Mes larmes coulaient à flot, et je tremblais de tous mes membres. Pas de peur cette fois, mais de rage. Comment avaient-ils osé? De quel droit s'était-ils permis d'infliger ça à un être humain? Pour quelle cause? L'argent.. Je ne savais que dire, j'étais figé. Je devais parler, sinon Tyler allait prendre mon silence et mes pleurs pour de l'horreur. Il me regardait, attendant une réponse, une lueur de désespoir dans les yeux. Je sentais qu'il essayait de stopper ses larmes, de cacher ses faiblesses pour ne pas me pétrifier davantage. Puis je me décidai, essayant de rassembler le clair de mes idées dans une seule phrase, avec le plus de conviction possible.
-Je t'aime, murmurai-je faiblement.
Il me prit soudainement dans ses bras, pleurant si fort, essayant d'extérioriser tous ses mauvais souvenirs, tous ses cauchemars traumatisants. Ce fut la première fois où je le vis dans un état de faiblesse, et je fus intérieurement ravi par cette confiance.
-On surmontera ça Tyler, tant qu'on sera ensemble, dis-je en pleurant silencieusement.
-Tu mérites mieux que ça, tu mérites d'être heureux. Tu le seras pas avec moi, pas comme ça, me répondit-elle avec une voix emprunte d'amertume.
-Je suis heureux avec toi, plus que je ne l'ai jamais été, plus que je ne le serais jamais avec quelqu'un. Tyler.. tu dois me raconter la suite.
Il recula en arrière, voulant s'essuyer rapidement les yeux. J'arrêtai ses mains d'un geste des miennes, et je lui caressai la joue, le regardant droit dans les yeux.
-Fais-le pour moi..
Après un bref silence, il commença.
-Je me souviens m'être réveillé dans un hôpital. Un homme vêtu en tablier blanc se tenait près de moi. Au début, je ne pouvais pas ouvrir les yeux, j'étais sous sédatifs. La morphine coulait dans mes veines, je ne pouvais qu'écouter les conversations autour de moi, qui s'enchaînaient à une vitesse vertigineuse.
Flash-back
-Docteur, je vous en conjure, dites-moi tout, ça fait 24 heures qu'il est inconscient, vous nous cachez quelque chose, dit un homme, paniqué.
-Rassurez-vous Mr Jones, votre fils va bien. Son corps a besoin de récupérer, il a perdu tant de sang, et d'après les analyses, on n'a diagnostiqué aucun traumatisme crânien ni aucune hémorragie interne. Physiquement parlant, Tyler va bien. Mais je ne peux vous cacher que nous ignorons totalement son état d'esprit. Nous le saurons quand il se réveillera.
Tyler? Mr Jones? De qui parlent-ils? Où est-ce que je me trouve? Pourquoi je n'arrive pas à faire bouger mes membres, ni à parler?
-Oh seigneur, sanglota une femme.
Je n'arrivais plus à réfléchir d'une manière rationnelle. L'inconscience s'empara de moi. Au bout de quelques heures, la morphine ne coulait plus dans mes veines, son effet s'estompait peu à peu, et je sentis des choses nouvelles; des tubes d'infusion dans mes bras, des bandages sur mon corps et sur ma tête ainsi qu'une douleur vive dans le bas de mon crâne.
-Il vient de bouger ses doigts, dit une voix féminine, plus jeune que la première, mais avec le même ton d'inquiétude.
J'essayais d'ouvrir les yeux. Après un effort surhumain, j'y parvenu. Les lumières blanches me frappèrent de plein fouet, le tout baignait dans le flou total.
-Tyler!, dit la première voix féminine en pleurant.
Peu à peu, les silhouettes prirent forme. Je perçus deux hommes, le premier, jugeant son apparence, était médecin. Le deuxième était vêtu normalement, un air de terreur sur le visage. À ma droite se tenaient une femme et une jeune fille, ayant seize ans plus ou moins. La femme, vêtue luxueusement, me fixait, outre tous les autres, en pleurant.
-Tyler chéri, tout va bien, dit-elle en essayant de me rassurer.
Donc Tyler s'agissait de moi.
-Où suis-je? Disais-je avec une voix tremblante.
-En sécurité, dit le médecin. Vous avez subi un choc, mais maintenant, vous ne craignez plus rien.
-Quel choc? Dis-je, la panique remontant en moi.
Les trois personnes regardèrent en même temps le docteur, qui me fixa avec inquiétude.
-Tyler, de quoi vous rappelez-vous? Dit-il sur un ton voulu rassurant.
-Je.. je ne sais pas. Je ne sais même pas qui je suis..
Les sanglots de la femme augmentèrent de plus belle, et la jeune fille blonde mit sa main autour de sa taille et l'entraîna vers la sortie.
-Tyler, regarde-moi, je t'en prie mon grand, essaie de te rappeler. Je suis ton père, Alaric.
-Je suis désolé.. mais je ne me souviens pas de vous. Ni de rien d'autre.
Quand j'essayais de me relever, une douleur atroce me déchira le dos, et je poussai un cris de douleur.
-Doucement, dit le docteur en m'allongeant sur le lit d'hôpital. Vous êtes blessé..
Fin du flash-back
-Il m'a fallu des mois pour m'adapter à l'idée que cette famille fut la mienne. Dès que je fus sorti de l'hôpital, de nombreuses séances chez le psy m'attendaient. Il voulait me faire une kinésithérapie, pour essayer de faire raviver mes souvenirs, mais c'était risqué, et mon père ne s'y résigna pas, craignant le pire. Drake ne parlait plus, ils nous évitaient. J'appris que ce fut lui qui m'avait retrouvé la soirée de mon kidnapping. Mon père avait engagé deux agents de traçage de l'F.B.I. qui avaient localisé le bâtiment dans lequel je me trouvais suite à un deuxième appel des ravisseurs; une usine abandonnée. Dès que l'endroit fut localisé, plusieurs voitures de patrouille ont foncé vers l'usine, y compris celle de Drake qui les avaient devancé. Comme me l'as dit mon père, c'est lui qui m'a retrouvé dans cette salle obscur, gisant dans un bain de sang. Il avait paniqué, et il avait crié en pleurant "il est mort!". Qui aurait cru que j'étais en vie, avec mon corps immobile avec tout ce sang perdu autour? Mes ravisseurs s'étaient échappés, ne laissant aucune trace derrière eux. Drake avait voulu mener sa propre enquête, mais mon père le ravisa. Anna m'avait raconté qu'on était très proches avant, lui et moi. Après l'incident, personne de nous deux n'en est sorti indemne. Il était aussi choqué que moi, et au fil du temps, la froideur avait pris le dessus de sa personnalité. Je regrette tant tout ça.. Ethan, je me dis toujours que si je n'avais pas existé, personne n'aurait souffert.
Je gobai la bile qui était remontée à ma gorge, et j'avalai ma salive.
-Tyler, tu n'as aucune raison d'avoir honte, ni de t'en vouloir. Et si tu n'avais jamais existé, je serai toujours comme ceci..
C'était décidé, j'allais lui montrer comment le passé m'avait amoché, comment j'avais souffert avant. Je baissai mon pantalon, et je lui montrai ma plus grande honte. Ses mâchoires se crispèrent, et un hoquet d'horreur se fit entendre de sa bouche. Sur mes deux cuisses, de longues, nombreuses et profondes entailles étaient marquées.
-Regarde le bon côté des choses, on a tous les deux des cicatrices, dis-je en tentant d'adoucir l'air.
-Qu'est ce que..
Il caressa de sa main ma cuisse, et ses yeux se remplirent de larmes de nouveau.
-Tyler, regarde-moi. Je me suis fait ces cicatrices quand.. j'étais avec Warren. Il avait un sale caractère, un vrai connard. Et je me détestais de la même manière que je l'aimais. Son amour ne me faisait que du mal, et il en abusait, me tuant coûte que coûte. Je ne pouvais rien dire puisque je l'aimais au fond, je me taisais donc et faisais tout ressortir en.. me mutilant. On a tous les deux un passé cauchemardesque, des souvenirs qui nous hantent, mais ne va jamais croire que je te laisserai un jour seul. Ensemble, on affrontera tout ça et on le surmontera. Le plus important, c'est qu'on s'aime. Ce sont là tes paroles, pas les miennes.
-Ethan.. merci. Les mots me manquent, j'ai envie de tout faire sortir, mais je ne sais que dire.. Je t'aime plus que tout..
Il me prit de nouveau contre lui, et je vins me blottir dans son étreinte chaude. Je n'étais plus qu'en boxer, mais je n'avais plus honte. Pas avec lui. Il s'endormit, me serrant toujours contre son torse. Je lui donnerai autant d'amour qu'il avait besoin. Je ferai tout pour l'aider. Tout pour le faire rappeler, ou du moins, le faire oublier.

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Destin (boyxboy)
RomanceUn roman d'amour boyxboy. Faites partager je ne vous décevrai pas. Merci et bonne lecture.