Âmes Étoilées Tome II

8-Arénye un jour, Arénye pour toujours

Playlist :

Skin and Bones - David Kushner

Sélina

La course poursuite débuta dans la foule, qui acclamait toujours à l'extérieur du temple les héritiers. Sélina paniquée bousculait les gens sur son passage et tentait d'échapper à ses poursuivantes, qui furent bientôt remplacées par des hommes, certainement des guerriers envoyés par Monala.

La jeune femme détalait dans le dédale des rues et, à plusieurs reprises, elle faillit trébucher sur les grosses racines qui envahissaient les rues et les toits de la cité en pierre. Sélina faillit glisser à cause de la boue, quand elle prit un virage plus serré que le précédent.

– Si j'avais mon vent, on l'aurait déjà eu depuis un moment, grogna une voix qui se rapprochait dangereusement d'elle. Sélina ne savait pas d'où lui venait autant d'endurance, mais malgré ses os fragiles et ses muscles détruits, la peur tenaillait son ventre et l'obligeait à avancer plus rapidement. Les rues et les maisons disparaissaient rapidement sous son regard, elle ne pensait plus : son seul objectif était de trouver une cachette avant qu'elle puisse retrouver le château du prince.

Alors qu'une main se tendit et lui arracha sa cape de lin rouge, Sélina se sentit basculer en arrière avant qu'elle ne puisse défaire le nœud de la cape, qui l'étrangla. La jeune femme se traîna dans la boue avant que son premier assaillant ne se jette sur elle, un poignard en main. Elle aurait bien voulu hurler de frayeur, mais en fait, elle n'avait aucune peur. Un feu de noirceur s'alluma dans la poitrine de Sélina, elle avait la rage. La rage d'être une cible, la colère que des femmes se fassent abuser et l'injustice terrible que vivait le prince Orion, s'en était trop, elle en avait marre.

Alors, au lieu de hurler, Sélina attrapa à pleines dents la main qui se posa sur son visage pour le maintenir contre le sol et plus facilement planter l'arme entre ses yeux. Le guerrier qui était à califourchon sur elle grogna, avant d'abaisser son couteau dans sa direction, mais quelque chose dévia le coup.

Sélina ne comprit pas immédiatement avant que l'homme ne se mette à hurler une flèche plantée dans l'avant-bras. Quelque chose tomba du toit de la maison contre laquelle Sélina s'était fait attraper, la jeune femme ne perdit pas un seul instant : elle arracha sa cape tâchée de boue et se releva sur des jambes incertaines.

Dans la rue seulement éclairée par quelques chandelles se consumant dans des lampadaires, une forme bougea devant elle, et la chose qu'elle avait vu tomber du toit n'était d'autre qu'une magnifique jeune femme au regard azuréen. Maintenant Sélina avait peur, elle était même, à vrai dire, totalement terrorisée de la manière dont Gloria la toisa :

– Nous en reparlerons tout à l'heure, murmura-t-elle ne montrant pas les dents, tandis que son premier poursuivant se traînait sur le sol pour s'échapper. D'abord, nous allons nous occuper d'eux. Gloria dégagea sa cape d'un coup de bras qu'elle jeta sur le sol et elle encocha deux flèches dans son arc, qu'elle tira immédiatement dans deux lampadaires distincts.

La rue fut bientôt totalement privée de lumière, mais Sélina avait l'impression d'y voir comme en plein jour.

– Ils sont deux à arriver par la gauche, chuchota Sélina en s'approchant de Gloria.

– Alors comme ça, on a des secrets. Sélina, murmura la jeune femme qui quelques heures plus tôt était en larme dans sa chambre.

– De quoi tu parles ? Demanda la jeune femme à la chevelure polaire.

Son interlocutrice leva les yeux au ciel :

– Guide mon bras et dis-moi quand je tire, dit Gloria en positionnant une troisième flèche dans son arc. La fausse servante attrapa le bras de sa gardienne et elle le positionna dans la direction d'un des deux nouveaux invités. Sélina observa longuement le visage de l'homme perdu dans l'obscurité et ses mains tâtonnantes dans le noir avant de dire :