La soupe à la sorcière

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C’était la veille d'Halloween, et le petit village de Grimoire-des-Bois se préparait pour sa fête annuelle

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C’était la veille d'Halloween, et le petit village de Grimoire-des-Bois se préparait pour sa fête annuelle. Les enfants couraient dans les rues, excités par les déguisements et la promesse des sucreries, tandis que les adultes décoraient leurs maisons de citrouilles lumineuses et de fausses toiles d’araignées. Mais cette année, une rumeur inquiétante circulait parmi les habitants : la vieille cabane de la sorcière, située au fond de la forêt, était de nouveau habitée.

Depuis des générations, la légende de la sorcière de Grimoire-des-Bois hantait les esprits. Elle racontait qu’une sorcière redoutable, Margot, avait autrefois vécu en ces lieux, concoctant des potions et des maléfices dans une grande marmite. Chaque Halloween, elle préparait une soupe maudite, faite des âmes des imprudents qui s’étaient aventurés trop près de sa demeure. Les enfants disparaissaient, et les villageois avaient fini par bannir quiconque s’approchait de la forêt. Mais cela faisait des décennies que la cabane était abandonnée, et peu à peu, la peur s’était dissipée… jusqu’à aujourd’hui.

Vicky, curieuse et intrépide, avait grandi en entendant ces histoires de sorcières. Pourtant, elle n’y avait jamais vraiment cru. Les légendes n’étaient que des contes pour effrayer les enfants, pensait-elle. Mais cette année, quelque chose l’attirait irrésistiblement vers la forêt. Elle avait entendu des rumeurs : des villageois affirmaient avoir vu de la fumée s'élever de la cheminée de la vieille cabane, et certains parlaient même d'une odeur étrange, comme celle d’une soupe mijotant à feu doux.

— Tu n'oserais pas t'y aventurer, non ? demanda Hugo, l’un de ses amis, sceptique mais intrigué par le regard déterminé de Vicky.

— Pourquoi pas ? Ce ne sont que des histoires, répondit-elle. Personne n’a jamais prouvé qu’une sorcière vivait là-bas. Je veux voir par moi-même.

Le soir d’Halloween, Vicky prit une lampe torche et se dirigea vers la lisière de la forêt, suivie par Hugo, Emma et Nathanaël, qui, malgré leurs réticences, avaient décidé de l’accompagner. La forêt était dense et sombre, et les branches noueuses semblaient se refermer sur eux à mesure qu’ils avançaient. L’air se faisait plus froid, et une brume légère serpentait entre les arbres, ajoutant une atmosphère encore plus lugubre à leur périple.

— Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée… murmura Emma, mal à l’aise.

— On y est presque, rassura Vicky en apercevant enfin, au loin, la silhouette de la cabane.

La cabane de la sorcière se dressait là, telle qu’on la décrivait dans les histoires : petite, tordue et couverte de mousse. Une lumière vacillante filtrait à travers les fenêtres sales, et une épaisse fumée noire s’échappait de la cheminée, dégageant une odeur étrange, à la fois épicée et… pourrie.

— Quelqu’un est vraiment là-dedans, chuchota Nathanaël, les yeux écarquillés.

Serrant sa lampe torche, Vicky s’approcha discrètement de la fenêtre et jeta un coup d’œil à l’intérieur. Ce qu’elle vit la fit frissonner. Au centre de la pièce, une énorme marmite bouillonnait sur un feu crépitant. Une silhouette courbée, vêtue de haillons noirs, s’affairait autour de la marmite, jetant des ingrédients mystérieux dans le liquide épais et fumant.

— C’est elle… la sorcière, murmura Hugo, son visage pâle.

La vieille femme, qui ne semblait pas les avoir remarqués, chantonnait doucement une mélodie inquiétante en remuant sa grande cuillère en bois. Soudain, elle s’interrompit et renifla l’air, comme si elle avait senti leur présence. Ses yeux jaunes et perçants se tournèrent vers la fenêtre. Vicky recula brusquement, son cœur battant à tout rompre.

— Elle nous a vus ! Allez, on doit partir, maintenant ! s’écria Emma en attrapant la main de Nathanaël.

Mais avant qu’ils ne puissent s’échapper, la porte de la cabane s’ouvrit en un craquement sinistre. La sorcière se tenait sur le seuil, un sourire tordu sur ses lèvres gercées.

— Eh bien, eh bien… Que voilà de jeunes visiteurs curieux, susurra-t-elle de sa voix rauque. Vous venez goûter à ma soupe, n'est-ce pas ? Cela fait longtemps que je n'ai pas eu d'aussi tendres ingrédients.

Terrifiés, les quatre amis restèrent figés, incapables de bouger. La sorcière s’approcha lentement, ses doigts griffus tendus vers eux.

— Rentrons. Il fait froid dehors… et ma soupe a besoin de… compagnons.

Vicky tenta de reculer, mais ses jambes refusaient de lui obéir. La vieille femme murmura quelques mots incompréhensibles, et une force invisible les attira tous à l’intérieur de la cabane. La porte se referma derrière eux avec un bruit sourd.

Autour d’eux, la cabane était remplie d’étagères couvertes de bocaux contenant d’étranges substances, des crânes d'animaux, et des herbes séchées. La sorcière les mena jusqu’à la marmite, où le liquide bouillonnant semblait changer de couleur à mesure qu’ils s’approchaient, passant du vert au rouge, puis au noir profond.

— Je vais préparer une soupe que vous n'oublierez jamais, déclara-t-elle en jetant un regard malveillant à Vicky et ses amis. La recette est simple : un soupçon de jeunesse, une pincée de peur, et un ingrédient secret que seuls les visiteurs d’Halloween peuvent offrir…

— Qu’est-ce que tu veux dire ? balbutia Hugo, la voix tremblante.

La sorcière éclata d’un rire sinistre.

— Vos âmes, bien sûr ! Chaque Halloween, je les rassemble pour que ma soupe reste éternelle. Et cette année… vous êtes mes invités d’honneur !

Elle leva ses bras osseux, prête à jeter un sort final. Mais avant qu’elle ne puisse réciter sa formule, Vicky, dans un élan de désespoir, attrapa une vieille bouteille posée sur une étagère. Elle la lança dans la marmite, brisant le flacon en mille éclats. Une fumée noire jaillit soudainement du liquide, remplissant la pièce d’une odeur suffocante.

— NON ! Pas ça ! hurla la sorcière en reculant, ses yeux se remplissant de terreur.

La fumée s’épaissit, engloutissant la vieille femme qui se mit à hurler. En un instant, son corps se désintégra, ne laissant derrière elle qu’un tas de cendres au pied de la marmite.

La porte s'ouvrit brusquement, et l'air frais de la nuit les enveloppa. Vicky, haletante, se tourna vers ses amis.

— Il faut partir d'ici. Maintenant.

Sans un mot, ils s'enfuirent de la cabane, courant à perdre haleine jusqu'à la sortie de la forêt. Derrière eux, le silence retomba sur la cabane maudite, mais l’odeur étrange de la soupe flottait encore dans l’air, comme un avertissement pour quiconque oserait s’approcher de nouveau.

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