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"Pardon ?"

Je n'en croyais pas mes oreilles.

"Je suis... enfin j'étais le petit ami de Marion. Elle était supposée me présenter à vous en revenant mais... tu connais la suite."

Ah tu veux parler du moment où elle est morte avec mes quatre frères ?

Je ne lui dis pas ça. J'ouvrai plutôt plus grand la porte, l'invitant à entrer.

"Tu... Est-ce que je peux te tutoyer ?"

Il hocha vivement de la tête.

"Tu veux quelque chose à boire ?"

Il parut hésiter alors j'ajoutai :

"J'ai de la bière, du café, des jus de fruit, de la limonade, du thé, du sirop, sûrement un peu d'orangina et... du chocolat chaud, mais vu la température, ça m'étonnerait."

Il émit un minuscule rire suite à la dernière partie de ma phrase et il parut se détendre un peu.

Après un instant de réflexion, il choisit un café.

"Donc... depuis combien de temps vous étiez ensemble ?" je lui demandai en faisant le café.

"A peu près 1 an."

Je m'arrêtais en plein milieu d'un geste.

Un an ? Et elle ne m'en avait jamais parlé ?

"En fait, ce n'était pas vraiment une relation au début. C'était plus un..."

"Un plan cul ?"

Il rougit et je repris mon geste, soulagée.

Pas étonnant qu'elle ne me parle pas de ses plans culs.

"Oui..." reprit il "on a commencé à vraiment sortir ensemble il y a un mois ou deux, mais ça faisait beaucoup plus longtemps que j'étais amoureux d'elle. En fait, je crois que ça a été plus ou moins le coup de foudre."

Je souris attendrie, puis mon sourire se fana en me disant que ses sentiments n'étaient sûrement pas réciproque.

N'avaient pas été.

"Comment tu l'as rencontré ?" j'avais fini de préparer le café et je me tournai vers lui.

"Je suis médecin dans l'hôpital ou elle faisait son internat."

"Mais tu as quel âge ?"

"31."

"Un médecin juste sorti de l'internat alors." dis-je après un petit calcul.

"Oui."

"Et... est-ce que je peux te demander ce que tu fais la sans que tu le prenne comme un reproche ?"

"Oui évidemment." sourit il.

Comme il ne continuait pas, je lui posai la question.

"Du coup, qu'est-ce que tu fais la ?"

"Je sais pas... je ne connaissais aucune de ses amies. Je n'avais personne à qui parler d'elle et moi, je n'avais personne avec qui partager ma peine alors je me suis dit que peut être que quelqu'un de sa famille pourrait m'aider."

Je n'avais aucune envie de parler d'elle.

Vraiment pas.

Mais il me faisait pitié.

Alors j'ai acquiescé.

Et nous avons parlé jusque ce que mes parents rentrent du travail. Je lui posai des questions sur elle comme 'qu'est-ce qu'il aimait le plus chez elle' ou si elle était aussi chiante avec lui que ce qu'elle l'était avec nous.

Nous rimes en pensant à ses défauts, et je vis quelques larmes qu'il essuyait très rapidement en pensant à ses qualités.

Et ça me fit du bien.

Je parlais enfin à quelqu'un qui aimait Marion presque autant que ce que je l'aime.

Quelqu'un qui comprenait pratiquement entièrement ma peine.

Quand mes parents sont rentrés, il est parti rapidement et je lui ai dit de revenir le lendemain.

NatanaëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant