusqu'où celui-ci était impliqué, mais ça pue. Et même très mauvais.

— Au fait, t'as appelé l'OCL ? lui demanda Michel.

— Yep. Et comme prévu, il y a eu rétention d'infos. Je leur ai résumé l'affaire et ils vont m'envoyer des dossiers cryptés. Ils m'ont rien confirmé clairement, mais je suis sûr qu'ils savaient qu'il y avait des mafieux chez nous. On va devoir creuser encore plus profond... Et toi, t'as des nouvelles de Fred et Nico ?

— Non, je vais me renseigner. Ça me dit rien de bon, tout ça... Tu crois pas qu'on devrait protéger la fille ? Je l'sens pas. Elle a dû voir quelque chose qu'il fallait pas.

Marchal se frotta le menton et approuva :

— Envoie une voiture en planque. Juste pour deux, trois jours.

— D'ac, je m'en occupe de suite. Et je te tiens au courant dès qu'il y a du nouveau concernant les jumeaux.

Marchal se replongea dans ses notes. Une notification l'avertit qu'il avait reçu les documents attendus de l'OCLCO. Il s'empressa de les décrypter et de les parcourir.

Aucune surprise : les informations dataient d'un moment et ne l'éclairaient pas plus. Ils ne devaient pas vouloir que le SRPJ marche sur leurs plates-bandes. Mais même s'il savait pertinemment qu'il y avait du trafic de drogue dans le quartier de Robin, le quartier Saint-Jacques en était plutôt la plaque tournante à Clermont-Ferrand. Ça avait fait pas mal de bruit en décembre dernier. Alors, qu'est-ce que les types de la mafia viendraient faire sur Croix-de-Neyrat ?

N'ayant pas de nouvelles de Michel, il prit son téléphone et appela directement Fred, qui décrocha dès la première sonnerie.

— Oui, patron ?

— Je n'ai pas reçu votre rapport concernant les jumeaux. Pourquoi ?

— Désolé, patron. On vient de rentrer avec Nico et on vous fait ça tout de suite.

— C'est OK. Résume-moi rapidos avant. Vous avez appris quelque chose d'autre ?

— Ça se pourrait, répondit Fred avec un sourire dans la voix. Il se trouve qu'il n'y a pas vraiment eu de castagne avec les jumeaux. Et ils n'ont aucun lien avec la drogue. Pas des anges mais pas des dealers, sûr. Ça n'a pas été facile de les faire parler mais ils nous ont lâché un nom : « Enzo Marino ». Lors de leur altercation, l'un deux a piqué son portefeuille. Le gars n'y a vu que du feu. Heureusement pour eux d'ailleurs, car perso je m'y frotterais pas. Et plus tard, en prenant l'argent, ils ont vu son nom sur sa carte d'identité. Par contre, pas de bol, ils ont jeté le reste dans une des poubelles du quartier. Et bien sûr, celles-ci ont déjà été ramassées.

L'ÉCHO DES CAUCHEMARSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant