CHAPITRE 4 : Grand Prix d'Australie - Louis

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J'arrive au paddock cette fois-ci tout seul, il doit être dans les alentours de 6 h 30, quelque chose comme ça quand je dépose mes affaires. Je suis venue de mon plein gré aussi tôt, car je devais me changer les idées. Je ne sais pas ce qu'il se passe en ce moment dans ma tête, mais c'est un vrai foutoir. Depuis le Grand Prix en Arabie Saoudite, je ne pense qu'à ça et franchement, je ne passe pas un bon moment. Je devrais être heureux, faire la fête et tout ce qui va avec, mais je ne sais pas, j'ai la tête ailleurs. Je me lève, je pense à ça, je mange et je dors en pensant à ça et franchement, je ne comprends pas. Je suis censé le détester pas penser à lui comme ça toute la journée, ce n'est pas possible. Il faut vraiment que je me change les idées.

C'est pour ça qu'il y a un bougre sur le circuit en train d'allumer la piste pour on ne sais quelle raison. Il faut que je me change les idées, donc pour remédier à ça, je travaille. Je pense aux courbes à prendre, aux possibles stratégies, aux possibles déroulements de la course, les chicanes à prendre au bon moment, les bonnes trajectoires. Vraiment, on pourrait me prendre pour un fou, là en plein milieu d'un circuit.

Je m'allonge sur la piste, et je décide enfin de me laisser tranquille un peu. Comment j'ai pu en arriver là ? Enfin, je veux dire, parmi toutes les personnes que je connaisse, il a fallu que ce soit lui. En y réfléchissant bien, ce n'est pas si anodin que ça. Je pensais que j'avais enfoui ce "sentiment" au plus profond de moi et que j'allais pouvoir continuer comme ça, dans le déni, et puis basta. Je m'étais même persuadé que ça allait marcher, mais bon faut croire que ça n'a pas été le cas.

Zacharya O'Neil. Putain de Zacharya quoi.

Je le connais depuis mes années en karting et au début, on s'entendait super bien, et oui les apparences sont parfois trompeuses. On passait tout notre temps sur la piste donc il fallait bien qu'à un moment, on se rapproche. On devait avoir 8 ans au début et on était vraiment inséparable. Certes, en compétition, on se cherchait énormément, mais on savait tous les deux qu'on allait se partager notre goûter en sortant du circuit. Mes parents, cette année-là, avaient emménagé en Irlande pour le travail de mon père et moi, j'avais commencé à m'intéresser au sport automobile surtout la Formule 1. C'est donc en 2010 que j'ai intégré les programmes de jeune karting et par la même occasion rencontré pour la première fois Zacharya. Tout se passait bien, les années passaient et notre amitié était toujours autant solide. Sur la piste, on faisait que se battre pour la première position et la majeure partie du temps, c'était lui qui gagnait.

C'est en 2017 que tous ces corsets, on avait tous les deux 15 ans à ce moment-là et notre carrière de pilotes devenait de plus en plus importante. Malheureusement entre nous les relations n'étaient plus trop les mêmes, je commençais à développer des sentiments autres que ce que je pensais être comme de l'amitié et je voyais bien que ce n'était pas réciproque. On avait été tous les deux repérés par une très grosse académie anglaise qui nous voulait ensemble. Bien sûr, on a tout de suite accepté de la rejoindre, même si moi, j'étais un peu réticent face à cette idée du fait de mes "sentiments" qui me gênait plus qu'autre chose. On a donc commencé notre année en formule 4 en 2018. Les premières courses, tout se passait la plupart du temps bien, même si je commençais à m'éloigner de lui pour mon bien et le sien. Je voyais parfaitement qu'il avait remarqué un changement de comportement, mais ça n'avait pas l'air de le déranger plus que ça étant donné qu'il était pote avec quasi tout le monde. J'étais jaloux, bien sûr et malheureusement, mes émotions ont pris le dessus. Un jour, on s'est gravement disputés. Je lui reprochais des choses que lui aussi me reprochais ce qui faisait qu'on était dans un discours de sourd.

Il trouvait que je m'éloignais de plus en plus de lui et il ne comprenait pas pourquoi j'avais changé comme ça du jour au lendemain. Je n'arrivais pas à lui dire ce que j'avais sur le cœur, aucun mot ne voulait sortir de ma bouche. Je savais à ce moment-là qu'il commençait à s'énerver, mais encore une fois, aucun mot, rien ne sortait de ma bouche. Il s'énervait et la seule chose que j'ai pu lui dire a été "De tout façon que je te dise ce qu'il se passe ou pas, tu n'en as rien à faire de ma personne. " Son regard avait complètement changé, j'y voyais du mépris et de la tristesse en même temps. Je savais très bien que c'était mon ego qui avait parlé en premier et que sur le coup de la colère, ses mots étaient sortis. J'aurais pu le rattraper quand il est parti, mais je n'ai rien fait et suis resté là où j'étais.

Premier virageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant