Chapitre 14

6 3 0
                                    

Choquée par cette chute brutale et incompréhensible, je restai un instant coite à scruter la masse noire que formait le corps inerte d'Obsis sur le sol. Puis, dans le silence soudain et pesant de la salle, je me décidai à m'avancer prudemment vers la Piaf inconsciente sans la quitter des yeux tandis que ma mère restait au côté de son mari.

"Obsis ?"

Pas de réponse. Le visage de la jeune guerrière était dissimulée sous son aile et les plumes de jais soulevées par le vent en provenance de la rosace brisée étaient la seule partie de son corps mouvante.

Avançant accroupie, tout les sens en alerte et une main précautionneuse sur le pommeau de l'Épée de Légende, je finis par atteindre l'archère effondrée sur le marbre. Je me penchai alors sur elle, cherchant à voir son visage en vain. Je me résignai à tendre mon bras pour effleurer dans un premier temps son épaule puis, par manque de résultat, secouer plus fermement son corps. 

"Obsis ça va ? Réponds-moi."

 Réduisant la distance de sécurité que j'avais conservé avec la jeune Piaf, je finis par retourner minutieusement son corps sur le dos. Son visage apparut alors, yeux clos et bec entrouvert. Aucune crispation, aucune résistance, aucune réaction au mouvement. Envisageant le pire, j'approchai lentement ma main de son bec, paume tout juste à l'étroite ouverture.

Aucun souffle.

Ma théorie funeste semblant se réaliser, je m'empressai de coller mon oreille sur le poitrail de l'hyrulienne, attentive à toute manifestation.

Pas de battements de cœur ni de soulèvement de poitrine.

Abasourdie par ces résultats, je m'apprêtai à me redresser pour me tourner vers ma mère et lui annoncer la conclusion de mes examens lorsque, brusquement, je sentis qu'on me saisissait à la gorge et que ma respiration se coupait.

La violence du choc me laissa échapper un hoquet étouffé et je me sentis décoller du sol. Je posai mon regard sur mon agresseur et reconnue à ma grande stupeur Obsis. Alors même que j'avais constaté sa mort, la jeune Piaf s'était brusquement redressée et se relevait à présent, soulevant mon corps sans difficulté. La guerrière avait son regard plongé dans le mien et dégageait une haine violente et impressionnante telle que je n'en avais jamais été la cible. Son aura n'avait rien à voir avec l'Obsis qui avait voyagé avec moi plus tôt dans la journée : la lueur dans ses yeux me rappelait son attitude le jour du tournoi contre Babil...

J'entendis ma mère crier de frayeur mais déjà tout autour de moi me paraissait flou et lointain au fur et à mesure que l'oxygène fuyait mon corps. Me débattant comme je pouvais et griffant de toutes mes forces l'aile noire qui m'étranglait, je ne pouvais constater que mon impuissance face à ma nouvelle ennemie. Usant du peu d'énergie qui me restait, je balançai ma jambe et réussit à atteindre l'épaule de ma ravisseuse. Aussitôt je joignis mon autre jambe et effectua une clé de bras qui força la Piaf noire à me lâcher. M'effondrant sur le sol, je mis un instant à retrouver mes forces, toussant et inspirant violemment. Mais consciente de la menace toujours présente, je me remis rapidement sur pieds et dégainai aussitôt la Lame Purificatrice.

Obsis se relevait également en fulminant. Son attitude était méconnaissable, et je peinai à essayer de comprendre la situation après tant de rebondissements. Après avoir jeté un bref coup d'œil à mes parents, toujours à terre près de l'estrade, je décidai de me décaler imperceptiblement dans la direction opposée pour attirer ma dangereuse adversaire le plus loin possible de mon père blessé et de ma mère vulnérable.

"O-Obsis ! m'écriai-je pour attirer l'attention de la fille d'Harfor. Qu'est-ce qui t'arrives ?! Pourquoi fais-tu tout cela ?!"

Mon interlocutrice, visage baissé et posture sûre d'elle, se contenta de ricaner avec condescendance sans m'accorder un regard. Elle sortit son arc qu'elle empoigna mais ne se donna pas la peine de l'armer d'une flèche.

Aventures de Zelda Raphaëlle Hyrule : 4.ObsisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant