Fire in the soul

Chapitre 3

            🎶 Natasha Blume – Black Sea🎶

ANNA

Seize longues heures que je suis en route vers la Virginie. Partie dans la fraîcheur du matin depuis l'Oklahoma, je commence à ressentir la fatigue qui m'envahit peu à peu, malgré l'angoisse qui parvient à me maintenir éveillée depuis un moment déjà. Les révélations de Ted sur les trappeurs d'âmes tourbillonnent dans mon esprit comme un cauchemar éveillé. Ils existent... Au fond de moi, je crois que je l'ai toujours su, même si je nié l'évidence. L'admettre à voix haute..., c'est confirmer leurs existences. Être une chasseuse ne signifie pas être dépourvue de peur envers ce que l'on traque. Le danger est une composante permanente de ma vie quotidienne, mais l'adrénaline qu'il procure à souvent tendance à éclipser la peur qui me tenaille les entrailles. Cependant, cette fois-ci, je doute de pouvoir faire abstraction de la terreur que ces monstres éveillent en moi, surtout maintenant qu'ils me pourchassent.

La fenêtre grande ouverte, les rayons du soleil chaud et humide caressent ma peau, réveillant chaque parcelle de mon être. L'air parfumé de l'été s'insinue à l'intérieur de moi, emplissant mes poumons et éveillant mes sens. L'odeur enivrante d'un mélange subtil de terre, de fleurs et de verdure, flotte dans l'habitacle de ma Chevrolet. Vivante ! Voilà ce que je ressens à cet instant, mais pour combien de temps encore ?

Je secoue la tête avec détermination, refusant catégoriquement de laisser cette idée morbide envahir mes pensées. Mourir n'est pas inscrit dans mes projets. Oh non, j'ai encore beaucoup de choses à accomplir.

Alors que je passe devant un petit restaurant en bord de route, mon ventre vide se met à crier famine. Je plaque une main sur mon estomac, tentant de le faire taire. J'aimerais arriver le plus rapidement possible à destination, mais la faim persiste, grondant sans relâche jusqu'à que je cède et opère un demi-tour. Depuis combien de temps déjà n'ai-je rien avalé ? Quelques jours, j'en ai bien peur.

Je gare ma Chevrolet et descends, l'odeur alléchante de friture envahissant déjà mes narines. Poussant la porte vitrée du petit restaurant, je pénètre à l'intérieur. Je choisis une table à l'écart, préférant un peu de tranquillité même si l'endroit n'est pas bondé. Une jeune femme s'approche aussitôt pour prendre ma commande, et sans hésiter, je lui demande un peu de tout, salé et sucré. Les kilomètres et le stress permanents de ces derniers jours ouvrent grand mon appétit.

Sur un coin de la table, je repère le journal local. Je le feuillette un instant, laissant mes yeux errer sur les gros titres jusqu'à ce que mon regard soit attiré par un article qui retient toute mon attention. Il relate la disparition de plusieurs enfants, semant la terreur et l'incompréhension dans la ville depuis plusieurs semaines. Je continue de lire attentivement, absorbée par les détails quand quelque chose attire mon attention de manière plus aiguë. Il est clair que des éléments surnaturels sont en jeu.

La jeune serveuse me surprend en déposant devant moi une assiette garnie de pancakes, de frites, d'hamburgers et d'une part de pizza. Je relève les yeux vers les siens, et je remarque qu'elle est à peine plus jeune que moi. Son visage arbore une moue triste, et je perçois une lueur d'inquiétude dans son regard.

— C'est tellement triste, me dit-elle en désignant l'article du doigt. Personne ne comprend ce qu'il se passe.

Intriguée, je la questionne davantage. La jeune fille, visiblement affectée par cette affaire, se rapproche de moi et commence à me raconter avec émotion que le dernier enfant enlevé est celui de son collègue qu'elle me montre du menton. L'homme en question est occupé derrière les fourneaux, l'air d'être complètement ailleurs.