Âmes Étoilées Tome II

7-Le Goût de l'Amour ?

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Where's My Love - SYML

Ce matin, le plus discrètement possible, Eugénie s'était extirpée des bras d'Ambroise, qui l'avait serré toute la nuit contre lui. C'était à son plus grand regret, mais elle n'était pas folle. Le roi Évariste ne mettrait pas longtemps à savoir qui était les proches du chevalier Lou, et même s'il aimait plutôt bien le duc Winter, Eugénie n'était pas sûre qu'il soit en sécurité à ses côtés.

Cela faisait plusieurs heures maintenant qu'elle était partie : elle n'avait rien dit à Willem, quand elle était repassée à la caserne à l'aurore, et elle n'avait presque rien dit à Ambroise.

En fait, si elle lui avait dit beaucoup de choses dans une lettre, des mots qu'elle n'aurait jamais pu lui dire dans la réalité, des mots qui l'auraient soit poussé à se faire rejeter par le garçon ou soit il serait parti avec elle, ce qui était inenvisageable maintenant qu'elle avait aperçu sa mort.

Néanmoins, quelque chose la poussait à faire avancer Brior plus vite : le rire de Lorelye. Eugénie n'était pas folle, dans la mesure du possible où elle avait des prémonitions, elle l'avait entendu rire comme elle ne l'avait jamais fait avec elle ou un des chevaliers. Son ami était quelque part vivant, il y avait encore une chance pour qu'ils puissent arrêter le Roi Obscur.

La chevalière de Clarifey avait beaucoup réfléchi, elle avait réfléchi aux mots que le roi Évariste aurait dû leur dire après leur admission, des mots que seule Lorelye lui avait dits près du lac noir : « Bienvenue Lou à la cour de Clarifey ; tu as fait le serment de protéger les secrets et les habitants de cette ville ; en échange, nous t'accueillons comme un enfant de plus dans notre famille ». Pendant des années, elle n'avait été la fille de plus personne, la famille d'aucun, mais aujourd'hui, elle avait une famille et sa reine l'attendait perdue quelque part.

Eugénie Lou parcourut les monts enneigés seule pendant des jours. Elle n'avait pas peur de la solitude, en revanche, ce qu'elle craignait, c'était de ne trouver aucun des alliés de Lorelye ou ceux du prince Naëlion. Brior continuait à parcourir à bride abattue les campagnes et les champs en allant toujours le plus au sud. Elle devait d'abord se rendre à Corintha avant de passer la frontière du Sud.

Eugénie avait une mission et si Lorelye était vivante, alors le plan n'avait pas changé : elle devait trouver ses pairs et en faire des alliés ou au moins les prévenir de ce qu'il allait se passer.

Eugénie ne tarda pas à arriver dans la forêt qu'elle connaissait si bien : elle avait vécu là pendant onze ans avec ses parents avant que des Siriussiens ne viennent troubler leur paix. La chevalière caressait les arbres des yeux, elle se souvenait encore de l'odeur spéciale de cet endroit : celle de la magie et celle du sang.

Sa mère lui avait toujours dit qu'elle était un bébé spécial, elle et son frère avaient été les seuls enfants faits à naître dans leur cité de lumière : Séléné. Ils se cachaient, ont caché encore à cette époque-là le sang si spécial des faes. Eugénie savait que ses ancêtres étaient morts en se faisant mutiler et torturer, mais leur lignée avait survécu.

Malgré la peur de la magie, le roi de Naos avait récupéré les terres de Corintha il y a un siècle, après en avoir fait son champ de bataille contre l'ancien roi Sirius, car il savait que les faes n'étaient pas magiques : la magie vivait autour d'eux, mais pas en eux. Ils étaient simplement puissants, beaux et rares. Normalement, son jumeau et ses parents n'auraient jamais dû mourir, parce que la paix avait été ramenée, que les Naoniens aimaient les faes : ils les adoraient comme des divinités.

Cependant, les hommes du Sud avaient peur des faes, terriblement peur de leur beauté et de leur immortalité. Alors, un jour d'été, quand Eugénie avait eu sa première vision lors de la fête en l'honneur de riches invités sudiens, des flammes avaient jailli de son corps, quelque chose avait poussé dans son dos et elle avait hurlé de terreur et de douleur.