Destin (boyxboy)

Chapitre 10

Le lendemain matin, je me réveillai en sursauts. J'avais fait plusieurs cauchemars, perdu entre deux mondes. J'avais rêvé d'un garçon enchaîné, lorsque je m'étais approché de lui, sa chaîne devint plus grande. Quand je le touchai, sa pureté disparut et son visage devint sombre, puis il me dit.
  Tout est de ta faute.
Cette phrase, aussi douloureuse qu'une claque de plein fouet, m'avait tiré de mes rêves destructeurs. Je regardai Tyler près de moi, avec sa moue de bébé à croquer. Je l'aimais à un point inimaginable, et il était si parfait à regarder, surtout lorsqu'il arborait cet air innocent. Il était innocent, je ne l'étais pas. Une partie de mon passé me hantait toujours, les ténèbres me voulaient de nouveau. J'avais vécu une période sombre dans ma vie, je ne m'en rappelais pas trop, les seuls souvenirs amers furent les séances chez le "spécialiste" et les... Non, je ne voulais pas m'en rappeler. Mon ventre me faisait toujours mal quand j'essayais de me souvenir de telles choses, comme si on cresait un vide en moi. Je m'approchais de Tyler, et je le serrai dans mes bras, essayant d'estomper la douleur. Ça marchait, toute trace de tristesse en moi s'était évaporée. Je voulais sentir sa chaleur en moi, je mis donc mes mains sur son dos, en dessous de son pull.
Soudain, je sentis des traces sur sa peau. Étaient-ce des cicatrices?
Je le poussai de toutes mes forces, de façon à le faire dormir sur son ventre essayant de ne pas le réveiller. Il marmonna quelque chose suivi d'un 'Ethan..'. Je le regardai, ne voulant pas qu'il se réveille. Puis il revint à son sommeil. Je lui hautai tout doucement son pull, et je me mordis la lèvre pour m'empêcher de pousser un cris choqué. Son dos était plein d'éraflures anciennes déjà cicatrisées, mais qui lui laissaient des marques rosâtres sur la peau. Je mis ma main sur ma bouche, tremblant de tous mes membres. Qui lui avait infligé ça? Je lui baissai son pull et le couvris, puis lui déposai un baiser sur le sommet de sa tête. Visiblement, je n'étais pas le seul à fuir mon passé. Il fallait que je découvre ce qui lui était arrivé, parce que derrière ces rires charmeurs et ces regards envoûtants, Tyler me cachait quelque chose.
Je pris mon téléphone et l'alluma, je découvris un message anonyme.
  C'est l'anniversaire de Tyler aujourd'hui, je voulais que tu le saches. Lui ne le voulait pas. Surprends-le.
                               -Drake
Alors c'était son anniversaire? Pourquoi ne voulait-il pas que je le sache? Pour que je ne lui fasse pas de surprise sûrement. C'était vraiment sympa de la part de Drake, ou le faisait-il seulement pour embêter son frère. Et ben mon petit Tyler, tu vas être comblé. C'était mon domaine préféré, les surprises. Je me levais, choisis une nouvelle tenue de sa garde-robe, et me préparait dans la salle de bain. Il avait une boutique rien à lui, autant mettre ce que je voulais non? Je ne pouvais pas mettre mes vêtements d'hier, et puis je regrettai de ne pas lui avoir demandé de me déposer chez moi pour que je prenne quelques fringues. Stupide Ethan.
Je descendis les marches, priant pour que je rencontre Anna. Bingo, elle prenait son petit-déjeuner dans la cuisine.
  -Ethan! Bonjour mon canard, dit-elle en me prenant dans ses bras, la bouche pleine.
  -Bonjour Anna, dis-je, aimable.
Je l'aimais vraiment, elle me rappelait Lydia, peut-être qu'on allait devenir complices elle et moi. Il était temps de le vérifier.
  -Anna je voudrai te demander quelque chose, si tu veux bien sûr.
  -Tout ce que tu veux mon chou, dit-elle en mordant dans sa tartine.
  -C'est bien aujourd'hui l'anniversaire de Tyler n'est-ce pas?
  -Comment le sais-tu?! Il nous avait demandé de ne rien te dire.
  -C'est Drake qui..
  -Oui il est du genre à faire ça. Alors il faut qu'on agisse.
  -J'allais en venir, Tyler est ton frère et tu le connais bien plus que moi. Donc tu vas me dire ce qu'il préfère le plus.
  -Mmm laisse moi réfléchir. Il aime bien les parfums.
  -Non, je veux parler d'idées originales.
  -Ah oui, il adore les choses rapides et extrêmes. L'adrénaline c'est son truc.
  -Ça laisse à désirer. Peux-tu m'accompagner?
  -Bien sûr j'allais te le proposer, je voulais lui acheter quelque chose aussi.
  -Alors on y va, concluai-je.
  -Attends, tu n'as pas pris de p'tit déj'.
  -Ça peut attendre, prépare toi Anna, dis-je, insistant comme un enfant.
  -Que pourrais-je refuser à une telle moue, hein? Dit-elle en me tirant les deux joues.
Puis elle monta vers sa chambre en riant. Je pris mon téléphone, et laissai un message à Tyler.
  Bonjour mon tendre amour. Anna m'a kidnappé, elle veut que je choisisse avec elle une tenue pour une sortie avec son copain. Je ne tarderai pas, je t'aime.
Ça tenait un peu comme mensonge. Il fallait faire vite, j'avais une très bonne idée de ce que je pouvais lui offrir. Et puis j'avais ma carte bancaire, je m'en étais rarement servi puisque je ne faisais jamais de sorties avec des amis.
  -Je suis prête, dit Anna.
  -Tu es ravissante, remarquai-je.
  -Oh merci, t'es trop chou.
Puis elle m'embrassa sur la joue.
On allait être très proches. Elle m'emmena vers le garage et me fit signe d'entrer dans une splendide voiture rouge. Ils aimaient tous les voitures ici.
  -Où veux-tu qu'on aille?
  -Vers le centre de parachutisme Beverly Town.
  -Ethan, t'es un génie. Tu n'aurais pas pu trouver mieux comme idée, dit-elle en tapant dans ses mains, toute excitée.
Une demie heure plus tard, je me tenais dans un petit bureau, face à une secrétaire qui tapait machinalement sur un clavier, ayant l'air d'un automate.
  -Que puis-je pour vous? Demanda-t'elle d'un air morose.
Stupide question. Au fond de moi, je voulais lui répondre "Je cherchais seulement les toilettes du coin..". Arrête Ethan, avec ton sarcasme à la noix.
  -Je voudrai réserver pour deux personnes.
  -Les dates disponibles les plus proches sont le Samedi prochain et le Lundi qui suit.
  -Va pour le Samedi, dis-je.
Tout en concluant les derniers détails, je lui filai ma carte bancaire. J'allai y laisser gros, mais Tyler méritait tout ce qui est meilleur au monde. La secrétaire mis un cachet sur deux billets et me les passa. En la remerciant, nous sortâmes du bureau. Anna passa dans un centre commercial, où elle choisit un parfum hors de prix pour Tyler.
  -Anna, tu pourrais me déposer chez moi? Le temps de quelques minutes.
  -Bien sûr. C'est pour quelle raison?
  -J'ai une autre surprise pour lui.
  -Ethan.. Tyler avait raison, il ne faut pas que tu fasses tout ça.
  -J'avais prévu de lui offir ça, de toute façon.
  -Si tu le dis.
Quand j'ouvris la porte d'entrée, je me souvins que ma mère était dans sa boutique à l'heure qu'il était. Je courus vers ma chambre, cherchant un coffre que j'avais reçu à la mort de mon grand-père. Je le trouvai, il était toujours aussi beau, avec son cadre vitré inscris dessus:
  Suite Bergamasque
Je l'ouvris, le disque y était toujours. C'était un disque original de Debussy, son plus grand succès de l'année 1882. Mon grand-père m'avait dit de le chérir ou de le confier à quelqu'un dont la musique fait partie de l'âme. Tyler correspondait parfaitement à ce genre de personnes.
Je revenais vers la voiture où Anna m'attendait. Elle parlait au téléphone, elle raccrochait quand je bouclais ma ceinture.
  -Je t'aime aussi Warren, avait-elle dit.
Sitôt que j'avais entendu ce prénom que je fus frappé par la foudre. Ça avait été si brusque, je ne m'y attendait pas. Mon ventre me faisait mal de nouveau, tel un trou béant. J'avais besoin de Tyler.
  -Ethan tu vas bien? Tu es tout pâle, me dit-elle vraiment inquiète.
  -Ça va.. mentis-je.
Elle ne paru pas me croire mais ne dit rien tout de même.
  -Il y a un dernier endroit où on doit aller, murmurai-je après quelques secondes durant lesquelles je m'étais ressaisi.
  -Où ça?
  -Ça te dit de rencontrer ma mère? Demandai-je. On va à sa boutique, Tyler aime les fleurs pas vrai?
  -Tu le combles vraiment, dit-elle en jettant un coup d'oeil à la boîte dans mes mains.
  -Je l'aime.
  -Je sais, je suis heureuse que ce soit toi qui est entré dans sa vie. Il n'allait vraiment pas bien avant..
Je me souveins des cicatrices. Mais je ne voulais pas aborder le sujet, c'était un peu trop tôt.