Chapitre 7

351 31 2
                                    

Nous commençames notre randonnée, mains entrelacées. Mon coeur battait toujours aussi fort à son contact, le moindre toucher provoquait en moi une vague de chaleur. Une longue forêt assez fraîche s'offrait à nos yeux. Les rayons de soleil lumineux traversaient leur verdure, reflétant des nuances verdâtres tout au long de notre chemin improvisé.
-Tu sais quoi? Aujourd'hui est mon tour pour les questions. Tu vas répondre aux miennes sans aucune cachotterie, me lança soudainement Tyler.
-Ok, si tu veux, lui répondis-je doucement.
-Commençons par ta couleur préférée.
-Elle varie selon mon humeur chaque jour. Généralement je ne nomme pas les couleurs normalement, je leur attribue des noms selon ce dont elles me font penser. Par exemple aujourd'hui, ma couleur préférée est l'émeraude.
Il m'avait fixé avec intérêt, buvant chacune de mes paroles.
-Intéressant. Question suivante, ton genre de musique?
-Je n'ai pas de genre précis, j'écoute de tout sans me focaliser sur quelque chose. J'aime le classique, le pop, le jazz. Tout.
-Je vois. Si t'étais un animal, lequel serais-tu?
-Un loup je présume. Pas pour sa force ou pour sa vitesse. Mais pour sa solitude. Un loup fait toujours cavalier seul, du genre solitaire. Mais quand il est entouré par sa meute, il devient plus fort, plus redoutable. Seul il est vulnérable. Tout comme moi, avec toi, tu me rend fort. Avec toi, je me sens capable de tout faire, toutes les éventualités deviennent possibles à accomplir.
-Donc ma présence t'est bénéfique?, s'enquit-il.
-Tu ne sais pas à quel point. Et toi?
-T'as une bonne heure devant toi? Je ne m'arrêterai pas d'en parler.
-J'ai tout mon temps.
-Avant que je fasse ta connaissance, j'étais comme.. un homme face à un ciel noir. Toujours cette noirceur ténébreuse, jamais une lumière n'avait traversé mes pupilles. Un jour, un soleil rouge et chaud s'est levé sur l'horizon. Je ne pouvais qu'adorer cette lumière nouvelle à mes yeux. Certes, plusieurs étoiles et comètes étaient passées devant moi, mais elles n'égalaient en rien mon soleil. Tu es mon soleil.
-C'est si.. beau. Je me faisais une image de toi semblable à ta métaphore. Sauf que tu représentais la clarté et la pureté d'un ange pour moi.
-Un ange.. je suis vraiment loin de l'être. J'ai fait des choses dans mon passé dont je ne suis pas très fier.
-On a tous un mauvais passé. On a tous une part de noirceur en nous. La différence entre nous reste dans le choix que nous faisons, la partie que nous choisissons être. Moi je vois devant moi un jeune homme touchant la perfection. Je ne pensais pas qu'une personne de ce genre pouvait exister. Maintenant que je t'ai rencontré, sois sûr que je ne te lâcherai pas.
-Moi de même. Tu le sais parfaitement au fond de toi.
-Des étoiles, des comètes? Me rappelais-je soudain après un bref silence.
-J'ai connu plusieurs personnes durant mon existence, mais je n'ai jamais semblé avoir de préférence pour aucun d'eux. Rien que des gens superficiels, l'argent pour eux est la seule chose qui mérite l'intérêt. Ils n'ont jamais pu voir la personne que j'étais au fond. Mais toi, t'as su me faire confiance. Le premier soir dans la voiture, t'as bien voulu te réchauffer à mes côtés. Personne à ma connaissance n'aurait pu faire ça. Je t'ai aimé pour cette confiance.
Je le regardai parler, il avait l'air de vouloir tout faire sortir de lui. Tout son passé, tout ses secrets. Il voulait me faire voir, me laisser entrer. Or je savais déjà qui il était. Je succombais pour lui. Pour lui plus que pour quiconque. Il m'avait fait oublier, comme si tous mes malheurs et toutes mes craintes n'étaient que purs mensonges. On était connecté, un lien unique s'était formé entre nous. Je sentais sa peine, sa joie, sans pour autant avoir à lui parler. Ça devait être ça l'amour.
On avait traversé un bon kilomètre ou plus, les arbres et les sapins étaient toujours aussi nombreux.
-Plus que quelques mètres, t'es prêt?
-Bien sûr, dis-je, ne pouvant plus attendre d'impatience.
On se rapprochait d'une clairière invisible par la lumière qu'elle émanait. Cette lumière blanche était si douce, si chaude. Lorsqu'on y pénétra, je restais littéralement bouche bée. Un tapis de fleurs s'étendait près de nous. Des nénuphars, des lilas, des tulipes. Une odeur parfaite survolait l'air, un mélange de parfums naturels somptueux. J'entendis le son de l'eau couler. Du côté droit de la clairière, une cascade reflétait des lueurs en notre direction, formant un petit étan juste au dessous de la chute d'eau. Je m'en approchais et touchait l'eau. Elle était si fraîche. C'était un vrai paradis sur terre. Je me retournai vers Tyler et sautai dans ses bras.
-C'est incroyable, c'est vraiment magique. Merci mille fois, merci.
-C'est rien, tu ne sais pas à quel point ça me fait du bien de te voir heureux, répondit-il en souriant honnêtement.
Je le regardai dans les yeux, vibrant de sensations pour lui.
-Tyler je..
-Oui? Dit-il avec un regard interrogateur.
Visiblement il ne s'y attendait pas, autant le surprendre comme il le faisait toujours avec moi.
-Tyler je t'aime.
Un long silence s'installa, lui me scrutait toujours d'un regard indéchiffrable. Je m'inquiètai; il ne m'aimait pas.
Soudain il s'avança vers moi et emprisonna mon visage entre ses deux mains, il me regarda longuement avec ses yeux transpercents. Un vrai regard de braise. Et il fit ce dont je ne m'attendais pas. Il se rapprocha lentement de moi, hésitant. Puis ses lèvres entrèrent en contact avec les miennes.
Mon corps s'enflamma, je me sentais voler. Je n'avais plus se corps, lui non plus. On était tous les deux infinis. On communiquait sans paroles. Je sentais ses douces lèvres appuyer légèrement sur les miennes. Elles formaient une seule paire, parfaitement accordées. Je ne bougeai pas, puis au bout de quelques secondes, je fis ce qui nous surpris tous les deux. Je m'agrippai à lui, enlançant son crâne et fourrant mes doigts dans ses cheveux, de façon à plaquer sa tête plus férocement contre la mienne. Je voulais vivre en lui, je sentais des sensations nouvelles, l'adrénaline courait dans mes veines. Mes bras descendirent vers sa taille, le serrant de plus en plus fort.
Puis il interrompit notre baiser, voyant l'effet qu'il me faisait. J'avais le vertige, j'avais oublié de respirer, comme toujours. Nos respirations étaient toutes les deux saccadées. Je tombai dans ses bras, humant de nouveau son odeur. Il me prit en son étreinte, protecteur.
-Alors c'est à ça que ressemble un baiser, dit-il. T'as encore oublié de respirer pas vrai?
-Ce fut mon premier baiser aussi. C'était vraiment.. il n'y a pas de mot qui puisse décrire ce que j'ai ressenti.
-Pour moi aussi. C'était la meilleure expérience de toute ma vie. Et pour te répondre, je t'aime aussi.
Il m'aimait, je l'aimais. Notre amour était réel, puissant. Je me sentais imbattable.

Destin (boyxboy)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant