Chapitre 16

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Jun

On resta un moment là, à se regarder dans le blanc des yeux en silence, ne comprenant pas ce qu'il cse passait. Personne n'osait bouger.
Je me décidai quand même à aller voir ce qui avait provoqué ça, tout en veillant à être silencieuse. Quand j'eus tourné à l'angle du mur, je tombai nez-à-nez avec un employé de l'hôtel. Au vu du chariot qu'il avait laissé dans le couloir, j'en conclut  qu'il venait pour le ménage.

- Excusez-moi. Je pensais que vous étiez partie au restaurant comme il vient d'ouvrir, bégaya-t-il en revissant sa casquette sur ses cheveux noirs. Il ferme dans deux heures si ça vous intéresse. Je repasserai plus tard.

L'homme recula jusqu'à l'entrée, les yeux rivés au sol. Ce n'est que lorsqu'il referma la porte qu'il me regarda, plongeant ses yeux bleus glaciers dans les miens. Je restai figé quelques instants avant de me reprendre. Cette couleur me replongeait dans mes souvenirs des laboratoires, et pas des plus joyeux. Je chassais rapidement ces pensées avant de retourner avec le reste du groupe qui n'avait pas bougé d'un poil.

- Ce n'est rien, juste un homme de ménage.

Ils semblèrent soulager. J'allais reprendre mon récit quand les paroles de l'inconnu me revinrent à l'esprit. En y réfléchissant bien, nous n'avions pas mangé depuis au moins huit bonnes heures et le pauvre sandwich que nous avions mangé n'allait pas nous permettre de tenir encore longtemps. L'option du repas était donc pour nous un bon repli stratégique. Il nous permettrait aussi, dans un même temps, d'apaiser les tensions avant d'entrer dans le vif du sujet.
Je leur proposai et à peine eus-je dit le mot "manger" que Rin et Ijin crièrent de joie. J'avais visiblement vu juste.

On quitta donc notre chambre en vitesse en demandant aux deux surexcités de bien vouloir se calmer afin de ne pas attirer les regards. Ils acquiescèrent avec un grand sourire, ce qui ne me rassurait que très peu. Une fois là-bas, on mangea rapidement. Certains étaient impatients de connaître mon plan, ou juste de rentrer chez eux, tandis que d'autres étaient tellement obnubilés par  la nourriture que ce qui se passait autour ne les intéressait guère. 

Notre repas ne dura donc qu'un court instant et nous regagnâmes la chambre qui nous servait de salle de réunion. Chacun repris sa place dans un silence assez inhabituel. Tout le monde semblait avoir compris l'enjeu de la mission, et même si notre duo avait un esprit assez enfantin, ils savaient tout de même quand le moment était venu de se taire. 

- Je vais vous expliquer les grandes lignes du programme de demain, puis je vous donnerai vos détails de mission plus tard, pour que personne ne se perde, disais-je en appuyant mon regard sur les deux concernés par mes derniers mots. On partira de l'hôtel à onze heures pile, on aura déjà rangé toutes les affaires et fait en sorte d'effacer toute trace de notre venue dans cet hôtel. On arrivera dans la forêt dans les alentours de midi et on commencera les recherches directement. Nous ne nous arrêterons pas pour manger, on ne le fera que lorsque nous serons en observation une fois le laboratoire trouvé. On aura une heure d'observation pour noter les rondes, les accès au bâtiment et le présumé niveau des démoniaques présents à l'intérieur ainsi que leurs possibilités de coopérer.

Les garçons quittèrent la pièce comprenant que j'allais passer à la partie individuelle. Une fois entre filles, nous partîmes s'asseoir sur les lits avant de commencer.

- C'était la pire journée de ma vie, se plaignit Gwen avant d'enfoncer sa tête dans l'oreiller.

Leïla souffla, désespérée. Si la journée avait été horrible pour ma meilleure amie je n'osais pas imaginer comment elle l'avait vécue. Et c'est sans étonnement que la plus grande nous expliqua leur dure chasse aux informations.

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