Ses larmes me montrèrent que j'avais réussi mon éloge funèbre.
Ça me rendit contente, mais je n'aimais pas le voir pleurer. J'avais une folle envie de descendre en courant vers lui et de le prendre dans mes bras, mais je me résonnai.
Je commençais donc à descendre vers ma place, quand Mélanie, la veuve de Martin, se leva et annonça tout haut :
"Je t'aime Martin et repose en paix."
Puis elle s'avança vers moi et me prit la main. Toutes les deux, nous nous tournâmes vers les cercueils et nous les contemplâmes, pour leur adresser un dernier adieu silencieux.
"Je t'aime Roland et repose en paix."
C'était Lauriane, la petite amie de Roland. Elle aussi s'avança et elle prit mon autre main.
Puis la petite amie de Fabrice, puis ma cousine Marie, qui était très proche de Marion.
Puis tout le monde.
Nous formâmes un gigantesque rond autour des cercueils. Nous étions tous liés par le toucher : je vis en face de moi, de l'autre côté du cercueil, mon parrain avec sa main sur l'épaule de sa fille qui tenait la main de sa belle mère. Nous étions comme une chaîne d'amour. Nous pensions tous aux mêmes personnes et nous leur adressions tous la même chose : "Je t'aime et repose en paix."
Ce fut probablement la chose la plus émouvante que j'avais vue et dont j'avais fait partie de toute ma vie.
Ceux qui n'étaient pas levés étaient ceux qui connaissaient le moins la famille. Ceux qui étaient venus pour accompagner une amie, ou parce qu'ils regrettaient de ne pas mieux les avoir connus.
Natanaël était assis, le regard planté sur moi, un sourire d'extase sur les lèvres et des larmes coulant sur ses joues. Encore et encore des larmes.
Le prêtre a fini la messe sans que nous ne bougions.
Puis tout le monde est allé s'asseoir sauf mes parents et moi, qui commençâmes la longue procession de la bénédiction des cercueils.
Après avoir fait la bénédiction 5 fois, après avoir répété encore 5 fois "Je t'aime et repose en paix.", mes parents et moi nous sommes placés vers les portes, où nous reçumes les condoléances.
Natanaël serra la main de mon père, fit la bise à ma mère en leur murmurant "Toutes mes condoléances.", et quand il fut à mon niveau, il me prit dans ses bras.
Je me détendis complètement, j'avais l'impression de fondre dans ses bras. Je posai ma tête sur son épaule, fermai les yeux et verrouillai mes mains dans son dos.
Encore, il allégeait le poids de ma tristesse et il mettait un peu de chaleur dans mon coeur meurtri.
"Tu es la personne la plus forte que j'aie jamais rencontrée et en plus, tu écris et tu t'exprimes merveilleusement bien. Quand tu as fait ton éloge tout à l'heure, j'ai eu l'impression de te comprendre entièrement. J'ai eu l'impression que moi aussi j'avais perdu 5 personnes qui étaient des piliers de ma vie."
Il murmura tout ça d'une traite dans mon oreille et s'en alla pour laisser la place à un homme que je détestais profondément, qui fit la bise à une fille en état de choc après un compliment comme ça venant d'une personne comme ça.
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Natanaël
Teen FictionÇa a commencé avec un jeu sur Twitter, et ça a finit par un désespoir sans issu, en passant par un amour fou.