chapitre 38

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Chapitre 38 : La dernière épreuve

Le groupe se tenait enfin devant ce qu’ils avaient cherché depuis leur arrivée dans l’Oasis des Âmes : la porte menant à la clé d’Æther. Cette porte, massive et ornée d’inscriptions anciennes, dégageait une énergie imposante. Le vent soufflait doucement, soulevant la poussière autour d’eux, tandis qu’un silence pesant régnait.

Alpha, épuisé mais toujours debout, regardait la porte avec une détermination farouche. Soö, à ses côtés, semblait tendu, prêt à tout pour franchir cette dernière étape. Hitto, Jadia, Turtle I et Feelings observaient la scène avec des expressions mixtes : de l’appréhension, mais aussi de l’espoir. Ils savaient que tout allait se jouer ici.

« C’est ici », murmura Jadia, dont les yeux semblaient analyser les inscriptions sur la porte. « Il y a une dernière épreuve… mais c’est vague. »

« Une autre épreuve ? » grogna Alpha, les traits crispés par la fatigue. « Qu’ils viennent ! Je suis prêt. »

Mais avant même qu’ils puissent réagir, le sol se mit à trembler violemment. La porte s’ouvrit lentement, laissant apparaître un immense corridor de lumière. Au bout de ce couloir, une silhouette les attendait, flottant dans l’air, enveloppée d’une aura de mystère.

« Vous êtes enfin là », dit une voix douce mais imposante. « La clé d’Æther vous attend… mais avant, il vous reste une dernière chose à accomplir. »

La silhouette s’avança lentement, dévoilant une entité aux traits indéfinissables, comme si elle était une projection de toutes leurs peurs et espoirs combinés. « Chacun d'entre vous devra faire face à ses plus profondes blessures. Ce n'est qu'en les affrontant que vous pourrez obtenir ce que vous désirez. »

Un froid glacial envahit la pièce. Le groupe se regarda, sentant que cette fois, l’épreuve ne serait pas physique. Chacun allait devoir affronter ses propres ténèbres.

Alpha fit un pas en avant. « Très bien, je suis prêt. »

À peine avait-il prononcé ces mots que le monde autour de chacun d'eux semblait s'effondrer, déformé et instable, comme s’ils étaient aspirés dans un gouffre sans fin. Le sol se déroba sous leurs pieds, et une brume épaisse envahit leur vision. Leurs cris, s’ils en avaient poussés, se perdirent dans le vide. Une solitude écrasante les enveloppa, et un silence assourdissant remplaça la réalité.

Alpha :
Alpha ouvrit les yeux, s’attendant à une confrontation brutale, mais il se retrouva face à un paysage paisible. Un champ de fleurs s’étendait devant lui à perte de vue, le ciel d’un bleu pur. Cela n’avait rien d’une épreuve. Mais quelque chose dans l’air n’était pas normal. Il avança prudemment, ses sens en alerte.

Puis, il l'aperçut.

Une silhouette familière apparut à l’horizon, marchant lentement vers lui. Son cœur se serra. C’était Delta. Son frère cadet, ses yeux verts perçants fixant Alpha d’un regard accusateur. Il portait sa tenue d’assassin, noir comme l’obscurité qui semblait l’entourer.

« Pourquoi ? » murmura Delta, sa voix pleine de ressentiment.

Alpha resta figé. Il n’avait pas anticipé une confrontation aussi émotionnelle. Delta le haïssait pour des raisons qu’il avait tenté d’ignorer. Des rivalités, des trahisons tacites, mais surtout cette amertume de n’avoir jamais été considéré à la hauteur d’Alpha.

« Pourquoi m’as-tu toujours mis de côté ? » continua Delta, son ton devenant plus accusateur. « Toi, l’infaillible Alpha, toujours le numéro un. Et nous, dans ton ombre, Gamma, Bêta, moi... Nous n’avons jamais eu de chance à cause de toi. »

Alpha serra les poings, tentant de maîtriser sa colère. Il était fatigué, physiquement et mentalement, mais ces mots résonnaient en lui comme des coups de poignard.

« Ce n’est pas vrai… » tenta-t-il de répondre, mais sa voix semblait faible face à l’accusation de Delta.

« Ce que tu refuses d’admettre, c’est que tu n’es pas invincible, Alpha. Tu t’es perdu dans ta propre arrogance. Et aujourd’hui, tu en paies le prix. »

Alpha avança d’un pas, tentant de se rapprocher, mais Delta leva la main, une énergie sombre émanant de lui.

Soö :
Soö se retrouva plongé dans une forêt dense et sombre, les arbres tordus semblant murmurer des secrets à travers le vent. Il s’avança prudemment, scrutant chaque mouvement dans l’ombre. Des souvenirs d’enfance lui revinrent, des images de son passé. Il avait toujours été le garçon qui observait, en retrait, jamais celui qui prenait la lumière. Soö aimait cette position, mais elle lui avait aussi coûté.

Il arriva dans une clairière, et là, se tenait une version plus jeune de lui-même. Un jeune garçon frêle, les yeux emplis de peur et d’incertitude.

« Pourquoi n’as-tu jamais parlé ? » demanda l’enfant, sa voix brisant le silence oppressant. « Pourquoi as-tu toujours caché qui tu étais vraiment ? »

Soö sentit son cœur se serrer. Il savait de quoi il parlait. Il avait toujours caché ses émotions, ses sentiments, par crainte d’être blessé ou rejeté. Il avait adopté cette façade de calme, d’indifférence, pour se protéger.

« Je… » tenta-t-il de répondre, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge.

L’enfant avança, des larmes roulant sur ses joues. « Tu crois que ça t’a rendu plus fort, mais ça t’a juste isolé. »

Soö baissa les yeux, incapable de soutenir le regard de son propre passé.

Hitto :
Hitto était dans un dojo. Les murs de bois semblaient familiers, l’odeur du tatami lui rappelant ses premiers jours d’entraînement. Devant elle, un maître d’arts martiaux, sévère, la fixait.

« Tu as échoué, Hitto, » dit-il, la voix impitoyable. « Tu as toujours échoué. »

Elle serra ses poings, prête à répliquer, mais une douleur intense dans sa poitrine l’arrêta. Des souvenirs de ses échecs passés la submergèrent. Des combats perdus, des occasions manquées. Elle avait toujours cherché à prouver qu'elle pouvait être à la hauteur, mais l’ombre de son propre doute pesait sur elle.

« Tu ne seras jamais assez forte, » continua le maître, son ton glacial.

Hitto leva les yeux, les larmes menaçant de couler. « Ce n’est pas vrai… Je me suis battue… »

« Mais ça n’a jamais été suffisant. »

Jadia :
Jadia se retrouva dans une ruelle sombre, trempée par la pluie. L'air était lourd, et le bruit des gouttes résonnait comme un tambour funèbre. Devant elle, se trouvait une scène qu’elle ne voulait pas revivre. Un gardien du temps gisait à terre, une balle en plein cœur. C’était elle qui avait tiré, elle qui avait commis ce meurtre.

« Je n'avais pas le choix, » murmura-t-elle, sa voix tremblant.

Mais une silhouette s’avança depuis les ombres. Un autre gardien, immobile, silencieux, ses yeux braqués sur elle.

« Si, tu avais le choix, » répondit-il d’une voix profonde. « Tu as choisi de tuer. Tu as choisi de devenir ce que tu redoutais. »

Jadia recula, terrifiée. Elle avait passé des années à fuir, à essayer de se convaincre qu'elle n'était pas un monstre, qu'elle ne tuait que par nécessité. Mais ici, face à cette vision, elle ne pouvait plus mentir.

Les illusions dans lesquelles chacun se retrouvait étaient plus réelles que jamais. Ils ne combattaient pas des ennemis physiques, mais les démons de leur propre âme. C’était là le véritable test de l’Oasis des Âmes : affronter ce qu’ils avaient toujours évité.

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