Fire in the soul

Chapitre 8

🎶 Ruelle - Game of survival 🎶

ANNA

Je dépose délicatement le bouquet que je tiens entre mes doigts sur la tombe de ma mère et de ma sœur, leurs noms gravés dans la pierre, témoins silencieux de l'amour que je leur porte. Aujourd'hui, rendre visite à leurs âmes ne me plonge plus dans une tristesse aussi profonde qu'auparavant. Non, aujourd'hui, c'est une rage sourde qui bouillonne en moi, une soif de vengeance qui m'embrase de l'intérieur, me consumant lentement.

— Je ne vous abandonne pas, murmuré je d'une voix tremblante, comme si mes mots pouvaient les atteindre au-delà du néant. Je suis sur le bon chemin, je le sens.

Mes doigts glissent sur la surface rugueuse de la pierre tombale, cherchant un réconfort illusoire. Soudain, une décharge d'énergie me traverse, et mes yeux se ferment comme s'ils étaient attirés par une force invisible. Des images commencent à défiler derrière mes paupières closes, fragmentées, chaotiques, comme un puzzle dont il me faudrait rassembler les pièces pour en comprendre la signification.

J'aperçois une silhouette floue, une jeune femme brune dont je ne parviens pas à distinguer le visage. Puis, un éclair jaillit, illuminant l'obscurité de mon esprit, et je me vois, étendu sur le sol, le corps froid, inanimé. Une secousse violente me traverse, et je lutte pour respirer, inspirant profondément pour apaiser la tempête qui gronde en moi. Au milieu de ce tumulte, le visage d'Aym, le trappeur, émerge dans ma vision. Je vois une larme glisser lentement sur sa joue, trahissant une douleur silencieuse que je ne peux ignorer. J'ouvre les yeux, le cœur battant, complètement perturbé par ces images fugaces. Bordel, ça faisait tellement longtemps que ces visions ne s'étaient pas manifestées... Je serre ma main gauche, qui tremble encore, comme à chaque fois que ce phénomène mystérieux arrive. Mon cœur bat à tout rompre, et j'essaie de calmer ma respiration, mais le vent qui souffle autour de moi ne fait qu'accentuer mon agitation. Un frisson me parcourt, une sensation que je reconnais sans l'ombre d'un doute. L'aura du trappeur... Je me retourne brusquement, plissant les yeux pour scruter les environs, mais je ne vois rien. Pourtant cette sensation d'être observé ne me quitte pas. Mais peut-être que ces images troublantes m'embrouillent l'esprit...

— Nous nous reverrons bientôt, soufflé-je à l'adresse de ma famille, comme pour leur promettre que je ne les oublie pas.

Je tourne les talons et me précipite vers ma voiture. A l'intérieur, je sors le téléphone jetable de la boîte à gants et compose le numéro de Ted. il décroche presque immédiatement.
— J'ai eu une vision, lui avoué-je. Je suis convaincu que les trappeurs ont un lien direct avec le démon que nous traquons. La chasse est ouverte, dis-je d'une voix résolue.

— Je suis ravi d'entendre ça, me répond-il avec amusement. Je prends la route immédiatement. On se rejoints chez Gabrielle ce soir.

Je raccroche et laisse le téléphone glisser sur le siège passager. Mes deux mains se posent fermement sur le volant alors que je fixe l'horizon, le regard perdu dans le vide. Cette vie est éprouvante, mais c'est une sensation qui me fait vibrer. Putain ce que l'on peut être tordu, nous, les chasseurs.

A la tombée de la nuit, j'arrive enfin chez Gabrielle, mais une sensation d'inquiétude m'envahit en constatant que toutes les lumières sont éteintes. Est-ce qu'elle est là, au moins ?  Je connais Ted ; il ne se rend jamais chez quelqu'un sans en avoir préalablement informé la personne concernée. Cela me semble vraiment étrange. En sortant de la voiture, je suis frappée par une atmosphère sinistre, pesante. Mon instinct de chasseuse se réveille, me signalant qu'il y a quelque chose d'anormal dans l'air. Un frisson parcourt ma colonne vertébrale alors que je scrute les environs. Je me dirige vers le coffre de ma voiture et en sors quelques armes, que je dissimule habilement dans mon jean et ma botte. On n'est jamais trop prudent dans notre métier.