Chapitre 2

571 35 1
                                    

-Tu te sens comment? Me demanda Tyler avec une voix frôlant la perfection.
Nous nous étions tu pendant un bon bout de temps, contemplant un ciel noir et étoilé. C'était une parfaite nuit d'été, l'air était un peu froid néanmoins. Songeant à ce que je pourrais lui répondre, je me blottis mieux contre son torse. Je ne savais toujours pas pourquoi je lui faisais confiance. C'est vrai, je ne le connaissais que depuis une demi heure, comment se faisait-il que je m'ouvre à lui comme ça? La réponse était dans mon plus profond, c'était comme si je savais que j'allais faire partie de sa vie, et lui de la mienne. Je ne pouvais pas décrire ça, mais c'était très puissant, et j'adorais ce sentiment.
-Je suis certes vivant, commençai-je. Mais je ne me sens pas de la sorte. Je suis si.. vide. C'est comme si j'engageais un combat perdu d'avance.
-Et toi qui parle si sûr de toi, sais-tu au moins ce que ton destin te réserve? Demanda-t'il en me fixant droit dans les yeux, moi en étant toujours dans ses bras.
-J'en ai une assez bonne idée puisque, durant toute ma vie, je n'ai jamais eu ce que je voulais. Ça a toujours été l'inverse de mes volontés.
-Et ben c'est ça la vie, on lutte de toutes nos forces, et à la fin on trouve ce qu'on veut. Dit-il doucement.
-T'as l'air de t'y connaître, lançai-je.
Aucune réponse ne me parvint, son silence était presque inquiétant. Je levai doucement le visage, et je constatai qu'il regardait un point dans le vide. Il réfléchissait. Bien. J'essayai de changer de sujet, sentant qu'il était un peu tendu. "La question" trottait toujours dans mon esprit. C'est vrai, il aurait pu être seulement un jeune homme assez gentil et attentionné pour réconforter un étranger. Rien de plus. Il me plaisait beaucoup, il était le genre de personne à qui je pourrais donner ma vie, la lui confier en toute confiance. Je le sentais au fond de moi. Mais je ne devais pas m'emballer, je décidai donc de m'aventurer dans ce terrain.
-Ta copine doit avoir de la chance, lançai-je soudainement.
J'étais vraiment trop con, j'aurai pu réfléchir un peu plus à la manière dont j'allais aborder le sujet un peu plus finement, mais non, il fallait que je sorte la première chose qui me passa par la tête.
-Je ne suis pas très.. à fond dans les filles. Et non, je n'ai pas de copine. Répondit-il.
-Alors t'es.. je ne sais pas si...
Il me coupa en disant :
-Je suis gay, si c'est ce que tu veux savoir.
Il m'avait répondu si froidement avant d'ajouter :
-Tu peux me détester aussi, j'en ai l'habitude. Comme si c'était mon propre choix.
Ce que je venais d'entendre était réel? Ou juste le fruit de ma pauvre imagination? Je me détachai de ses bras et revint en arrière pour mieux le voir, sa peine était tout ce qu'il y a de plus vrai. Il avait détourné son regard vers sa vitre, fuyant tout bonnement le mien.
-Regarde moi, dis-je.
-Je n'en ai pas envie, dit-il.
Je pris son visage dans mes deux mains, geste que je ne m'aurai jamais cru capable de faire. Ses yeux vinrent se plonger dans les miens, et j'y perçu une puissante amertume.
-Écoute moi Tyler, dis-je. Je ne t'abandonnerai jamais. Je te le promets. Enfin si tu veux bien de ma présence. On est pareils tous les deux, et je comprend ce que tu traverses.
Il avait écarquillé les yeux, comme s'il ne comprenait pas ce que je venais de dire.
-Tu veux dire que toi aussi.. ? Prit-il enfin la parole.
-Oui. Était ma seule réponse.
Je lachais son visage si parfait pour baisser mes yeux. Et si je ne lui plaisais pas. Et s'il me repoussait comme tous les autres. Toutes ces douleurs firent de nouveau face, et je commençai à trembler, sentant une nouvelle déception venir.
-C'est la deuxième fois que tu sursaute en réfléchissant cette soirée. Peux-tu me confier ce qui te fait si mal?
-Comme je te l'ai déjà dit, ma vie était pleine de déceptions. Je n'ai jamais eu ce que je désirais. J'ai perdu beaucoup de gens et.. je tremble à l'idée de perdre quelqu'un de nouveau.
-Tu ne vas pas me perdre, dit-il. Pas maintenant que nous sommes en si bon chemin. Ajouta-t'il en souriant, un sourire qui manqua de me provoquer un arrêt cardiaque.
Je rougis en comprenant ce qu'il venait de dire. Il voulait aussi qu'on reste ensemble. Peu importe s'il voulait qu'on soit juste amis ou je ne sais quoi, je voulais juste sa présence. Je n'avais jamais eu d'ami à part.. Non, il ne fallait pas que je pense à lui.  Autant commencer doucement avec Tyler non?
-Je veux te connaître un peu mieux. Me demanda-t'il.
-Je le veux vraiment aussi mais, il se fait tard. Et je ne veux pas m'attirer d'ennuis avec mes parents inutilement.
-Seras-tu libre demain? S'enquit-il, plein d'espoir dans les yeux.
-Peut-être.. je ne sais pas. Répondis-je ridiculement.
-Essaie, je t'en prie. Je t'enmènerai dîner quelque part. On apprendra à se connaître un peu mieux.
-D'accord. Ajoute ton numéro à ma liste de contacts s'il te plaît.
Je lui tendis mon téléphone sur lequel il tapa habilement quelques numéros. Je fis de même sur le sien.
-Dis moi où tu habites, que je te ramène.
Je lui donnai l'adresse, et nous nous mimes en route. Sur notre chemin, je constatai que je m'étais éloigné sans m'en rendre compte. Comptais-je m'arrêter? Quand ça? Que de questions sans réponse. En tout cas, Tyler m'avait sauvé. Pas seulement dans la ruelle vide, mais dans mon désespoir aussi. Il avait su me donner quelque chose pour laquelle lutter, lui.
-C'est ici, dis-je en montrant une maison peinte en blanc.
Il s'arrêta juste devant elle, puis il me contempla quelques instants.
-Tu es vraiment très beau, me confia-t'il avec une voix si.. chaude.
Je rougis de nouveau, ce qui déclencha son hilarité.
-Tu ne sais pas à quel point tu l'es aussi. Dis-je à mon tour.
-Alors comme ça, je te plais? Demanda-t'il en souriant.
-Pas qu'un peu, répliquai-je tout aussi rouge et embarassé.
Je n'aurai jamais cru avoir le cran de dire tout ça, mais je me sentais capable de tout dire en sa compagnie. Pour la première fois dans ma vie, j'avais plus peur; je me sentais protégé.
-C'est un très bon début. Si je l'avais su plutôt, j'aurai attendu toutes les nuits dans cette rue. Plaisanta-t'il.
-Et moi, j'aurais toujours erré désespérément en attendant ta venue. Tu m'as sauvé. Dis-je sur le même ton.
-Tu me raconteras ça demain, maintenant rentre avant que tes parents ne se fassent vraiment du soucis pour toi.
-C'est ça. Merci pour cette soirée. C'était la meilleure depuis si longtemps. Merci encore.
Il me prit dans ses bras soudainement, et je blotissai mon visage contre son cou, sentant sa parfaite odeur et sa chaleur. Nos coeurs battaient à l'unisson, j'avais envie d'être toujours avec lui. Puis vint le moment où je dus le lâcher, le même moment où il me déposa un leger baiser sur le bas de ma joue. Je sentis aussitôt le sang couler avec vitesse dans mon organisme, et une chaleur vint remplir mon corps. Mes joues s'enflammèrent, et je ne sus que faire dans mon embarras.
Il se mit à rire si doucement, si joyeusement. Mes rires se joignirent aux siens. J'allais bien. Vraiment bien.
-À demain, dit-il. Je t'appellerai.
-Je t'attendrai répondis-je en souriant.
Sitôt que je fermai la porte derrière moi que je me laissai glisser mollement vers le plancher.
Désormais, je ne serai plus seul.

Destin (boyxboy)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant