Âmes Étoilées Tome II

10-Le Pleureur Rouge

Playlist :

All the Stars - Kendrick Lamar et SZA

Die first - Nessa Barrett :

Constellations (Piano Version) - Jade LeMac

Tough - Quavo et Lana Del Rey

Sélina

Une main brûlante se posa sur le foulard qu'elle portait autour du visage, le murmure d'un prénom et une question laissée sans réponse restèrent en suspend dans l'univers. Je peux ? Demanda la voix aux chaudes intonations. Sélina a envie de pleurer et quand quelque chose ou quelqu'un essaie de l'arracher à son rêve, elle se débâtit, elle hurla, se roula en boule dans le sable. Elle ne veut pas, elle ne veut pas partir pas maintenant alors qu'un prénom bruisse dans le vent.

Et tandis qu'une présence inconnue la traînait dans le sable, l'éloignant de l'inconnu, la scène changea : elle se retrouva dans la salle où un homme avait scellé son sort par la mort, mais ce souvenir ne datait pas d'il y a quelques mois, c'était plutôt comme si Sélina voyait à travers les yeux de quelqu'un d'autre.

L'homme à la peau cuivrée était toujours enchaîné dans la salle du trône et alors que l'immense pièce était vide, une jeune femme à la chevelure d'ébène apparut par une porte dérobée rapidement suivie d'une femme plus mature, c'était sûrement la plus belle femme que Sélina ait vue de sa vie. Mais le monde de la rêveuse se chamboula, quand la plus jeune des deux se jeta au cou de l'homme aux yeux ambrés et tous les deux éclatèrent en sanglot. Et alors que du sang plus doré que carmin s'échappe de la bouche et des poignets du jeune homme, celui-ci se mit à suffoquer de sanglot :

– Il l'a tué, il l'a tué, répéta-t-il en boucle comme si la folie avait pris son âme, et alors que la seconde femme se laissa tomber au sol pour soigner les blessures du condamné, ses yeux ambrés allèrent dans la direction de Sélina comme s'il pouvait la voir.

– Mère, il a tué mon ingénue, il me l'a prise. Il tira plus fort sur ses chaînes et ses muscles se contractèrent tant que l'amnésique eut l'impression que ses veines allaient éclater.

– Calme-toi, mon trésor, je dois te soigner avant le retour du roi.

– Je vais les brûler vif ! Hurla-t-il alors que la jeune femme aux yeux verts tenta de lui donner à boire. Le cauchemar s'évanouit et alors que Sélina voulait s'obliger à se réveiller pour sortir de la torture mentale que lui provoquait ses rêves chaque nuit, mais quelque chose s'enroula autour de ses doigts : « J'ai besoin de toi, trouve-moi Sélina ».

La femme à la chevelure polaire émergea enfin de sa nuit en se redressant, transpirante et haletante. Elle tente de sortir du lit, mais quelque chose la retient : quand elle baisse ses yeux sur ses bras, elle découvre des branches de lierre qui s'enroulent faiblement autour de ses membres. Avec frénésie, la jeune femme se débarrassa d'elles et sauta au pied du lit pour se diriger droit vers la salle de bain, dans laquelle elle s'enferme.

Sélina, toujours au bord de l'asphyxie, se laissa tomber contre la bordure du bassin duquel s'échappaient en continu des vapeurs florales. La jeune femme tenta de calmer sa respiration et son cœur, qui était sur le point d'exploser dans sa poitrine, elle plongea la tête entre ses genoux en espérant pouvoir chasser ses tremblements.

– Sélina ? Cria la voix de Gloria de l'autre côté de la porte.

– Ça va, ça va, ne t'inquiète pas, s'écria la jeune femme, elle ne voulait pas être vue avec cette faiblesse. Elle avait peur qu'on s'en prenne à elle si on l'a vue dans cet état. Des sanglots déchirants traversèrent la barrière de ses lèvres et elle ne put plus réprimer les tremblements frénétiques de ses membres. Elle tremblait de peur, elle n'avait aucune idée de la cause. Pourtant, quand elle se remémora l'image de l'homme en sanglot, au torse lacéré, l'air lui manqua et elle s'obligea à hurler pour vider ses poumons. Sélina avait l'impression que tout l'air contenu dans ses organes était du poison et que si elle ne hurlait pas pour l'éjecter, elle allait mourir. Quelqu'un tambourina à la porte, mais Sélina était incapable de faire autre chose que de crier ou bien de pleurer alors que l'image de perles salées s'écoulant de ses yeux, similaire à l'or en fusion, la torturait mentalement.