Âmes Étoilées Tome II

9-Démon Dans le Cagibi

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Tomboy - Destiny Rogers

Eugénie quatre mois auparavant 

Eugénie arrivait enfin à Yurbat après un mois de voyage. La graine de peur qu'elle avait plantée à Séléné s'était répandue dans tout Corintha : elle avait donné une raison aux faes de sortir de leur cachette et du silence : la vengeance et l'espoir. Une fois de plus, la vie avait voulu abuser d'eux et de leur puissance en tuant la future reine du Nord. Aujourd'hui, ils prendraient la décision de se rallier aux côtés des vengeurs de la reine, Eugénie le savait parce qu'elle aurait fait de même si elle était restée à Corintha. Sauf que ce n'était pas le cas, on l'avait arraché à ses racines natales et on l'avait élevé comme un porc destiné à l'abattoir pendant des années.

La jeune femme observait les rues pratiquement désertes de Yurbat. Elle n'avait jamais entendu parler de cette cité inanimée, tout ce qu'elle savait sur Yurbat était écrit dans les livres : une cité de merveilles, de parfums, à la nourriture exotique et au peuple chaleureux. Jamais elle n'avait entendu que la ville était déserte avec des gardes en faction un peu partout. Une vieille femme ferma ses volets en claquant au passage de Lou en lui disant :

– Tu ferais mieux de passer par le désert si tu veux entrer au palais, ici on se sait plus vraiment qui est qui.

Eugénie hocha la tête sans trop comprendre, mais quand plusieurs gardes se tournèrent dans sa direction dans un même mouvement, Eugénie tapota les flancs de Brior pour que celui-ci fasse demi-tour et fissa. La vieille dame avait raison : elle passerait par le désert et elle n'était pas sûre que sa chevelure, à présent dénuée de toute coloration, passe inaperçue dans ce pays où les habitants n'étaient très certainement que très rarement roux.

La chevalière sortit du canyon de Yurbat et ce n'est que dans l'après-midi assoiffée qu'elle parvint au-dessus du château de Sirius. Elle ne savait pas où Zorcha pouvait bien se trouver, en revanche, si elle arrivait à s'infiltrer dans le palais, elle pourrait trouver Naëlion Sirius. Elle savait qu'elle pouvait se fier à lui : elle l'avait vu, c'était difficile à croire, mais elle voulait lui accorder sa confiance.

Elle traversa deux dunes avant de se retrouver au bord de la falaise, qui bordait le lac sur lequel reposait la forteresse du conquérant. Eugénie allait descendre par des escaliers escarpés, quand, dans une sorte de maison abandonnée, elle entendit le bruit d'une lame qui sortait de son fourreau.

La chevalière sauta à terre de sa monture et se précipita discrètement vers la petite maison, qui ressemblait plus à un poste de surveillance. Elle se colla dos au mur juste à côté de la porte et à son tour elle dégaina, quand quelqu'un gémit à l'intérieur. La rousse se pencha et, du coin de l'œil, elle put observer la scène. Trois Kafirs étaient morts sur le sol alors qu'un quatrième baignait dans son sang et allait se faire achever par un autre homme en tenue de garde plus luxueuse.

– Je n'ai pas toute la journée devant moi, je dois rattraper les autres, je suis désolé pour toi Falyr, amis, ce sont les ordres du roi et vous autres kafirs ne lui obéissez plus, dit-il comme s'il pensait vraiment ses mots.

– Mes fils me vengeront.

– Tu penses ça même si je tiens Nadia avec moi ? Je compte lui rendre une visite, alors que ton sang chaud coulera encore de ma lame.

– Je t'interdis de poser tes mains de traître sur ma femme, dit le kafir à la peau d'ébène.

– Que feras-tu pour m'en empêcher une fois dans ta tombe ?

Et une fois qu'Eugénie n'eut plus aucun doute et que le pauvre Falyr allait se faire achever, elle appela celui qui lui tournait le dos. Elle était chevalière et jamais elle ne tuerait quelqu'un en lui plantant son épée dans le dos.