Âmes Étoilées Tome II

13-L'Orangerai

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RUNRUNRUN - Dutch Melrose

Eugénie quatre mois auparavant

Le silence s'abattit dans la pièce, dense et palpable. Eugénie se tenait devant eux, encore secouée par le poids de ses propres paroles. « Je suis une amie de Lorelye. J'ai eu des visions. Je sais où elle est, et je veux la sauver. » Ses mots semblaient flotter, suspendus, dans l'air lourd et immobile. Les regards de Kaspiel, Rills et Zorcha étaient rivés sur elle, tous frappés d'incrédulité.

Kaspiel, habituellement impassible, sentait son cœur s'emballer dans sa poitrine. Les souvenirs de Lorelye surgissaient brusquement, éveillant une douleur vive qu'il s'efforçait de contenir. Il posa son regard sombre sur Eugénie, essayant de mesurer la véracité de ses intentions. Avait-elle vraiment vu Lorelye ? Et si c'était vrai... Y avait-il encore un espoir ?

À côté de lui, Rills oscillait entre la surprise et la méfiance. Il fixa Eugénie d'un air scrutateur, comme s'il cherchait à percer ses pensées. Les mots « retrouver » et « sauver » résonnaient en lui, éveillant un mélange de ressentiments et d'espoirs inavoués. L'ironie de cette situation le frappa : lui, qui avait tant de fois tenté d'oublier cette douleur, était soudain confronté à la possibilité d'un dénouement inattendu.

Mais c'est Zorcha qui, malgré ses efforts pour rester de marbre, ne parvenait plus à contenir l'émotion qui l'étreignait. Son visage pâlit, ses lèvres tremblèrent un instant avant qu'elle ne détourne le regard. Elle sentait son cœur s'emballer, chaque battement semblant une explosion silencieuse. La simple idée que Lorelye puisse être encore en vie allumait en elle une flamme qu'elle avait crue éteinte depuis longtemps. Incapable de rester là sous le regard des autres, elle baissa les yeux et quitta la pièce sans un mot, fuyant vers une petite chambre au bout du couloir.

Zorcha referma la porte derrière elle, appuyant son dos contre le bois froid pour se laisser glisser au sol. Enfin seule, elle laissa les larmes couler librement sur ses joues. Ses épaules tremblaient, secouées par des sanglots silencieux. L'espoir et la peur se mêlaient en elle, tourbillonnant comme un orage. Elle étouffa un sanglot, portant une main tremblante à sa bouche pour contenir sa joie, un mélange d'émotions qu'elle ne savait nommer. Les souvenirs de Lorelye dansaient dans sa mémoire, ramenant avec eux des images, des rires, des étreintes. Zorcha resta ainsi, se laissant submerger par cette vague d'émotions, jusqu'à ce que son souffle se calme et que le poids de son secret ne devienne supportable.

La mercenaire se rappelait encore du matin où Rills lui avait annoncé la mort de Lorelye. La nouvelle l'avait figée, chaque mot enfonçant en elle une lame glacée. Lorelye était partie avec le prince Naëlion la veille, et désormais elle n'était plus. Zorrcha avait ressenti la perte comme une trahison. Lorelye n'était pas simplement une amie ; elle incarnait la justice, une valeur que Zorcha vénérait. À travers elle, la mercenaire trouvait une lueur dans ce monde sombre, un espoir de justice pour sa famille, pour son peuple. La mort de Lorelye était un coup brutal, une blessure ouverte qui ne pouvait se refermer qu'avec la vengeance.

Zorcha s'était sentie coupable d'avoir été ailleurs ce jour-là, Lorelye était partie avec Naëlion et la mercenaire l'avait crue en sécurité avec lui. Cette culpabilité, cette colère sourde contre les monarques siriussiens et contre elle-même, se transformèrent en une obsession qui allait la consumer.

Déterminée à venger Lorelye, elle avait mis de côté toutes les émotions et se concentra sur ce qu'elle savait faire de mieux : tuer. Pendant un mois, elle s'était préparée, peaufinant un plan complexe et sans pitié. Elle connaissait chaque recoin du palais siriussien, savait où se trouvaient les gardes, quels étaient les passages les moins fréquentés. Son objectif était clair : elle n'épargnerait personne parmi ceux qu'elle tenait pour responsables, pas même Naëlion, qu'elle avait pourtant appris à apprécier. Le regard de Lorelye la hantait chaque nuit, et l'idée de ne pas avoir été là pour elle ne lui laissait aucun repos.