Portrait de monstre

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C'était un après-midi gris et brumeux, à la veille d’Halloween, lorsque Lucie et ses amis découvrirent l’étrange boutique au coin de la rue du Vieux-Cimetière

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C'était un après-midi gris et brumeux, à la veille d’Halloween, lorsque Lucie et ses amis découvrirent l’étrange boutique au coin de la rue du Vieux-Cimetière. Une petite enseigne poussiéreuse pendait au-dessus de la porte, portant l’inscription : "Galerie des Mirages : Portraits Inoubliables".

— On dirait qu’elle est nouvelle, murmura Max en s’arrêtant devant la vitrine.

À travers la vitre embuée, ils pouvaient voir des dizaines de tableaux accrochés aux murs, représentant toutes sortes de créatures étranges et inquiétantes : des vampires, des loups-garous, des fantômes, et même des monstres indescriptibles.

— C’est sûrement une galerie temporaire pour Halloween, proposa Camille. Ils ont sûrement des portraits effrayants juste pour le fun.

Lucie, toujours curieuse, poussa la porte de la boutique. Une clochette tinta, et l’intérieur leur révéla une atmosphère poussiéreuse, avec l’odeur du vieux bois et des toiles vieillies. À leur grande surprise, une femme très mince, aux cheveux blancs comme la neige et aux yeux perçants, se tenait derrière un comptoir, un sourire énigmatique aux lèvres.

— Bienvenue, mes jeunes amis, dit-elle d’une voix douce et chantante. Vous venez pour un portrait, n'est-ce pas ?

Les quatre amis échangèrent des regards, un peu hésitants.

— Juste pour regarder, je pense, répondit Max en scrutant les étranges tableaux accrochés aux murs. Ils sont… vraiment réalistes.

La vieille femme hocha la tête, toujours souriante.

— Oh, mais pourquoi se contenter de regarder quand vous pouvez avoir un portrait unique ? Un souvenir d’Halloween que vous n'oublierez jamais. Je vous garantis un portrait… fidèle.

— Ça pourrait être drôle, dit Camille. On pourrait se faire dessiner en monstres, pour rester dans le thème d’Halloween !

Intrigués, les quatre amis acceptèrent. La femme les guida jusqu'à un coin de la boutique où un grand fauteuil en velours était placé devant un immense chevalet. Elle commença avec Max.

— Assieds-toi bien droit, et ne bouge pas, chuchota-t-elle. Je vais capturer ton essence en quelques minutes.

Max se mit en place, un sourire légèrement moqueur aux lèvres. La vieille femme sortit des pinceaux, mais étrangement, au lieu de peindre directement sur la toile, elle se contenta de murmurer des mots incompréhensibles en effleurant légèrement le cadre du tableau vide. Peu à peu, une forme se dessina comme par magie, et une image apparut. Max s’assombrit en voyant le résultat.

Son portrait n’avait rien de joyeux ou fantaisiste. À la place, une créature déformée, presque inhumaine, se tenait là. Ses yeux étaient noirs comme le charbon, sa peau pâle et craquelée, avec des griffes sortant de ses mains et des dents acérées comme des lames.

— C’est quoi ça ? C’est censé être moi ? s’exclama Max, en reculant d’un bond.

La vieille femme sourit tranquillement.

— C’est ce que le miroir de l’âme révèle, jeune homme. Ne vois-tu pas la bête qui sommeille en toi ?

Lucie, Camille et Théo se figèrent, mal à l’aise. Le portrait, bien qu’impressionnant par son réalisme, était profondément dérangeant.

— Ça doit être une blague, dit Théo, un rire nerveux s'échappant de sa gorge. Vas-y Camille, à ton tour.

Hésitante, mais voulant se montrer courageuse, Camille prit place dans le fauteuil. La vieille femme répéta le même rituel étrange. Cette fois, la transformation fut encore plus troublante. Le portrait de Camille la montrait comme une créature sinistre, son corps couvert d’écailles sombres et ses yeux rouges étincelant d’une lueur malveillante. Ses cheveux semblaient s'être changés en serpents tordus, et un sourire carnassier déformait son visage.

— Non… c’est pas moi, ça ! hurla Camille en se levant brusquement, horrifiée par l’image.

La vieille femme, impassible, glissa ses doigts longs et osseux sur le cadre du tableau.

— Ce n’est pas ce que tu vois chaque jour dans le miroir, jeune fille. Mais ce que ton cœur cache. Ici, on voit tout.

— C’est quoi cette arnaque ? demanda Théo, son visage blême. C’est juste un truc pour nous faire flipper, c’est ça ?

Lucie, elle, restait silencieuse, fascinée malgré elle. Il y avait quelque chose de mystique et de puissant dans ces portraits, comme s’ils révélaient plus que ce que les yeux pouvaient percevoir. Même si c’était terrifiant, elle ne pouvait s’empêcher de vouloir voir le sien.

— Je veux le mien, dit-elle, contre toute attente.

— Lucie, t’es folle ! protesta Max. On devrait partir maintenant, cette femme est bizarre !

Mais Lucie secoua la tête, résolue.

— Je veux savoir. Juste… je veux voir.

Elle s’assit dans le fauteuil, le cœur battant. La vieille femme reprit son murmure étrange, et, comme avant, les lignes du portrait apparurent lentement. Au début, tout semblait normal. Mais peu à peu, le visage de Lucie se transforma. Ses yeux devinrent d’un noir profond, comme deux puits sans fond. Ses traits se durcirent, et une expression malveillante envahit son portrait. Autour de son cou, des ombres se tordaient, prenant la forme de tentacules menaçants, comme si elle avait été possédée par une force obscure.

Lucie, paralysée par la vision, n’arrivait plus à détacher ses yeux de l’image. C’était elle, mais ce n'était pas elle. C’était comme si une version plus sombre d’elle-même s’était manifestée sur la toile, une version qui semblait prête à dévorer le monde.

— Tu vois, Lucie, souffla la vieille femme. Chaque âme a son monstre. Le tien est là, à peine caché sous la surface.

Mais alors que les autres portraits étaient restés figés dans leur horreur, celui de Lucie sembla bouger. Les yeux du monstre dans le cadre la fixaient, vivants, comme s’ils voulaient s’échapper.

— Lucie, bouge ! cria Théo, paniqué.

Le portrait se mit soudain à vibrer, et avant qu’ils ne puissent réagir, une main griffue sortit de la toile, attrapant Lucie par le bras. La vieille femme éclata d’un rire sinistre.

— Il est temps que tu rejoignes ton reflet, jeune fille.

Lucie cria de terreur tandis que le monstre dans le portrait tentait de l’entraîner dans la toile. Ses amis, horrifiés, la tirèrent de toutes leurs forces, essayant de la sauver du tableau qui semblait vouloir la dévorer.

— Lâchez-moi ! s’écria Lucie, les larmes aux yeux, luttant contre la main glacée qui la retenait.

Dans un dernier effort, Max attrapa une lampe à huile et la lança sur le cadre. Le verre se brisa dans un fracas assourdissant, et l’image se brouilla, comme dissoute par l’impact. Le monstre disparut dans un tourbillon de fumée noire, libérant Lucie de son emprise.

Essoufflés et terrifiés, les quatre amis se précipitèrent hors de la boutique. Lorsqu’ils regardèrent derrière eux, la vieille boutique avait disparu, remplacée par un terrain vague sombre et vide.

Ce soir-là, alors qu’ils rentraient chez eux, plus aucun d’entre eux ne prononça un mot. Mais au fond de leurs esprits, l’image des monstres dans les portraits restait gravée. Car ils savaient désormais que chacun d’eux, au plus profond de son âme, cachait un visage qu’il ne voudrait jamais voir en plein jour.

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